Les détails macabres de la fusillade de Bourget révélés

par Joseph Coppolino - EAP
Les détails macabres de la fusillade de Bourget révélés
Un rapport de l'Unité d'enquête spéciale (UES) révèle de nouvelles informations sur la fusillade du 11 mai à Bourget, qui a fait un mort et deux blessés parmi les policiers, ainsi qu'une chronologie poignante des événements. (Photo : d'archives)

Une enquête interne a permis d’innocenter l’agent de la Police provinciale de l’Ontario (PPO) qui a fait feu lors d’une fusillade qui a entraîné la mort d’un agent, à Bourget, et de révéler de nouveaux détails sur l’interaction fatale qui a eu lieu aux premières heures du 11 mai 2023.

L’Unité des enquêtes spéciales (UES), l’organisme de surveillance de la police de la province qui enquête sur toutes les décharges d’armes à feu et d’armes non létales de la police, a jugé qu’il n’y avait aucune raison de croire que l’agent qui a riposté après qu’Alain Bellefeuille, 39 ans, ait prétendument commencé à tirer sur les policiers qui répondaient à l’appel, avait enfreint une loi quelconque.

Selon le rapport de l’UES publié le 15 septembre, l’agent en question, dont le nom n’a pas été révélé et qui est uniquement désigné comme l’agent visé dans le rapport, a fait feu deux ou trois fois après que le sergent Eric Mueller et lui-même aient été touchés par des tirs de carabine, à l’intérieur de la maison de la rue Laval. Alors que le policier en question a subi des blessures mortelles, le sergent Mueller a succombé à ses blessures à l’hôpital.

«Il est évident que le policier en question a tiré pour se protéger d’une agression, peut-on lire dans le rapport du directeur de l’UES, Joseph Martino. L’officier venait d’être touché par plusieurs balles et il avait toutes les raisons de craindre que sa vie soit menacée par la poursuite des tirs.»

Martino a jugé l’usage de la force raisonnable compte tenu des circonstances, déclarant que rien d’autre qu’une riposte n’était susceptible de répondre à l’impératif pressant du moment, à savoir dissuader immédiatement le suspect de faire feu à nouveau.

Des détails poignants révélés

Bien que le but de l’enquête ait été de faire la lumière sur l’utilisation de l’arme à feu de l’agent, la reconstitution de l’événement, à travers les notes des agents et les images des caméras corporelles, révèle plusieurs nouveaux détails sur ce qui s’est passé à l’intérieur de la maison d’Alain Bellefeuille et qui a finalement conduit à la mort de Mueller et aux blessures de deux autres agents.

L’UES indique que la Police provinciale de l’Ontario a répondu à un appel 9-1-1 d’un résident qui craignait que Bellefeuille ne se soit tiré une balle, après avoir entendu des cris et un coup de feu provenant de la résidence de la rue Laval, juste après deux heures du matin. Les agents Mueller, Marc Lauzon et François Gamache-Asselin ont été dépêchés sur les lieux et sont arrivés à la maison dans les 10 à 15 minutes qui ont suivi.

Arrivés séparément à la maison, vers 2 h 29, deux agents ont fait le tour de la résidence assombrie en regardant par les fenêtres. Ils ont frappé à la porte arrière avant de revenir à l’avant et de rencontrer le troisième agent.

L’agent en question, suivi par Mueller, est entré dans le vestibule de la maison par la porte d’entrée non verrouillée vers 2 h 33 et a appelé Bellefeuille par son nom, tandis que le troisième agent est resté sur le porche d’entrée.

N’entendant pas de réponse, le premier policier a sorti son arme à feu, a fait six ou sept pas vers une porte ouverte, au bout du salon, qui menait à la chambre à coucher, lorsque neuf ou dix coups de feu ont retenti sans avertissement en l’espace de deux ou trois secondes.

Les deux agents présents dans la maison ont été touchés. L’agent en question s’est effondré et Mueller, qui se tenait derrière lui, s’est écroulé dans le vestibule. L’agent qui se tenait sous le porche d’entrée a sorti son arme et s’est mis à l’abri derrière les voitures de police.

Trente secondes se sont écoulées avant que l’agent en question ne se remette debout et ne tire deux ou trois coups de feu en direction de la chambre, tout en sortant de la maison en courant. Mueller est resté sur le sol du vestibule, sa caméra corporelle montrant qu’il a appelé à l’aide et tenté de se relever, mais qu’il s’est effondré.

Selon le rapport, l’agent en question est retourné sur le seuil de la porte d’entrée pour vérifier l’état de Mueller. Bellefeuille aurait tiré d’autres coups de feu depuis l’intérieur de la maison, touchant le troisième agent au genou avec une balle ricochée.

Selon le rapport, Bellefeuille est sorti de la chambre à coucher, a traversé le salon jusqu’à la salle de bain et a tiré deux autres coups de feu par la porte d’entrée ouverte, les derniers coups de feu ayant été tirés à 2h35 du matin.

Les images de la caméra corporelle ont également révélé que Bellefeuille était accroupi au-dessus de Mueller dans la salle de séjour alors qu’il tentait de manipuler quelque chose sur la taille de l’agent numéro 1. Peu après, Bellefeuille a appelé le 9-1-1, a remis son fusil et a été placé en garde à vue.

Selon le récit et la chronologie du rapport, les trois agents qui sont intervenus ont été touchés dans les six minutes qui ont suivi leur arrivée à la résidence de la rue Laval, Bellefeuille ayant tiré plus d’une douzaine de coups de feu dans ce laps de temps.

Le récit de la scène qui a suivi contenait également des détails graphiques, avec des descriptions d’un gilet balistique couvert de sang, de grandes flaques de sang, de murs éclaboussés de sang et d’impacts de balles dans les murs et les encadrements de porte.

Bellefeuille est toujours en détention et une audience de libération sous caution a été fixée au mercredi 20 septembre, au palais de justice de L’Orignal, après la publication de cette édition dans le Vision.

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