L’Union des municipalités du Québec (UMQ) réunit près de 400 villes de toutes tailles sur le territoire. Comme l’âge des élus qui en font partie tend à rajeunir, l’UMQ s’est doté d’un volet consacré à la jeunesse. Il s’appelle la Commission des jeunes élus de l’UMQ. Pour en faire partie, il faut être âgé de moins de 35 ans. Marilou Laurin, conseillère municipale de Brownsburg-Chatham, a 21 ans.
Elle est depuis le mois de mai dernier une des 15 personnes qui composent le conseil d’administration de la Commission des jeunes élus. Elle a postulé ce poste parce qu’elle jugeait important que les petites villes comme Brownsburg-Chatham fassent entendre leur voix au même titre que les plus grandes qui ont parfois tendance à prendre toute la place et qui n’ont pas les mêmes préoccupations que les premières. «Il y a beaucoup de disparités entre les petites et les grandes villes. Et puis, il faut tenir compte de l’opinion des jeunes», dit Marilou.
La Commission des jeunes élus a pour fonction d’examiner de leur point de vue les dossiers qu’ils estiment importants et d’émettre par la suite des avis ou des recommandations à l’UMQ.
Marilou Laurin avait dix-neuf ans lorsqu’elle a été élue au Conseil de ville de Brownsburg-Chatham. À cette époque, elle était étudiante en sciences sociales à l’Université d’Ottawa; depuis, elle a obtenu un baccalauréat spécialisé en sciences politiques internationales et langues modernes (elle parle italien). Elle ne ferme pas la porte à retourner aux études, car dit-elle, «j’ai soif de connaissance!». Pour le moment, elle préfère néanmoins se consacrer à son rôle de conseillère.
Marilou a toujours aimé la politique. Née de parents agriculteurs engagés (sa mère a œuvré au sein de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) et est présidente de la Chambre de commerces et d’industrie d’Argenteuil), la présence de son frère Antoine au Conseil de Brownsburg-Chatham pour un mandat n’a pas été étrangère à sa décision de tâter la politique municipale. «Je voulais vérifier si mes cours de science politique correspondaient à la réalité», dit-elle en précisant avec un sourire que la comparaison n’est peut-être pas très pertinente puisque ses études portaient sur la politique internationale.
En revanche, elle affirme que la politique telle qu’elle la conçoit est importante parce qu’elle touche la vie quotidienne des gens. L’exemple de sa sœur Juliette atteinte d’un handicap est éloquent. «Sans un règlement municipal, elle n’aurait pas accès aux édifices publics et aux commerces.» Elle insiste aussi sur l’importance que sa génération accorde à l’environnement et qui se traduit à la table du Conseil par une attention toute particulière à l’aménagement du territoire. Les villes doivent veiller au grain et s’assurer d’imposer des règles justes qui satisfassent à la fois les deux camps antagonistes dans ce domaine: les citoyens qui veulent préserver leur qualité de vie et les développeurs qui pensent plutôt en termes de projets lucratifs. Marilou Laurin essaie de comprendre les besoins de chacun, même s’ils sont souvent en opposition et de satisfaire les uns et les autres. «C’est une question d’équilibre et de justice!» Ce mot revient souvent dans son discours.
Même si elle n’exerce son mandat que depuis deux ans, elle reconnaît avoir appris énormément en se frottant à la réalité d’une petite ville aux vocations aussi multiples que diverses: agricole, forestière, résidentielle, etc. Elle a pu se rendre compte que l’exercice du pouvoir n’est pas toujours facile, surtout quand les villes se voient confiées par les gouvernements supérieurs de nouveaux mandats sans augmentation de leurs ressources financières.
Ceux qui se lancent tout feu tout flamme en politique déchantent parfois au bout de quelque temps. Ce n’est pas le cas de Marilou Laurin qui ne se faisait pas d’illusions au départ. «Je ne venais pas là pour changer le monde, dit-elle. Je me suis dit que je ferais ce que je peux.» Elle souhaitait surtout apprendre au lieu de réaliser immédiatement de grands projets. À cette enseigne, elle a notamment appris que les choses prennent du temps, que les règles sont nombreuses et souvent frustrantes, qu’il faut prendre en compte un grand nombre de facteurs avant qu’une idée se concrétise sur le terrain. En bonne pragmatique, elle accepte de jouer le jeu, sans faire de vagues. Elle insiste toutefois pour que les discussions se fassent dans l’harmonie et le respect. C’est plutôt rafraîchissant lorsqu’on sait que pendant une vingtaine d’années, les débats du conseil de ville de Brownsburg-Chatham donnaient souvent lieu à des échanges acrimonieux. Jusqu’à présent, elle n’a que de bons mots pour décrire l’atmosphère qui règne au Conseil. «Tout se fait dans la bonne entente et le respect mutuel», affirme-t-elle.
Va-t-elle se représenter lors des prochaines élections? Si le présent est garant du futur, il y a de fortes chances que oui. Elle aime ce qu’elle fait et elle a le sentiment de participer à une revitalisation de l’administration municipale. Après plusieurs années d’un relatif immobilisme, Brownsburg-Chatham se remet à bouger. De plus en plus de gens viennent s’y installer et le maire ne cache pas sa volonté de développer la vocation récréotouristique de l’immense territoire. Accueillir de nouveaux citoyens exige de la réflexion et de la planification. Les défis sont nombreux dans les années qui viennent et Marilou Laurin veut contribuer à cette transformation.
Elle ne caresse pas d’autres ambitions politiques. Ni le gouvernement provincial ou fédéral ne l’attire. Si elle devait abandonner un jour l’action politique, son choix irait vers une carrière de fonctionnaire international.
Quoi qu’il en soit, à son âge, avec deux années de politique active dans le corps, elle a bien le temps de prendre son temps.