Pur produit de Lachute, Marie-Josée fait partie de ces rares jeunes qui n’ont pas eu à s’expatrier pour exercer leur métier. Titulaire d’un diplôme d’intervention en loisirs, elle a fait son stage d’études à la ville de Lachute où elle a attiré l’attention de la chambre de commerce du grand Lachute (qui deviendra plus tard la CCIA). On pourrait croire que loisirs et chambre de commerce ont le même rapport qu’un esturgeon et le lait en poudre. Pourtant, il y en a un puisque, en 1998, la Chambre de commerce offre à Marie-Josée d’organiser le premier Festival autorétro. Grosse affaire à l’époque que ce festival qui existe encore en version plus modeste. Les voitures étaient exposées au parc Barron pendant qu’une foule d’activités se tenait dans la rue Principale fermée à la circulation automobile: kiosques de marchands et d’artisans, chanteurs, danseurs, acrobates et musiciens qui performaient devant les restos ou les bars, jeux gonflables pour les enfants, de belles activités en somme.
Marie-Josée a attiré l’attention puisque, en 2001, le défunt Centre local de développement (le CLD qui deviendra le Service de développement économique -SDE- sous la coupe de la MRC) lui offre un poste d’agente de développement touristique, travail qu’elle conservera durant onze ans et demi.
2012, la chambre de commerce revient à la charge et la nomme chargée projet, travail qu’elle occupe jusqu’en 2019, date à laquelle elle accède à la direction générale de l’organisme. Entretemps, Marie-Josée est devenue la maman de deux filles.
2019, rappelons-le, c’est une année avant la pandémie. Concrètement, cela se traduit par une grande débandade dans l’univers entrepreneurial. Mis à part les marchés d’alimentation, les compagnies en construction et les vendeurs de Plexiglas derrière lesquels se cachent caissières et commis, plusieurs commerces doivent fermer leurs portes. Fermetures temporaires en principe, mais pour quelques-unes, définitives. À la CCIA, c’est la consternation. Pour Marie-Josée Lapierre c’est aussi l’occasion de faire une démonstration de sang-froid et d’imagination.
Les chambres de commerce sont des clubs de gens d’affaires. Sans but lucratif, elles ont pour fonction de permettre aux hommes et femmes d’affaires d’une région de se connaître d’abord puis de se développer. «Tout ce qu’on fait, dit Mme Lapierre, c’est d’outiller nos entrepreneurs afin d’améliorer la santé de leurs entreprises.» Cela se traduit par des programmes de réseautage et de formation sur la gestion, le recrutement, la productivité, etc. Le financement provient des cotisations annuelles des membres, de l’aide des gouvernements et de certaines activités de financement. En avril 2020, Mme Lapierre demande à son conseil d’administration de suspendre les cotisations des membres. «Je ne me voyais pas envoyer un avis de cotisations à des entreprises qui venaient de fermer ou de mettre à pied une partie de leur personnel», dit-elle. En outre, elle propose d’offrir les services de la CCIA à toutes les entreprises de la MRC, qu’elles en soient membres ou non. Notons que l’État, soucieux de ne pas subventionner des entreprises en pause suspend certains octrois. La directrice a donc dû se «revirer sur un dix cennes» pour trouver des sources de financement alternatives. Elle sollicite entre autres l’Office québécois de la langue française qui lui permet de peaufiner le site Web de la CCIA et d’engager une adjointe administrative, Véronique Brazeau, ce qui la libère de la gestion quotidienne pour consacrer plus de temps à la recherche et la mise sur pied d’activités de développement. Une des réalisations dont elle est la plus fière: une certification en leadership et en habileté de gestion donnée par l’Institut de Leadership d’une valeur de 5595 $ par tête qu’elle a obtenue pour 25 participants au prix de 995$ par personne. Un petit miracle.
Septembre 2022, les activités annuelles reviennent à la normale à la CCIA. Les entreprises sont rouvertes, on émerge de la morosité des deux dernières années, mais souligne Marie-Josée, ce ne sera plus jamais comme avant. Il faudra s’adapter. S’adapter, c’est ce que la CCIA n’a jamais cessé de faire au cours de ses 75 ans d’existence.
Les efforts d’aujourd’hui portent sur le réseautage qui est un peu la colonne vertébrale du monde des affaires. Mais on veut également susciter la participation du grand public au développement des entreprises. C’est pourquoi la CCIA a mis sur pied une campagne d’encouragement à l’achat local en décembre 2020. Un des moyens choisis a été la création d’une monnaie locale, le CCIA dollar. Il s’agit de certificats de 25 $ échangeables dans la plupart des commerces locaux. Sont exclues évidemment les multinationales et les compagnies dont le siège social se trouve ailleurs au Québec ou au Canada. Il y a actuellement près de 150 000 de ces dollars en circulation dans la MRC. L’année dernière, profitant d’une campagne de promotion du gouvernement fédéral en faveur de l’achat local, la CCIA a fait une offre qu’on ne pouvait pas refuser. Pour chaque tranche de 50$ de CCIA dollars jusqu’à concurrence de 250 $, l’acheteur recevait 25$ en prime. C’est dire que 250$ dollars CCIA valait 375 $ en bons billets du Dominion. Malheureusement cette offre n’a eu qu’un temps et n’existe plus aujourd’hui. Mais, des projets, les tiroirs de Marie-Josée Lapierre en sont pleins pour les mois, voire les années à venir.