Beauchemin a pris ses fonctions de nouveau directeur général de l’HGH en septembre, à un moment où les hôpitaux de la province et du pays continuaient de faire face à l’épidémie de COVID-19 et à une grave pénurie de personnel. Aujourd’hui, les services d’urgence se remplissent de patients atteints d’autres virus respiratoires, dont beaucoup d’enfants. Le moins que l’on puisse dire, c’est que M. Beauchemin a commencé son nouveau rôle à un moment intéressant pour les soins de santé.
« Avec les enjeux des soins de santé, des ressources humaines en santé, des équipes de santé de l’Ontario, du rôle de la communauté et de la pandémie, je savais que nous devions élaborer un plan, a dit M. Beauchemin. Ce dont je veux m’assurer, c’est que je n’arrive pas avec une recette à l’emporte-pièce en ce qui concerne ce que je veux faire ici. »
Ayant une formation clinique en physiothérapie, M. Beauchemin a 25 ans d’expérience dans le domaine des soins de santé, tant du côté clinique qu’administratif du brancard. Avant de se joindre à l’HGH, il a été directeur exécutif du développement des affaires à l’Hôpital d’Ottawa ainsi que chef de la physiothérapie, en plus d’une litanie d’autres rôles. Auparavant, il était gestionnaire clinique à Bruyère, l’établissement de soins continus et de longue durée d’Ottawa.
Guy Yelle, le nouveau président du conseil d’administration de l’HGH, a déclaré qu’en cherchant un remplaçant pour l’ancien directeur général Marc LeBouthillier, le conseil voulait s’assurer que le candidat avait les compétences requises pour suivre l’évolution du rôle de l’hôpital dans la communauté.
« L’hôpital a connu une croissance considérable en peu de temps, a expliqué M. Yelle. En tant que conseil d’administration, nous voulions nous assurer que les processus que nous avons en interne correspondent à la taille de l’organisation. Ayant travaillé dans de grands centres, Fred est habitué aux processus, à la qualité et aux programmes. »
Priorité aux ressources humaines dans le domaine de la santé
Yelle et M. Beauchemin sont tous deux d’accord pour dire que le système de santé de l’Ontario est mal en point. Les pénuries de personnel entraînent des coupures dans les services, des temps d’attente plus longs et des services d’urgence débordants dans toute la province.
Selon M. Beauchemin, les postes vacants à l’HGH se situent entre 15 et 18 %, les infirmières et les travailleurs de soutien constituant la majeure partie de ces postes vacants. Il est toutefois beaucoup plus facile de retenir les médecins, compte tenu des disponibilités dans les salles d’opération de l’HGH.
Comme le dit M. Beauchemin, pour la première fois, les hôpitaux sont en concurrence avec d’autres industries pour la main-d’œuvre. Les emplois hospitaliers étaient autrefois très prisés, offrant des salaires et des avantages supérieurs à ceux du marché. Aujourd’hui, les salaires dans d’autres secteurs dépassent ceux de l’hôpital, et avec le stress supplémentaire de la pandémie et la crainte de ramener la maladie à la maison, les travailleurs cherchent ailleurs.
« C’est un marché de travailleurs en ce moment, a ajouté M. Beauchemin. Il s’agit donc de trouver des moyens d’inciter les travailleurs à venir travailler dans notre hôpital et de s’assurer que nous avons les postes à pourvoir à l’HGH pour répondre aux besoins de notre communauté. »
Le projet de loi 124, qui visait à réduire les augmentations de salaire des travailleurs du secteur public, a été invalidé par la Cour supérieure de justice le 29 novembre. Le premier ministre Doug Ford a l’intention de faire appel de la décision, ce qui menace encore plus le salaire des infirmières et des fournisseurs de soins de santé.
Pour M. Beauchemin, il s’agit de voir plus loin que le talon de chèque. Comme les salaires des infirmières et des travailleurs de soutien sont négociés de façon centralisée, il veut s’assurer que son personnel bénéficie d’autres incitatifs, comme la formation et les possibilités de travailler dans d’autres services qui correspondent mieux à leurs intérêts.
