Attablé devant un café du sympathique restaurant Gingembre et wasabi, Brian Tyler est tout sourire, généreux et heureux. Il vient de livrer, deux jours plus tôt, sa 7e performance avec une équipe de 13 personnes aussi passionnées que lui devant une salle comble et conquise au Cabaret du Vieux-St-Jean. Ils auront reçu deux ovations bien senties.
«L’histoire du blues», c’est une idée qu’il traînait dans sa boîte à poux depuis le début de son ascension dans le monde du «showbusiness». Parce qu’à 36 ans, Brian Tyler ne savait pas qu’il pourrait être un jour l’un des plus grands chanteurs de blues du Québec. Il n’avait encore jamais soufflé dans un micro jusqu’à ce soir-là où il chante au karaoké d’un bar, qui laissera pantois tous les clients, et lui-même. Son histoire d’amour avec le public et la scène vient de débuter. Dès lors, il remporte des concours, crée son groupe professionnel Bluestorm jusqu’à sa participation à la populaire émission La Voix. Du haut de ses 6 pieds 5, on lui donnera le qualificatif de «grand bluesman du Québec». Il n’aura pas remporté la Voix 2013, mais sera récipiendaire de 5 trophées Lys Blues avec 7 nominations dans 14 catégories l’année suivante avec son album «Back on track», enregistré à Lachute au Studio Progressons.
À 51 ans, il a toujours autant de plaisir à performer sur scène et espère conquérir à nouveau son public, celui d’Argenteuil qui l’a accueilli en ses terres dans les années 2000. «C’est toujours plus difficile de remplir les salles quand c’est dans ton propre patelin», mentionne Tyler. C’est le samedi 25 mars sur la scène Desjardins qu’il se produira à nouveau à Lachute, près de 10 ans après son dernier spectacle sur les planches du Top Shot. Le chanteur à la puissance vocale, admiré par son sens de l’improvisation, a toutefois un défi à remplir avec ce spectacle formaté. Il doit apprendre ses textes par cœur, jouer le personnage de Woodford Laurance et composer avec la scénographie. Un stress différent avec lequel il apprend à jongler en arborant le costume d’une vie.
Il y a investi tous les derniers billets de son portefeuille, comme ces pionniers du Mississippi. Plus de 2000 bidous pour un costume trois pièces, une paire de chaussures achetées chez Aux pieds de géant et un chapeau des années 50. «Sur scène, les musiciens du temps pouvaient enfin porter ce qu’ils voulaient. Ils mettaient toute leur paye pour aller jouer dans les bars. C’est ce que j’ai fait pour ce 2e costume», admet l’artiste, qui débutera la première partie du spectacle vêtu comme les esclaves du début du siècle dernier.
Accompagné de Christian Martin à la guitare, Simon Daigle à la basse, Pascal Mailloux au clavier et Bernard Bingo Deslauriers à la batterie, Tyler présente un spectacle inédit, qui marie des éléments éducatifs multimédias et musicaux. C’est l’histoire d’hier à aujourd’hui, des esclaves dans les champs de coton qui chantent pour survivre à ceux que les grosses maisons de disque américaines exploitent jusqu’aux succès des grands tels Chuck Berry et BB King. Il passera par le Rock and roll en interprétant Elvis Presley jusqu’au Blues moderne d’aujourd’hui, dont du blues québécois. «Le plus difficile, c’est de couper et de choisir», avoue-t-il. Évidemment. Brian Tyler ne voulait surtout pas tomber dans le mélodrame. Le parcours se fait en 3 actes, accompagné de visuel photos et de vidéos d’époque.
Le chanteur, habitant aujourd’hui à Grenville-sur-la Rouge, est fébrile de lancer l’album du présent spectacle enregistré live dans l’une des plus belles salles du Québec, la salle Odyssée de Gatineau le 19 novembre dernier. Son groupe Bluestorm, qui est devenu Brian and the Bluestorm, continue de se faire valoir dans de plus petites salles. Parce que «L’histoire du blues» ne peut pas se présenter partout. Ils ont besoin de moyens techniques, ce qu’offre la salle de la polyvalente Lavigne revampée par les Productions Les 2 vallées.
L’auteur-compositeur lancera aussi un album en anglais. Comme quoi la pandémie lui aura permis de reprendre la route à fond de train. Qui sait où ce spectacle le mènera? Du moins, il souhaite se dégager de quelques responsabilités techniques et de ne penser qu’à sa prestation. Peut-être, avec le temps, y ajouter des artistes invités.