Au bonheur d’écrire

Par Karine Audet
Au bonheur d’écrire

Issu du monde de la science, Michel Blanchette a enseigné la biologie au secondaire pendant 33 ans. Bien qu’il adorât son métier d’enseignant, il décida à cinquante ans de prendre sa retraite 5 ans plus tôt. C’est qu’il caressait des rêves qu’il n’aurait pas assez de toute une vie pour réaliser.  

Marathonien, il voulait courir un peu partout dans le monde (60 000 kilomètres dans divers pays); il entendait aussi se bâtir une maison (il en a construit deux). Et puis aussi, écrire un livre. Il y songeait depuis des années.  

Bien avant de laisser l’enseignement, il avait commencé à prendre des notes, mais au contraire de bien des gens pour qui écrire ne demeure qu’une velléité, Michel Blanchette s’est mis à l’ouvrage. Amateur de livres de croissance personnel qu’il qualifie d’inspirant (Le Secret, par exemple), il souhaitait faire un bouquin qui suscite chez le lecteur une forme d’espérance. «Je ne voulais pas m’enfermer dans une ambiance sombre, comme dans les romans noirs», dit-il en substance. Comme il éprouvait en outre une inclination pour le dépaysement fantastique (ses livres fétiches sont Dune de Frank Herbert et Le Seigneur des anneaux de Tolkien), il va donc unir ses deux centres d’intérêt pour produire un récit initiatique inspirant.  

Il s’agit d’une quête qui met en scène un garçon dont on suit le parcours depuis l’âge de quinze ans jusque dans la jeune trentaine. Durant cette période, le héros, Martin, rencontrera neuf «maîtres» qui le soumettront à autant d’épreuves qui le mèneront à la pleine conscience, du moins on le suppose. L’auteur aura mis quinze ans à peaufiner son récit. Quinze ans et sept cent quatre-vingt-onze pages, autant dire huit cents. «Pas quinze années de travail quotidien, souligne l’auteur de soixante-huit ans. Mais il m’est parfois arrivé d’écrire huit heures de suite!» Car écrire pour Michel est un plaisir. D’aucuns écrivent dans la douleur. Pas lui pour qui l’écriture est un réconfort. Il souhaite d’ailleurs que son public éprouve le même sentiment en le lisant. C’est ce qu’il entend par un livre inspirant.  

En écrivant son roman auquel il a bien l’intention de faire un petit frère (il prépare déjà une suite aux Verrous de l’aube qui ne sera pas un roman, mais plutôt une exploration des écrits des Maîtres que Martin aura rencontrés), Michel Blanchette pensait à l’avenir. C’est-à-dire, la publication. Esprit indépendant, il n’était guère enclin à confier son bébé à une tierce personne, étrangère de surcroit. C’est pourquoi il a choisi de fonder sa propre maison d’édition, Les Éditions du huard solitaire. Avec la démocratisation des outils graphiques via Internet, de plus en plus d’auteurs choisissent l’auto-édition pour faire paraître leurs ouvrages. S’ils évitent ainsi le désagrément des lettres de refus, ils doivent néanmoins affronter plusieurs obstacles le plus importants étant la distribution. Les éditeurs traditionnels font affaire avec des distributeurs dont le travail consiste précisément à publiciser et à livrer les ouvrages aux différents points de chute: librairies agréées, grandes surfaces, pharmacies, etc. La plupart des autoéditeurs doivent donc assurer leur propre distribution ce qui n’est pas évident compte tenu de l’Immensité du territoire. Ça fait beaucoup pour une seule personne. 

Autre chose: l’éditeur professionnel dispose de personnel spécialisé pour le travail éditorial, c’est-à-dire la lecture critique des textes, la création de la couverture et la correction des manuscrits afin d’en éliminer fautes, coquilles et autres scories. On ne parle même pas des subventions auxquelles l’autoéditeur n’a pas accès. Ce dernier doit se débrouiller tout seul. À ses frais.  

Michel Blanchette, conscient de tous ces écueils a tout de même choisi l’autopublication pour Les Verrous de l’aube. Il a fait relire le manuscrit par plusieurs personnes, a engagé du monde pour le corriger et utilisé un tableau de sa collection pour orner la couverture. Au fait, ce tableau signé Denise Maisonneuve représente une maison qu’occupait Marco Polo lors de son passage en Croatie, ce qui ne peut mieux convenir au récit d’une longue quête. Michel s’est en outre doté d’un site web fort bien fait où on peut se procurer le livre. Il est devenu membre de l’UNEQ ainsi que de l’Association des Auteurs des Laurentides qui lui a ouvert à la fois les portes de la librairie Lu et relu ainsi qu’une prestation à l’émission Du livre au cœur animée par Martine Laval.  

Enfin -on n’est jamais si bien servi que par soi-même-, il s’est offert un lancement à l’ancienne avec petits fours, vin d’honneur et diaporama auquel assistaient parents, amis et notables d’Argenteuil. Les Verrous de l’aube a donc commencé à vivre sa vie de livre dans notre région. Outre les deux points de vente déjà mentionnés, il est disponible au Centre d’art d’Argenteuil, rue Clyde à Lachute. 

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