« Si quelqu’un travaille depuis longtemps dans une unité spécifique et dit qu’il veut aller dans la salle d’opération, je pense qu’il devient de la responsabilité de l’hôpital de fournir un programme de formation pour améliorer les employés, a affirmé M. Beauchemin au sujet de l’une des façons dont il espère attirer des travailleurs, mais aussi retenir le personnel qu’il a déjà. Plus nous pouvons augmenter la dotation en personnel, plus nous pouvons offrir de services à la communauté. »
L’HGH n’est pas à l’abri de l’augmentation des temps d’attente
Les temps d’attente sont en partie un problème de dotation en personnel, en partie un symptôme de la recrudescence des virus respiratoires qui coïncide avec la pandémie, et en partie un problème de sous-financement chronique, un aspect des services que les hôpitaux ontariens ont du mal à gérer. L’HGH n’a pas réussi à se protéger de cette réalité.
Les temps d’attente jusqu’à la première évaluation au service des urgences (le temps écoulé entre l’enregistrement au service des urgences et la première évaluation par un médecin ou une infirmière praticienne) sont supérieurs à la moyenne provinciale à l’HGH depuis plus d’un an, selon les données de Santé Ontario. L’écart entre l’HGH et la moyenne s’est creusé depuis janvier. En octobre 2022, le temps d’attente pour une première évaluation atteignait 4,6 heures, soit plus du double de la moyenne provinciale de 2,2 heures.
Pour les patients qui sont admis à l’hôpital par le biais du service des urgences (SU), le temps d’attente moyen dépassait 46 heures, soit le double de celui des deux campus de l’Hôpital d’Ottawa, du CHEO et de la moyenne provinciale, ce qui en fait le pire de la province. Bien que le volume de patients admis soit resté stable au cours de la dernière année, seulement neuf pour cent des patients ont été admis par le biais du service des urgences dans le délai cible de huit heures, fixé par la province.
Cette situation survient alors que l’hôpital a officiellement terminé ses rénovations en avril 2022. Le projet d’expansion, qui a débuté en 2014, a permis de doubler la capacité du service des urgences, désormais capable d’accueillir 70 000 visites par an.
L’hôpital a également augmenté le nombre de lits de 69 à 100, doublé le nombre d’employés de 300 à 750, et plus que doublé le nombre de médecins de 60 à 160.
Malgré ces améliorations, M. Beauchemin a déclaré que des problèmes persistent dans l’ensemble du système et qu’ils sont plus difficiles à résoudre que l’augmentation de la capacité. Il compare la situation à celle d’une chaîne de montage d’un constructeur automobile : même si une seule pièce manque, toute la chaîne en ressent les effets.
« Dans un monde parfait, vous optimisez vos congés, car les soins de longue durée fonctionneraient à 100 % et les services communautaires seraient en place. Si vous êtes en mesure de faire sortir les patients plus rapidement, vous serez en mesure de faire tourner les lits plus rapidement, puis de soulager le service des urgences, a indiqué M. Beauchemin. Il ne s’agit pas de pointer du doigt, c’est juste une réalité de cet écosystème. »
La façon dont l’hôpital espère résoudre ces problèmes est la dotation en personnel et la rétention, combinée à l’exploration des possibilités de développer les liens avec les partenaires communautaires.
« Comment pouvons-nous aider nos partenaires communautaires à s’assurer que nous pouvons fournir des congés sécuritaires à domicile ? Comment pouvons-nous travailler avec nos partenaires pour que notre service d’urgence fonctionne bien et que les patients puissent entrer et sortir rapidement ? Comment pouvons-nous nous assurer que nous avons une excellente stratégie de recrutement et de rétention », a observé M. Beauchemin.
La communauté au cœur de l’action
Beauchemin et M. Yelle veulent s’assurer que la communauté reste la priorité de l’HGH alors qu’il adapte son offre de services.
À mesure que la population vieillit, à un rythme particulièrement rapide dans les CUPR, M. Beauchemin a déclaré que l’HGH devra prendre de l’avance dans les services qu’il offre. « Si les besoins de la communauté changent dans trois ou quatre ans, alors c’est à nous de nous adapter. »
« C’est d’une grande importance pour la région. Avant, il fallait conduire ses parents à Ottawa pour obtenir certains services. Maintenant, beaucoup de ces services sont dans l’hôpital, ici. Et pour moi, c’est la clé », a avancé M. Yelle.
Bien que les patients puissent avoir besoin d’accéder à certains services à Ottawa ou à Montréal, comme les soins tertiaires et les chirurgies complexes, M. Beauchemin croit que l’HGH doit être là pour tout le reste.
« Il devrait y avoir un centre qui offre ce niveau de service plus près de chez nous, a dit M. Beauchemin, et c’est ce que représente l’HGH. »