La Buona Stella, c’est le nom du café qui a ouvert ses portes en octobre sur la route 344, juste à l’entrée (ou la sortie, c’est selon) de Grenville. Le café est situé dans un immeuble moderne aux grandes fenêtres panoramiques, un endroit improbable pour un établissement somme toute assez singulier.
Improbable, parce que les commerces ne pleuvent pas sur la 344 qui est d’abord et avant tout une zone résidentielle; singulier, parce qu’il s’agit d’un établissement hors norme qu’on pourrait qualifier de multidisciplinaire ou d’éclectique. En effet, La Buona Stella – la bonne étoile – est à la fois un bar, un restaurant, un café, une boutique de produits de beauté pour l’homme et sa compagne, une galerie d’art et …un salon de barbier qui recherche un ou une figaro.
Son propriétaire, Pascal Desjardins, est tout aussi singulier. Ancien barman pendant ses études en journalisme, puis animateur et producteur à la télévision, il a tourné le dos aux médias pour se livrer à l’importation d’objets aussi divers que savons, articles pour l’entretien des barbes, huiles d’olive, alcools fins et brosses à cheveux. Tous ces produits ont en commun d’avoir été non seulement testés mais adoptés par Pascal Desjardins pour son usage personnel.
La transition entre le monde de la télé et l’univers de l’importation s’est faite aux Iles-de-la-Madeleine où Pascal tournait un film. Devant la frénésie de l’équipe, un Madelinot lui a fait remarquer qu’il ne prenait pas le temps de vivre. Le coup a porté et la même année, Pascale Desjardins rentrait dans ses terres pour réorienter sa vie. Amateur de choses qui font du bien parce que « on mérite bien ça », il se consacrerait désormais à améliorer sa vie et celle de ses contemporains. « Moi, je vends du bonheur…au quotidien. J’essaie de rendre les obligations plus agréables ».
À titre d’exemple, il parle de la barbe qu’on doit raser ou tailler régulièrement, ce qui peut être lassant. Lors d’un voyage en Italie, il s’est fait barbifier par une barbière; il a été tellement impressionné par le résultat, qu’il a voulu rendre accessible les crèmes et autres savons dont il venait de faire l’expérience. « Le plaisir de sentir la douceur de sa peau sous la fraîcheur d’une pommade à l’eucalyptus, c’est WOW! »
L’idée du café, le concept, remonte à 2019. Mais la pandémie a mis le projet sur pause. Ce n’est que récemment que Pascal Desjardins a pu réaliser son ambition d’ouvrir un bar-salon de barbier-boutique où il pourrait non seulement exposer sous un même toit l’ensemble de ses importations, mais aussi créer un lieu de rencontre chaleureux à la mode des vieux pays.
C’est ainsi qu’il a institué le rituel de l’aperitivo, les jeudis de 4h à 7h modelé sur la tradition italienne du petit verre qu’on déguste après le travail et avant le repas du soir.
Pascal Desjardins est un épicurien qui pratique l’art de vivre, mais il n’est pas égoïste pour autant. Son plaisir doit autant au partage des belles et bonnes choses que l’amour qu’il leur porte.
La Buona Stella est meublé d’éléments qui reflète les goûts et la philosophie du propriétaire qui se définit comme issue de la bourgeoisie culturelle. On pourrait s’attendre à du design audacieux comme on en trouve dans les établissements qui suivent servilement la mode du jour. Pas ici. Le mobilier – en majorité du bois – provient du Marché aux puces de Lachute et des brocanteurs locaux. Seul un magnifique comptoir orné de poissons provient de France et que son propriétaire destinait à la poubelle. Le long d’un mur, un piano droit ayant appartenu à Mme Desjardins, mère de Pascal, attend qu’un amateur le fasse revivre. Les œuvres de cette professeure d’art plastique ornent d’ailleurs un des murs de La Buona Stella. L’ensemble est harmonieux et ne fait pas ramassis de fond de garage de certains cafés étudiants.
Mais qui viendra se faire couper les cheveux ou la barbe dans un bar situé sur un chemin de campagne ?
Pascal Desjardins montre justement la route 344 qui passe devant l’établissement. Il constate que les amateurs de moto y sont nombreux quand les beaux jours reviennent. Et comme plusieurs d’entre eux possèdent de longues barbes dont ils prennent grand soin, il fait le pari qu’ils constitueront une bonne partie de sa future clientèle.
De toute façon, il y aura cet été une terrasse et éventuellement peut-être un quai – le terrain derrière l’immeuble descend jusqu’à la rivière des Outaouais – pour accommoder les plaisanciers qui voudront se rafraîchir.
Pour le moment, l’établissement est fermé les week-ends et les heures d’ouverture sont de 12hà 17h sauf le jeudi ou l’aperitivo se prolonge jusqu’à 19h. Éventuellement, ces heures vont peut-être changer, « mais je ne suis pas pressé » ajoute Pascal Desjardins en bon disciple du carpe diem du poète romain Horace. Qui va piano va sano.