Sylvie Pronovost fait face au visage humain

Par Frédéric Hountondji - EAP
Sylvie Pronovost fait face au visage humain
La céramiste Sylvie Pronovost décode le visage humain par son art - photo Frédéric Hountondji (Photo : Éditions André Paquette)

L’artiste de Grenville-sur-la Rouge, Sylvie Pronovost, tient au visage humain comme à la prunelle de ses yeux, ce qui explique sa démarche de le penser, le concevoir, le modeler, le polir et le magnifier par son art raffiné, que l’on peut admirer à l’occasion de la quatrième exposition de l’année du Centre d’art d’Argenteuil à Lachute.

Mme Pronovost est artiste céramiste et en art de l’environnement depuis une trentaine d’années. Sa vocation est née de la découverte de l’argile au Cégep du Vieux-Montréal, où elle était étudiante en Sciences humaines. Un jour, elle est allée au département de céramique et a été séduite par la manière dont l’argile était traitée.

«Je me suis dit : «Waouh ! Et quand j’ai terminé ma formation en Sciences humaines, je suis allée m’inscrire au Centre de céramique Bonsecours à Montréal. J’ai suivi une formation et là ce fut la découverte et le bonheur», a-t-elle expliqué.

La fascination qu’elle éprouve pour le visage réside dans le fait qu’elle trouve la face humaine inspirante et unique. Mais, ce penchant est également accentué par sa rencontre avec les élèves. «J’ai donné beaucoup d’ateliers dans les écoles aussi, puis l’activité de prédilection des élèves c’était le masque. Alors, j’ai décidé de faire une production de masques en m’inspirant des différentes cultures, de la mythologie et de l’anthropologie», a raconté Mme Pronovost.

Elle aime coiffer les visages qu’elle fabrique afin de leur donner de la prestance, en utilisant le bois. Le forestier est l’une de ses œuvres préférées.

Le public et le forestier

«Le forestier est très particulier parce que c’est le premier visage auquel j’ai voulu mettre des branches. J’ai fait un visage comme dans l’écorce et je me suis dit que comme il s’appellait le forestier, ça lui prenait des branches. C’est la première pièce à laquelle j’ai mis des branches de bois», a décrit l’artiste, le visage illuminé d’un sourire étincelant avec lequel elle accueille tous ses visiteurs.

Diane, de Lachute, n’a pas manqué de succomber au charme de cet art dans lequel elle semblait tout aimer. «J’aime beaucoup ça, ça vient me chercher, c’est intéressant. On a de beaux talents», a-t-elle réalisé tout en félicitant la céramiste. «Le mot qui me vient à l’esprit est : mythique. C’est la nature qui parle avec les visages. C’est super beau !», s’est exclamé le lachutois Mario.

Amour de la texture

Mme Pronovost est prête à tout pour donner à ses œuvres l’originalité voulue. La brosse à dents, le dos de la cuillère, une pièce détruite en pleine réalisation… sont autant d’éléments indispensables pour ses créations.

Elle ne transige pas avec la recherche de différentes textures pour donner un aspect unique à ses œuvres. La céramiste doit cuire les pièces une première fois dans un four électrique, une deuxième fois pour faire ressortir les traits du visage et la troisième cuisson consiste à les enfumer.

«L’enfumage est une cuisson très particulière, avec des brindilles et des copeaux de bois. Dans une cuve de métal, j’allume un feu et je place mon masque à l’intérieur de la cuve pour aller chercher des effets de terre, des effets qui s’apparentent plus à la nature. On a du gris, du noir, du roux… ce sont les effets de la fumée», a-t-elle rapporté.

Mme Pronovost reconnaît que travailler l’argile est un processus très long. La réalisation d’une œuvre lui prend environ trois semaines.

À part les visages, elle expose des cercles, des disques ou des mandalas à partir de l’argile, du métal, du bois ou de la peinture. Il s’agit de l’autre pan de la prolifique carrière de Sylvie Pronovost.

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