Ghislain Larocque a tellement vécu l’intimidation à l’école que lorsqu’il est devenu écrivain, il n’a pas hésité à faire de ses œuvres un moyen de lutte contre ce fléau qui continue d’étendre ses tentacules dans les établissements scolaires, à la recherche de victimes innocentes.
« On me traitait de singe, ça c’est l’intimidation que je vivais. On disait que je n’étais pas beau, que je n’étais pas bon, puis je l’ai cru jusqu’à l’âge de 25 ans », a raconté l’auteur originaire de Hawkesbury, en Ontario.
Ce n’est qu’à 25 ans que l’homme, aujourd’hui âgé de 47 ans, a commencé à apprendre à s’accepter et à s’aimer. Ayant su à quel point c’est douloureux de vivre l’intimidation, M. Larocque s’est donné une mission : celle de passer dans les écoles pour sensibiliser les élèves au phénomène et d’écrire des livres, notamment sur les manifestations de l’intimidation ainsi que l’acceptation des différences.
Ce thème du respect des différences se rencontre, entre autres, dans Patrick, le dragon. Patrick est un dragon qui est autiste. Au château, aucun dragon ne veut jouer avec lui parce qu’il est différent. Mais un chasseur de dragons arrive dans l’histoire et aperçoit Patrick. Au lieu d’aller le chasser, il découvre ses talents et va s’en servir pour convaincre les dragons de jouer avec lui.
Respect des différences
« C’est une manière d’apprendre aux enfants qu’à l’école, s’il y a quelqu’un de différent, il faut jouer avec lui », a conseillé M. Larocque.
On doit également à l’écrivain le livre Martin, le mammouth. « Martin, le mammouth, est un petit garçon qui faisait rire de lui à l’école parce qu’il était trop gros. On se moquait de lui, c’est un peu mon histoire. On l’avait baptisé le mammouth et moi on m’avait baptisé le singe », a comparé l’auteur.
Lorsque Martin se regardait dans le miroir, il se voyait comme un mammouth. Il croyait qu’il était cet animal jusqu’au jour où le professeur intervint, pour expliquer aux enfants que ce n’est pas bon d’offenser son prochain. Finalement, l’élève qui se moquait de son camarade lui a présenté ses excuses et ils sont devenus des amis. « On parle de pardon, puis on parle aussi de faire attention à ce que tu vas dire à l’autre », a indiqué M. Larocque.
Il est aussi l’auteur de L’intimidation, ça fait mal, paru aux éditions Mine D’Art comme les autres ouvrages. Selon l’écrivain, le livre a été vendu à 5 000 exemplaires. Il s’agit de témoignages de 14 adolescents qui ont tous été victimes d’intimidation.
L’intimidation virtuelle
Avec le recul, l’écrivain découvre que le phénomène a beaucoup évolué en devenant virtuel. D’après les données des Instituts de recherche en santé du Canada, sur 35 pays, le Canada occupe le 9e rang mondial pour ce qui est de l’intimidation chez les jeunes de 13 ans. Chez les Canadiens adultes, 38% des hommes et 30% des femmes reconnaissent avoir vécu l’intimidation à l’école.
« L’intimidation dont j’avais été victime se passait à l’école, il n’y avait pas Internet. Maintenant, l’intimidation se fait à l’école et quand les jeunes arrivent chez eux, ça se poursuit sur leurs téléphones cellulaires, sur leurs tablettes, sur leurs ordinateurs, ils n’ont plus de répit. Donc l’intimidation fait beaucoup plus de mal aujourd’hui », a remarqué M. Larocque.
L’auteur, qui écrit tant pour les jeunes que pour les adultes, estime que la dénonciation et la sensibilisation sont les meilleurs moyens de lutter contre le fléau.