Protection d’un boisé exceptionnel: une action concertée

par Mylène Deschamps - EAP
Protection d’un boisé exceptionnel: une action concertée
La députée d’Argenteuil, Agnès Grondin, discute avec Mariette Raina, la directrice générale d’Age of Union Alliance, une organisation de protection de l’environnement à Montréal fondée par Dax Dasilva, qui s’allie à des défenseurs de la nature du monde entier pour protéger les écosystèmes menacés de la planète.

Conservation de la nature Canada (CNC) a fait l’annonce officielle, en compagnie de la députée d’Argenteuil, Agnès Grondin, et de certains bailleurs de fonds, la protection du Boisé Carillon, soit 202 hectares de forêts et de milieux humides dans la municipalité de Saint-André d’Argenteuil depuis juillet 2021.

Le Boisé Carillon, adjacent au Boisé Von Allmen appartenant à la municipalité, compte environ 55 hectares de milieux humides (25% de la superficie du terrain), des écosystèmes qui jouent un rôle important dans le maintien de la qualité de l’eau de la région (purification) et la prévention des inondations de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent. Ce milieu, qui jalonne la Rivière-du-Nord, est qualifié comme exceptionnel et permet d’absorber et stocker le carbone tout en fournissent un habitat aux espèces végétales et animales en péril.

Il abriterait, entre autres, une espèce de papillon en péril à l’échelle mondiale, la piéride de Virginie, ainsi que deux essences d’arbres rares dans la province, l’érable noir (vulnérable) et l’orme liège (menacée). Ces deux essences d’arbres sont d’ailleurs protégées en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec, ce qui a valu la désignation d’écosystème forestier exceptionnel. Dix-sept autres espèces de plantes en situation précaire ont été confirmées sur le terrain, dont la cardamine, ce qui présente un grand potentiel pour la faune. «C’est vraiment un boisé très très intègre», souligne Annie Ferland, chargée de projets à Conservation de la nature Canada, impressionnée par toute cette valeur écologique à quelques kilomètres de Montréal.

Ce terrain qui appartenait à la Famille Potvin, acheté par un promoteur immobilier (Faubourg Argenteuil), exigeait plusieurs restrictions quant à son développement. Avec l’ancienne équipe au conseil municipal dirigée par Marc-Olivier Labelle, une entente aura été réalisée au montant de 1,15 million de dollars avec CNC. Suite à un montage financier impliquant des fondations privées, dont 90 000$ de la Fondation d’Age of Union de Dax Dasilva et 150 000$ de Maple Trust, des subventions du gouvernement du Québec et du Canada, la terre sera protégée et mise en valeur par CNC. «Ce sont les fondations privées qui ont sauvé le projet», mentionne Julien Poisson, directeur de programme de CNC – Québec.

«Parmi les grands objectifs de la Cop 15, il y a un 30% de conservation du territoire québécois dans lequel notre gouvernement s’engage.  Il y a déjà un 17 % qui ont été protégés, beaucoup dans les terres publiques au Nord. Mais il y a tout un travail qui doit se faire dans le sud parmi les terres privées, mentionne Agnès Grondin, députée d’Argenteuil et adjointe parlementaire du ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (volets, protection de l’eau et biodiversité). Je dis souvent aux élus qu’on peut faire autre chose que faire pousser des maisons.» Mme Grondin souligne aussi l’importance des fondations privées qui sont essentielles et, bien que son gouvernement ait investi plus de 680 000$ dans ce projet, elle rappelle que la protection des territoires, surtout ceux près des cours d’eau, est une responsabilité collective, la plupart des terrains appartenant à des propriétaires privés. La richesse d’un territoire ne peut être protégée que par les gens qui y habitent.

Accessibilité

CNC prévoit rendre accessible au grand public ce site exceptionnel d’ici l’été prochain, tout en l’encadrant pour un fin équilibre. Il consolide leur partenariat depuis l’acquisition voilà deux ans. «On aménagera des sentiers à l’extérieur des milieux sensibles. En ce moment, ce n’est pas nécessairement le cas. Les sentiers ont été aménagés de façon anarchique sans tenir compte des fragilités des milieux, nous les relocaliserons aux bons endroits et y faire une expérience plus sécuritaire», ajoute Mme Ferland, qui collabore avec la collectivité locale, notamment la municipalité de Saint-André d’Argenteuil et la MRC d’Argenteuil, afin de planifier l’accès public. Des discussions sont aussi en cours avec le Club de motoneige Les Montagnards du Nord afin de baliser les meilleurs sentiers aux quadistes et protéger les lieux sensibles. «C’est vraiment du bon monde et tout le monde va dans le bon sens!», s’exclame Julien Poisson de CNC, impressionnée par la collaboration de toute la population autour du projet.

L’organisation a aidé lors de corvée de nettoyage qui a permis de retirer pas moins de 4000 kg de déchets domestiques et commerciaux.  On surveillera aussi de près les plantes exotiques envahissantes, telles que le nerprun, qui sont des compétitrices féroces pour les ressources. Mme Ferland mentionne aussi la valeur économique du projet pour une municipalité comme Saint-André d’Argenteuil: «Des terrains adjacents à un parc protégé vont se vendre beaucoup plus cher étant donné que c’est une garantie qu’il n’y aura jamais de voisins. Ce sera toujours une belle forêt, ce qui est bénéfique pour une municipalité ou de tels projets s’implantent.»

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