La fermeture d’un pont inquiète les citoyens

Par Karine Audet
La fermeture d’un pont inquiète les citoyens

C’est cette dernière qui a attiré un public nombreux au point où on a dû ajouter des chaises dans le corridor qui jouxte la salle du conseil. Notons qu’aucun des candidats aux élections d‘octobre prochain n’assistait à cette réunion pourtant capitale.  

Si la résolution est simple, les raisons pour lesquelles la ville l’a formulée sont complexes, nombreuses et éloquentes. Rappelons d’abord l’origine du litige: le ministère des Transports a annoncé par voie de communiqué que le pont  P-00324 au cœur du village nécessite des rénovations, deux poutres étant rongées par l’érosion. En conséquence, le pont sera fermé pendant 22 semaines (presque 6 mois) en 2023. Le problème n’est pas nouveau; l’ancienne administration avait été prévenue que certaines des piles du pont arrivaient en fin de vie, si bien qu’on avait limité la circulation à une seule voie.   

Mais voilà que le ministère revient à la charge avec son annonce de fermeture. La nouvelle a évidemment fait réagir les commerçants qui sont inquiets des conséquences.  La route 344 appelée aussi route du Long-Sault est un itinéraire favori des touristes durant l’été. Si les motos font du bruit, elles apportent aussi leur lot de gros sous dans les restaurants et boutiques du village. 

Pour les résidents, cette fermeture pourrait avoir des effets désastreux. Dans les faits, la ville serait littéralement coupée en deux. Or, il se trouve que la totalité des commerces de Saint-André est regroupée sur la rive nord de la rivière du Nord, la rive sud ayant une vocation résidentielle. Les habitants de ce secteur doivent donc emprunter le pont pour effectuer des achats locaux ou se rendre à Lachute faire leur commande d’épicerie. Sans pont, ils doivent passer par Carillon et Saint-Philippe pour rejoindre l’autoroute 50 ou la rue Principale de Lachute. Même si le paysage vaut le déplacement, il s’agit quand même d’un détour de quelque trente kilomètres.  

Il s’agit donc de trouver une solution qui satisfasse tout le monde: éviter la fermeture complète du pont tout en permettant l’exécution des travaux nécessaires. Certains citoyens de bonne volonté ont avancé des propositions originales: une dame a suggéré d’avoir recours à l’armée qui pourrait installer en une journée des ponts flottants. Après tout, lors des inondations de 2019, les militaires étaient venus prêter main-forte aux riverains. Le hic, c’est que l’ordre venait du premier ministre et non pas de la ville qui ne détient pas ce pouvoir.  

Un autre citoyen, Claude Taillefer, a proposé de faire appel à Doran Contractor Ltd, une firme spécialisée dans la construction d’infrastructures. Cette compagnie a développé une technique qui permet de construire un pont à côté de celui qu’elle doit remplacer et de le glisser ensuite à sa place après avoir démoli le premier. Le temps de construction n’a donc plus d’importance et la mise en place du nouvel ouvrage se fait en un week-end. Malheureusement, là encore, seul le ministère des Transports a le droit de faire appel à des compagnies privées après avoir passé par le processus des soumissions publiques. Le maire Stephen Mathews a annoncé hier que la ville attendait une réponse finale du ministère le 19 octobre prochain. Sans faire preuve de naïveté, il s’est quand même dit optimiste. La résolution d’hier se voulait simplement un appel du pied pour rappeler aux instances l’importance du problème.  

On sentait néanmoins chez les citoyens présents une volonté d’accélérer les choses, un sentiment que partageait le conseiller Patrick Côté qui a réaffirmé favoriser la mobilisation des citoyens. Quelques-uns des commerçants présents ont d’ailleurs exprimé leur intention de faire circuler une pétition pour le cas où le ministère persisterait le 29 septembre dans son intention de fermer le pont de la route 344. C’est donc à suivre dans les prochaines semaines. En passant, on devrait lui donner un nom à ce pont. P-00324, ça manque un peu de poésie.  

 

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