le Samedi 25 mars 2023
le Jeudi 9 février 2023 13:18 MRC D'ARGENTEUIL RCM

Parler du suicide; ça sauve des vies

L’équipe de Noblex a remis un don de 5000$ au Centre prévention suicide Faubourg le 3 février dernier. — Photo Mylène Deschamps
L’équipe de Noblex a remis un don de 5000$ au Centre prévention suicide Faubourg le 3 février dernier.
Photo Mylène Deschamps
«Mieux vaut prévenir que mourir. Ose parler du suicide!» est le thème que l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) lance pour la 33e Semaine nationale de prévention du suicide qui se déroule du 5 au 11 février.

«La prévention du suicide, c’est l’affaire de tous et nous pouvons prévenir ces décès qui sont évitables», insiste Jérôme Gaudreault, président-directeur général de l’AQPS. La prévention du suicide, c’est une panoplie d’actions ou de gestes qui sont à notre portée: reconnaître les signes de détresse, connaître les ressources d’aide, demander de l’aide quand on en a besoin ou proposer de l’aide à un proche ainsi que créer des conditions où les conversations sur le suicide sont possibles. 

Pour Marc-André Lagarde, président et fondateur de Noblex à Lachute, c’est une cause de première importance, ayant vécu le deuil de son frère mort par suicide le 12 mai 2008. Il aura d’ailleurs donné le nom de son frère au Faubourg J-F Lagarde, un projet intégré de 3 bâtiments de 32 logements locatifs, situé juste en face du cimetière où il repose.  Vingt-deux ans après le drame, il mentionne que la communication est primordiale.   

Nous avons dû apprendre à vivre avec la blessure d’avoir perdu un être cher. En parler nous a beaucoup aidés, mentionne celui dont l’entreprise a remis un don de 5000$ à l’organisme Centre prévention suicide Faubourd, situé à Saint-Jérôme. Il veille sur nous et nous l’avons tous encore dans notre coeur quotidiennement. Il m’arrive encore d’avoir des flashs et de rire de ses blagues, suivi de moments de nostalgie.» 

— Marc-André Lagarde, président et fondateur de Noblex à Lachute.

Selon le Centre prévention suicide Faubourg, il y a en moyenne 93 suicides par année sur le territoire des Laurentides, dont 80% sont commis par des hommes. Les personnes de 45 à 59 ans sont les plus touchées par cette expression fatale de la détresse et du désespoir. Les hospitalisations pour tentatives de suicide et les consultations à l’urgence pour idées suicidaires, dont le pourcentage est plus élevé chez les femmes, sont à la hausse. Les femmes seraient plus enclines à consulter et à demander de l’aide que les hommes. Malgré tout, pour 2020, la mortalité par suicide a atteint son plus bas niveau en 40 ans au Québec. On peut donc prétendre que les efforts communs pour informer la population et déjouer les mythes sont efficaces. 

L’AQPS souhaite mettre l’accent sur l’importance «d’oser» parler du suicide et encourager les gens à faire ce pas de plus, même s’il est inconfortable, puisqu’il peut véritablement sauver une vie. «On dit en quelque sorte: on sait que ça ne sera pas nécessairement facile, mais parlez-en, ça vaut vraiment la peine, souligne M. Gaudreault. Demander à un proche s’il pense au suicide, c’est faire preuve de bienveillance à son égard.»  

Le suicide est un phénomène complexe marqué par une grande souffrance et vulnérabilité où interagissent des facteurs individuels, sociaux et environnementaux. La personne suicidaire vit de l’ambivalence, entre son désir d’arrêter de souffrir et son désir de vivre.  Elle croit que son état est permanent. L’aider à modifier ses impressions et lui fournir des outils de façon rapide et bienveillante l’aident à sortir de son isolement. «Même si c’est difficile à croire quand ça va mal, un moment difficile est souvent suivi d’apprentissage, d’un futur succès ou de bonheur. Nous cheminons tous dans nos vies dans le succès et les échecs. Si le poids d’un échec est difficile à gérer, appelez à l’aide, insiste M. Lagarde. C’est la cause que nous supportons avec notre entreprise et on prévoit aussi faire des activités de financement dès cet automne pour soutenir cet organisme qui en a grandement besoin.» 

Un tout nouveau site Web 

 Oseparlerdusuicide.com offre plusieurs outils aux internautes afin de les soutenir s’ils sentent le besoin d’aborder le sujet avec un proche. D’abord, une section entière offre des idées d’amorce de conversation pour aborder le sujet du suicide avec son entourage. Il est également possible de vivre l’expérience d’une conversation sur le suicide pour voir si on se sent prêt à oser aborder le sujet.  

De nombreuses informations utiles, notamment la déconstruction de certains mythes entourant le suicide, y sont évoquées. À titre d’exemple, et contrairement à la croyance populaire, le fait de demander à quelqu’un s’il pense au suicide n’encourage pas le passage à l’acte. En fait, poser la question peut soulager la personne et la faire sentir moins seule.  

Au Québec, on compte environ 3 suicides par jour. C’est plus d’une dizaine de personnes de l’entourage qui sont fortement accablées par un décès par suicide, et ce pour plusieurs années. 

Si vous pensez au suicide ou vous vous inquiétez pour un proche, des intervenants sont disponibles pour vous aider, partout au Québec, 24/7. Téléphone : 1 866 APPELLE (277-3553) Texto : 535353.