En 1998, l’homme d’affaires Scott Pearce cherchait à s’établir à la campagne. Amateur de pêche, il voulait une maison près d’un lac, autant que possible dans une nature intacte sans pour autant vivre en plein bois. La première demeure qu’il visite ne lui convenant pas, son agent d’immeuble lui en propose une autre, à Gore.
La maison a besoin d’un peu d’amour, mais elle convient parfaitement à la famille Pearce. Comme à part contempler la nature, il n’y a pas grand-chose à faire dans cette région et que ses enfants s’ennuient, Scott crée un parc pour les ados ainsi qu’un Centre pour accueillir le plus petits. Ravis de l’énergie déployé par cet homme dynamique, ses concitoyens lui demandent de briguer la mairie. En 2004, il est élu et c’est ainsi que le propriétaire des Entreprises Scott Pearce Inc., transports légers, se lance dans une carrière politique qu’on pourrait, sans froisser sa modestie, qualifier de brillante.
Brillante en effet puisque réélu 5 fois maire du Canton de Gore, il devient préfet de la MRC d’Argenteuil (2014), membre de la Fédération québécoise des municipalités (FQM 2008), président du Conseil des préfets et des élus de la région des Laurentides (2021) et enfin président de Fédération canadienne des municipalités (FCM 2023).
« La politique municipale est la forme de gouvernement la plus proche des citoyens » dit-il. Et comme les municipalités sont des créatures des gouvernements de Québec et, à certains égards, d’Ottawa, il s’en suit que si l’on veut changer les choses, une présence à la FQM et à la FCM s’impose.
Scott Pearce se définit d’entrée de jeu comme conservateur. « Je veux conserver l’environnement, je veux conserver la langue française, je veux conserver une qualité de vie ». Mais lorsque le nom de Pierre Poilièvre est mentionné, il se raidit. Son langage corporel tient un discours éloquent. En revanche, il se détend à l’évocation de Brian Mulroney avec qui il a davantage d’affinités. Il faut dire qu’à l’époque de ce dernier, le parti conservateur se voulait aussi progressiste.
Il reproche au nouveau chef son comportement agressif fondé sur des émotions plutôt que sur des arguments réfléchis. Quant aux partis de gauche, il s’en méfie, en particulier des extrémistes qui prônent une culture de l’annulation (cancel culture).
Au bout du compte, Scott n’apprécie pas une certaine partisannerie qui compromet ses valeurs.
En tête de liste, il y a la solidarité et la collaboration. Il perçoit la politique comme une activité qui doit profiter d’abord aux citoyens. Il veut plus d’autonomie pour les municipalités, surtout les municipalités rurales qui laissées à elles-mêmes n’osent pas aller de l’avant faute de moyens pour risquer l’argent nécessaire à l’élaboration de grands projets. Les grandes villes ont des poches profondes et peuvent supporter qu’un de leurs projets soit refusé par les bailleurs de fonds.
La protection de l’environnement fait également partie des valeurs que défend Scott Pearce. On l’a dit, il est passionné de plein air, de pêche, de forêts. En s’enracinant dans le Canton de Gore, il a très rapidement compris le potentiel écologique de cette petite localité.
C’est ainsi qu’au contraire de certaines autres petites villes qui se lancent à corps perdu dans la course aux taxes foncières, Gore impose un certain nombre de contraintes aux nouveaux résidents. Les nouvelles habitations ne doivent pas être visibles de la route principale; on doit conserver quarante pour cent des arbres entre celle-ci et le seuil de la maison; en outre, les constructions sont tenues de respecter des impératifs de style et de matériaux pour conserver le caractère campagnard de la région. « Nous ne sommes pas contre les méga maisons ou les châteaux, mais on doit les construire sur des terrains qui leur conviennent, c’est-à-dire très grands, à l’abri des regards ». Ce n’est donc pas demain la veille qu’on verra pousser des immeubles en hauteur dans le Canton de Gore. En dépit de ces restrictions qui peuvent sembler contraignantes, la population de la population s’est accrue de 20% depuis la Covid.
Scott Pearce est le conjoint d’Agnès Grondin, député d’Argenteuil dans le gouvernement Legault. Depuis son emploi à la MRC où elle s’occupait des dossiers de l’environnement jusqu’à son travail d’adjointe parlementaire auprès du ministre de l’Environnement, elle a toujours partagé les mêmes valeurs que Scott.
Lorsqu’il parle d’Aggy, comme il l’appelle affectueusement, Scott Pearce s’attendrit, « C’est vraiment mon âme sœur » dit-il en dissimulant mal l’émotion que lui inspire sa compagne. L’homme est visiblement épris d’un amour profond qu’il ne dissimule pas.
Sera-t-il tenté par une carrière politique au fédéral ou au provincial? Il y a déjà songé. Mais pour l’heure, il juge son action importante au municipal. « Trop de politiques, affirme-t-il, ne travaillent que pour être réélus. Il faut avoir le courage de dire les vraies choses et d’être accessible ».
C’est cette allergie à la langue de bois et l’affichage sans complexe de sa sensibilité qui font de Scott Pearce un être attachant, une personne de cœur.