Ce sont trois hectares qui sont cultivés pour cette 11e année de production par la Ferme Belle Roche, qu’il a fondée avec la mère de ses deux enfants, Caroline Bélanger, une agronome formée au Collège Macdonald. Malgré la séparation vécue au début du covid, il a une réelle admiration pour ses aptitudes de logistique et à remplir la paperasse, un processus harassant pour ceux qui travaillent déjà plus que la moyenne des ours. «Moi je fais tout à la main avec des photos, c’est laborieux, avoue celui qui s’inclinera si on lui retire sa certification biologique parce que les données ne seront pas informatisées. Moi, je veux produire des légumes!» Et ses clients savent qu’il travaille consciencieusement.
À la ferme située à Brownsburg-Chatham, autrefois une ferme laitière, il cultive une cinquantaine de variétés de légumes et de fines herbes, avec le sceau de certification biologique depuis 8 ans. On propose des paniers abondants hebdomadaires d’environ 9 items pour 33,50$. Parce qu’ici, Simon Rochon pratique une agriculture à échelle humaine. Mais cette forme d’agriculture a un coût qui est loin de compétitionner avec ceux qui pratiquent de grandes cultures. Les marges de profit sont faibles et les consommateurs sont frileux, surtout en cette année d’inflation. «Depuis les 100 dernières années, nous avons eu un boom de connaissances, mais on nous éduque à vivre dans ce système-là…» Ce système-là, c’est de pousser les gens à consommer davantage de produits, tout en ne se souciant pas de la qualité et de la provenance de ce qu’on achète, ni de son coût environnemental. «Dans la Révolution tranquille, on a jeté le bébé avec l’eau du bain. Nos valeurs ancestrales de partage et d’échanges ont pris le bord», avance le fermier qui demeure tout de même positif en faisant preuve d’imagination pour sauver cette terre qu’il doit refinancer. Par exemple, quarante de ses 70 hectares produisent du foin. Un voisin vient le couper en échange de fumier, une agriculture regénératrice. La route tourne, il fait preuve de résilience et se bat pour sa survie. Les agriculteurs sont aux prises avec tellement d’exigences et l’envolée des taux d’intérêts n’aide en rien.
Voilà un mois, il était dans l’attente de deux travailleurs étrangers pour veiller avec lui au travail incessant que nécessitent les terres. Sa nouvelle mission consiste à aussi être un lieu de réinsertion sociale: aider des gens à revenir aux valeurs essentielles en brassant la terre et en accomplissant un travail qui aide à remplir le frigo des Québécois d’aliments frais. Il avait lui-même repris goût à la terre sur ce type de ferme voilà 10 ans comme bénévole. «Je proclame que cette terre est une terre d’accueil et je la remets à Dieu», lance-t-il d’un ton philosophique.
Questionné à savoir pourquoi il ne devient pas un organisme à but non lucratif, il est clair et mordant: