Le premier café du maire de 2024 s’est concentré sur des discussions difficiles concernant les défis auxquels les nouveaux arrivants sont confrontés lorsqu’ils cherchent à s’établir dans la région. De plus, l’évènement a mis en lumière avenir préoccupant pour la population francophone à l’extérieur du Québec.
Une vingtaine de personnes de la communauté franco-ontarienne, dont plusieurs étaient de nouveaux arrivants, sont venues écouter le président de la Clinique juridique populaire Prescott-Russell, Pierre-Étienne Daignault, discuter de certains des besoins les plus pressants des communautés françaises de l’Ontario.
« Le Canada français est en déclin depuis 25 ans, a dit M. Daignault, évoquant un avenir sombre pour les Français hors Québec. En Ontario, nous n’avons plus que trois pour cent de Franco-Ontariens. Nous nous dirigeons vers deux et bientôt un pour cent. »
M. Daignault estime également que le français est menacé dans la région. En 2001, 66,8 % des gens de la région de Prescott-Russell avaient le français comme langue maternelle. Ce chiffre a chuté à 63,8 % en 2016 et à 59,2 % en 2021. « En tant que communauté, nous devons nous réveiller, a-t-il déclaré. Si on ne fait pas quelque chose, si on n’invite pas les nouveaux arrivants à venir ici, à vivre en français, les chiffres vont continuer à baisser. »
Pour lui, le français est particulièrement menacé dans la municipalité la plus proche d’Ottawa pour le moment, puisque beaucoup de gens qui travaillent à Ottawa vont s’y installer. « Hawkesbury est devenu un village de Gaulois, comme dans Astérix et Obélix, avec Hearst à l’extrême nord », a-t-il ajouté.
Pourtant, M. Daignault voit une solution au déclin démographique de l’Ontario français : L’immigration francophone. « Le projet d’accueil de la communauté francophone fonctionne, a-t-il affirmé. De plus en plus, nous nous sommes réveillés en tant que communauté et nous avons accueilli tous ces gens. »
Néanmoins, cette solution a ses limites, souvent imposées par le gouvernement de l’Ontario. M. Daignault a souligné que les taux d’immigration francophone des gouvernements provincial et fédéral sont des indicateurs du seuil de tolérance de ces deux niveaux de gouvernement à l’égard des francophones. Les objectifs d’immigration francophone visent à stopper ou du moins à ralentir le déclin de la population francophone hors Québec, mais jamais à l’augmenter, selon M. Daignault. « En Ontario français, nous avons besoin de beaucoup plus de francophones, a-t-il spécifié. Les nouveaux arrivants, c’est vous la solution. »
L’immigration n’est pas la poule aux œufs d’or
Mais résoudre le déclin démographique de la communauté franco-ontarienne par l’immigration comporte ses propres difficultés. Le logement, l’emploi et l’accès aux grandes villes les plus proches, Ottawa et Montréal, font de Hawkesbury une destination difficile pour les immigrants.
Comme beaucoup d’autres villes du pays, la ville est confrontée à une pénurie de logements. Avec peu de terrain pour s’étendre vers l’extérieur – elle est encerclée par le canton de Champlain sur trois côtés et par la rivière au nord – le maire Lefebvre a déclaré que la seule véritable option était de construire en hauteur, une proposition qui se heurte à une forte opposition de la part des résidents.
Trouver un emploi dans la région peut également s’avérer difficile pour les nouveaux arrivants.
« Les nouveaux arrivants savent qu’à leur arrivée, ils n’auront pas d’emploi directement dans leur domaine, a déclaré Pascal Bahil Rubaghara, responsable de l’établissement au Conseil économique et social d’Ottawa-Carleton, au cours de la discussion. Mais le peu de travail qu’ils peuvent trouver, ils doivent le trouver en attendant. »
Certains immigrants ne peuvent pas du tout trouver un emploi dans leur domaine sans refaire une partie ou la totalité de leur formation pour répondre aux exigences strictes des ordres professionnels.
Les participants au café du maire ont suggéré que la Ville offre des bourses aux nouveaux arrivants à condition que le bénéficiaire s’installe et travaille dans la région de Hawkesbury pendant un nombre d’années prédéterminé, dans le cadre du projet d’accueil de la communauté francophone.
Les nouveaux arrivants au café du maire ont également exprimé leur intérêt pour les transports en commun, citant le coût élevé de l’achat d’un véhicule comme un obstacle à leur arrivée au pays.
Pour Philip Couboura, nouveau résident de Hawkesbury, la Ville doit investir dans une navette qui ferait l’aller-retour entre Hawkesbury et les deux grandes villes qui nous entourent, Montréal et Ottawa, afin que la communauté devienne un dortoir pour ces métropoles, contribuant ainsi à la croissance économique de la région.
M. Lefebvre rappelle que le service de navette P-R Transpo, qui transportait les résidents de la région vers Ottawa, a été supprimé en 2022, car il ne s’est jamais avéré rentable.
Un résident de longue date de Hawkesbury et ancien candidat au conseil municipal a déclaré qu’un tel service n’a pas nécessairement besoin d’être rentable s’il profite à la communauté.
« Les transports en commun sont un service public et sont loin d’être rentables », a-t-il fait remarquer.