Bénévoles et citoyens crient à l’aide!

par Mylène Deschamps - EAP
Bénévoles et citoyens crient à l’aide!
Les bénévoles de Ré-CHATS-Pés procédaient lundi dernier à la capture de chats errants à l’aide de leurs nombreuses cages. Ils auront réussi à attraper 17 chats qu’ils auront été portés le lendemain au Domaine vert afin de procéder à leur stérilisation. Chaque chat se fait couper un bout de l’oreille afin de l’identifier comme opéré avant de le retourner dans son milieu. (Photo : Mylène Deschamps)

Ré-CHATS-pés ne suffit plus à la demande pour enrayer les problèmes dus à des colonies de chats, l’une des pires saisons de chats errants depuis longtemps.

Est-ce le manque de vétérinaires, l’explosion des prix pour effectuer des opérations de stérilisation et donner des vaccins ou la popularité d’adoptation d’animaux durant la Covid?  Christine Girard n’a pas la réponse exacte. «Qu’on aime ou qu’on n’aime pas les chats, il faut que tout le monde prenne ses responsabilités!», clame-t-elle.

Ré-CHATS-pés obtient un budget annuel de la Ville de Lachute depuis 2018 pour faire stériliser des chats errants.  «Ça avait beaucoup aidé, mais la crise s’est envenimée depuis la Covid. Il suffit de 2 chats non opérés dehors pour qu’ils soient responsables d’une centaine de chats une année plus tard! Une femelle peut avoir plusieurs portées par année», rappelle l’enseignante de formation.

Les 4 bénévoles en ont plein les bras avec le territoire de Lachute et ne peuvent répondre aux demandes d’aides provenant de toutes les villes de la MRC.  «Lachute est la seule ville qui fournit un budget pour faire opérer des chats à prix refuge à Mirabel.  On ne peut pas répondre aux demandes des citoyens des autres villes, même si les demandes explosent», ajoute Mme Girard.

Lorraine Salois a commencé à nourrir quelques chats qui traînaient derrière sa maison, rue Gilbert, l’année dernière. «Ils se sont donné le mot!  J’en ai une vingtaine en ce moment, admet Mme Salois, qui a fait appel à l’organisme il y a quelques semaines. Je ne veux pas qu’on les tue, je vais continuer de les nourrir. Mais je veux qu’ils arrêtent de se reproduire!»

Lundi dernier, 4 bénévoles répondaient à l’appel de cette dame au grand cœur. L’équipe arrive avec ses cages, ses couvertures et sa nourriture.  Mme Salois devait préalablement cesser de les nourrir afin d’aider l’équipe de bénévoles à attraper les félins.  C’est Caramel, comme elle le surnomme,  l’un des plus gros, qui aura été le premier à s’aventurer dans la prison sans issue.

Le lendemain, les bénévoles prendront les 17 chats recueillis (à deux endroits différents) et iront les porter au Domaine vert à Mirabel afin qu’ils subissent la grande opération à prix pro bono. Tout un défi, qui pourrait s’étirer à l’infini, si la population continue d’adopter des chats sans prendre ses responsabilités. «C’est 3 jours de travail et plusieurs appels. On préférerait avoir seulement un mandat de prévention et d’éducation. Mais l’opération est le plus puissant outil contre la prolifération de chats errants.»

Les bénévoles expliquent que les chats gratuits offerts sur les «Spotted» augmentent aussi la problématique.  «C’est un cercle vicieux qui se poursuit, les gens prennent des chats gratuits et quand ils sont malades et demandent des soins coûteux, ou quand ils ont des bébés, ils les abandonnent… C’est une responsabilité qui coûte des sous s’occuper d’un animal!,  insistent-elles. Le dompage de chats a atteint des records, on abandonne surtout des chattes enceintes ou des chattes avec leur portée partout. Mais surtout, là où on croit que les chats survivront, comme près d’une ferme. On abandonne aussi beaucoup lors des déménagements. Le problème se trouve alors sur les bras des citoyens à qui on dompent des chats.  On a une dame près d’une ferme qui a investi près de 20 000$ en frais de médicaments et de stérilisation, car elle est incapable de les laisser mourir», ajoute Mme Girard.

Les citoyens d’autres villes de la MRC font des demandes chaque semaine à Ré-CHATS-Pés, mais les bénévoles doivent les refuser, car il fonctionne avec un budget de la Ville de Lachute. «On les renvoie à leur conseil de ville», disent-elles en précisant aussi manquer de jus de bras.  Tous nouveaux bénévoles seraient d’ailleurs les bienvenus.

Solution envisagée

Outre l’éducation citoyenne et un renforcement des lois (preuve de stérilisation des chats domestiques à la ville, par exemple), l’une des solutions envisagées par l’équipe est un projet novateur, qui existerait à un seul autre endroit au Québec.

Le concept nommé Projet Horizon, conçu par Alexandre Roy, spécialiste de la patrouille canine depuis 26 ans, et Dr Jean-François Fortin de la Clinique vétérinaire Mirabel, consiste à fabriquer une unité mobile de stérilisation qui permettrait d’opérer les chats errants sur place dans toute la MRC.  Pour M. Roy, le principal avantage pour les citoyens est le contrôle des populations pour la sécurité publique.  Des chats non opérés, non vaccinés et non vermifugés sont porteurs de maladie et causent des tracas. Le Dr Fortin, qui travaille en équipe avec M. Roy depuis plus de 20 ans, effectuerait les opérations et offrirait les vaccins à prix refuge. «Ce n’est pas une question d’argent, c’est un devoir», rappelle M. Roy. Plusieurs vétérinaires ne peuvent plus recevoir des chats errants dans leur clinique pour des problèmes évidents reliés à la santé animale de leurs clients ainsi que pour une question d’assurance.  Bien que tout soit nettoyé, il y a de haut risque de contagion quand on travaille avec des chats errants.

Projet Horizon était présenté pour une deuxième fois devant les maires de la MRC mardi dernier.  M. Roy y a constaté une belle réception; certains maires nommant le nombre croissant d’appels à leur ville.  Un chat mâle non opéré marquera son territoire et les femelles seront portées à s’aventurer près des maisons.  «Ce serait une première avec des municipalités, on y croit vraiment à ce projet! On en est fier!», ajoute M. Roy, qui travaille aussi main dans la main avec les bénévoles.

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