par Mylène Deschamps - EAP
La région a connu une croissance de population exponentielle. Cette hausse démographique a des effets pervers : le prix des loyers et des maisons grimpe en flèche et les écoles débordent. Une école primaire sera construite cet été à Brownsburg-Chatham (remplacement de l’école Saint-Philippe) et une 4e est à prévoir à Lachute. (Photo : Mylène Deschamps)

C’est une augmentation de 37 %, soit une hausse de plus de 255 $ par mois d’octobre 2019 à octobre 2022 pour un appartement detrois chambres que vivent plusieurs familles de la région d’Argenteuil.

Geoffroy Boucher, économiste de l’Observatoire québécois des inégalités, a fourni à L’Argenteuil des données compilées à partir de l’Enquête sur les logements locatifs de 2019 à 2023 réalisée par la Société canadienne d’hypothèques et de logement.

«Le loyer moyen pour un appartement de deux chambres est passé de 685 $ en octobre 2019 à 866 $ en octobre 2022, soit une hausse de 181 $ ou de 26 %», indique M. Boucher. Il explique cette importante hausse par le faible taux d’inoccupation des logements locatifs: «En effet, alors qu’un taux d’inoccupation de 3 % indique généralement que le marché locatif est à l’équilibre et que l’offre de logements est suffisante pour répondre à la demande, ce taux n’était que de 0,9 % en octobre 2022 dans l’agglomération de Lachute».  Pourtant, le développement domiciliaire n’a jamais été aussi effervescent dans la région, mais la croissance de la population est exponentielle (Lachute s’est classé au 6e rang canadien l’an dernier).

Le dossier du logement et de l’habitation est de toutes les conversions, surtout dans le cadre des consultations sur le projet de loi no 31 du gouvernement du Québec, cette loi qui modifiera diverses dispositions législatives en matière d’habitation. Le projet de loi, déposé le 9 juin dernier par la ministre responsable de l’Habitation, France-Hélène Duranceau, permettrait notamment de mettre fin à la pratique de la cession de bail, l’un des seuls droits permettant aux locataires de se protéger de la hausse abusive des loyers, hausse que l’on constate, malgré l’interdiction d’y recourir sans travaux.

«Au-delà du lieu physique, le logement est le socle sur lequel se construit la vie des familles, l’endroit où naissent les aspirations et où se forgent les souvenirs. C’est notre devoir collectif de garantir à chaque famille québécoise un accès digne et sécuritaire à un toit, afin de favoriser leur bien-être et leur épanouissement. Il est donc impératif d’agir rapidement pour améliorer l’accès au logement pour un grand nombre de familles. Ces dernières peuvent d’ailleurs compter sur le vaste réseau des organismes communautaires Famille qui continuent d’assurer, partout au Québec, le maintien du filet social autour des mères, des pères et des enfants d’ici,» martèle Alex Gauthier, directeur général de la Fédération québécoise des organismes communautaires Famille (FQOCF).

La recherche d’un logement est de plus en plus un parcours du combattant. On comprend que les loyers pour les nouveaux logements, construits au coût de l’inflation, soient plus élevés (entre 1100 $ et 1700 $ par mois pour un 4 et demi), mais qu’en est-il de ces appartements vieillots, construits dans les années 1980, qui se retrouvent à des prix ridiculement haut sur les sites de recherche? On voit même des 3 et demi à même un demi-sous-sol à 995 $ par mois sur lespacs.com. De plus en plus de chambres à louer, dans l’appartement du locataire ou de la maison d’un propriétaire, apparaissent aussi sur les sites de recherche, signe des loyers ou des hypothèques élevés qui égorgent les familles qui doivent consacrer plus de 30 % de leur revenu au logement.

La FQOCF a déposé un mémoire à l’Assemblée nationale afin de sensibiliser le gouvernement et les élus à considérer avec la plus grande attention les mesures permettant de garantir un meilleur accès au logement pour les familles québécoises, une priorité pour les 259 membres qui desservent des milliers de familles, jour après jour, dans chacune des 17 régions administratives du Québec.

Des médecins ont aussi réclamé des investissements massifs dans le logement social, un facteur déterminant de la santé des familles. «Nos patients sont de plus en plus nombreux à voir leur santé affectée par la crise actuelle. Nous faisons face à des enjeux respiratoires, cutanés et infectieux liés à la salubrité de leurs domiciles, en plus du stress lié à la précarité du logement», a indiqué le Dr Félix Le-Phat-Ho, porte-parole des médecins signataires sous l’initiative de FROHME.

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