Mais au-delà des quatre stations de service, du restaurant qui offre une vingtaine de poutines et de la crèmerie avec une petite vache devant, Grenville est un village où vivent environ 1800 habitants. Niché sur une pointe de terre qui s’avance dans la rivière des Outaouais, le village porte le nom de son fondateur, le baron Windham de Grenville qui créa le canton de Grenville en 1808. Des colons francophones vinrent rejoindre les habitants anglophones deux années plus tard.
Au début, la petite localité vécut de la forêt. Comme il faut acheminer le bois vers les industries de transformation, on entreprend en 1818 la construction du canal de Grenville afin de permettre au trafic maritime de contourner les rapides du Long-Sault. En 1831, on construit le pont Pearly qui relie Grenville à Hawkesbury; puis en 1863, on inaugure un chemin de fer qui relie le village à Carillon. Aujourd’hui, l’industrie forestière n’est plus qu’un souvenir, de même que le pont Pearly remplacé par le pont du Long-Sault en 1998.
Grenville est un petit village paisible qui se développe tranquillement, mais sûrement au rythme des demandes de ses citoyens. Pierre Thauvette est devenu maire malgré lui lors du décès de M. Luc Grondin en novembre 2018. Pro maire à cette époque et conseiller municipal depuis 25 ans, M. Thauvette est un ancien responsable des loisirs dans le village. C’est dire que la qualité de vie de ses concitoyens lui importe autant que l’impôt foncier.
Élu de manière officielle en novembre dernier, M. Thauvette entend poursuivre les politiques de son prédécesseur axées sur l’écoute des citoyens tout en respectant la vocation résidentielle des lieux. Comme il n’y a guère plus de 1800 habitants pour se partager les factures, le village doit compter sur les octrois des gouvernements fédéral et provincial pour réaliser certains projets.
C’est ainsi que cette année a été faste pour Grenville qui a vu se concrétiser trois importantes mises en chantier. Il y a d’abord le toit de la patinoire qui a bénéficié d’une subvention de 545 000 $, la moitié de la somme que la construction a coûtée. Un toit sur une patinoire peut sembler un luxe inutile, mais quand on y regarde de plus près, on se rend compte que les avantages sont nombreux. D’abord, cela permet d’utiliser l’endroit pour d’autres activités que le hockey; on peut s’en servir pour des spectacles, voire même des réceptions officielles sans se préoccuper des intempéries. D’un strict point de vue sportif, l’ajout d’un toit prolonge la saison de patinage parce qu’il bloque les rayons d’un soleil printanier qui ne demandent pas mieux que de faire fondre la glace.
Dans le but avoué de séduire les jeunes grenvillois et leur donner envie de revenir lorsqu’ils auront eux-mêmes une famille, on a créé un parc pour planches à roulettes et trottinettes qui, au coût de 100 000 $, leur fournit un endroit sécuritaire pour pratiquer leur activité de prédilection. Cet ajout fait partie d’un programme annuel d’amélioration des infrastructures sportives de la ville.
Chaque année la ville travaille à améliorer les terrains de jeux situés à proximité du Centre communautaire. On ajoute des jeux d’eaux et de nouveaux portiques pour les petits; pour les plus grands, on a amélioré le parc de baseball jumelé à un terrain de soccer. Les amateurs de tennis ont eu droit à une réfection des surfaces de jeu sur lesquelles on a tracé, à la demande des citoyens, des lignes pour le pickle ball.
Le troisième grand projet du maire Thauvette, «ça faisait longtemps qu’on l’attendait celui-là», sera la restauration du Canal historique de Grenville dont une partie des murs s’est effondrée. Les gouvernements fédéral et provincial ont injecté tous les deux chacun 2,5 millions. On espérait effectuer l’ensemble des travaux nécessaires avec la somme de 5 millions. Malheureusement, à cause de la hausse galopante des prix, on ne pourra pour l’instant refaire qu’un côté du canal. Cette restauration permettra toutefois la création d’une marina capable d’accueillir une trentaine de bateaux ce qui contribuera au développement du tourisme dans la région.
Les travaux débuteront le 15 août. Le maire Thauvette ajoute que ce ne sont pas les projets qui manquent, mais si la communauté grenvilloise ne boude pas le développement, elle entend le faire à son rythme. Cela étant, on pourrait nourrir l’impression que Grenville est une ville dortoir comme on il en existe un peu partout. Signalons que le village comprend aussi un parc industriel en pleine croissance. Mais ça, c’est une tout autre histoire à suivre.