Les chats retombent toujours leurs pattes

Par Karine Audet
Les chats retombent toujours leurs pattes

La nouvelle équipe travaille depuis septembre pour une 2e fois à la mise en scène de l’adaptation réalisée par Johanne Desrosiers du film de Disney. Deuxième fois, parce que bien que le spectacle n’ait pas été présenté devant public, il était presque terminé avant que la pandémie frappe de plein fouet. «Au niveau de l’énergie, le rapport au plaisir et à la légèreté ont été à travailler… », lance la metteure en scène d’entrée de jeu.  

On a tout recommencé.  Les chatons étaient rendus des ados. Il fallait réattribuer les rôles avec une nouvelle équipe et coaché de nouveaux comédiens. «On ne pouvait pas offrir un gros spectacle comme ça dès notre retour. Autant pour les enfants que les profs, c’était une trop grosse machine à pousser!»  

Le Théâtre des petits bonheurs y est allé de façon plus sécuritaire durant la première année.  Mais les chats retombent toujours sur leurs pattes. La machine est huilée et, bien qu’on sent le trac de la première qui arrive, c’est reparti: «C’est un gros spectacle, avec beaucoup de travail, d’accessoires et de costumes!, assure Mme Desrosiers, qui laisse entrevoir une surprise de taille.  Il y a quelque chose qui va voler la vedette, j’en suis convaincue. Je ne te le dis pas.  Je l’amène ce soir au théâtre et j’ai de la peine de le voir sortir de ma maison.» Le suspense et la folie sont au rendez-vous. 

Mme Desrosiers ne compte pas ses heures. Celle qui travaille auprès de Christiane Raymond depuis 12 ans est soutenue par William Lépine, bras droit de Mme Raymond, et Morgane Lacelles, enseignante en danse et responsable des chorégraphies avec les comédies musicales ado depuis fin janvier. Malgré le support, dont la technique et la musique, Mme Desrosiers a ratissé large.  On sent un peu d’épuisement, mais aussi beaucoup d’excitation. 

Lors de notre passage voilà une semaine, les acteurs (non costumés) pratiquaient leur déplacement sous la supervision de la metteure en scène. «Ok, les enfants? On va se placer avec de la joie dans le cœur!»  C’est que le Théâtre des petits bonheurs réunis autant des enfants, des adolescents que des adultes dans un environnement de création et de dépassement de soi.   

Dans la salle, on voit à la technique, on note les «cue», on prend des notes. «C’est vraiment beau les décors», lance l’une des petites comédiennes qui fait partie de la centaine d’artistes qui fouleront la scène pour ce tout nouveau spectacle.   

Au cœur des rues de Paris des années 1900, l’aventure entre Duchesse et Thomas O’Malley se déroulera sous vos yeux. Sur des airs de mélodies jazz et de chansons françaises de l’époque, les chatons-danseurs entreront soit côté cour pour sortir côté jardin, et vice et versa, pour faire vivre l’émerveillement. 

Duchesse (la maman), Toulouse, Marie et Berlioz, les chats des beaux quartiers de Walt Disney pratiquent leur texte et leur déplacement sur la scène créatrice de petits miracles. Ils se frôleront à Thomas O’Malley le chat de gouttière des ruelles mal famées… «Duchesse, on va travailler ta position sur la chaise. N’oublie pas que tu es un chat!», rappelle la metteure en scène.  Il y a du travail, mais le jeu en vaut la chandelle.  

Johanne Desrosiers a un petit chat dans la gorge quand elle pense à cette génération. «Avec les pré-ados et les ados, c’est plus difficile. Il faut aller fouiller plus loin en dedans. Malheureusement, ils se sont beaucoup trop retrouvés devant les écrans.  C’est aussi une génération qui joue moins qu’avant. Je leur demande, avez-vous joué au capitaine de bateau, à la mère?, questionne-t-elle, déçue des réponses négatives. Avec les petits chatons, le retour a été plus facile. Je leur dit, ok, on joue. Pour qu’une scène devienne vraie, vous devez jouer pour vrai. Eux, ils achètent ça tout de suite. Même moi je prends exemple sur eux.»  

Avec la pandémie, il n’a pas été facile de ramener le lien à l’autre.  Tout comme les chatons qui sont sortis de force de leur manoir doré, c’est dans l’aventure et l’adversité qu’on crée des histoires et des souvenirs. Et, semble-t-il que les oies sont vraiment drôles. Amoureux des chats… ou non, on dit que vous serez charmés par «Les Aristochats».  

 

 

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