Le talent de Jessie Armand au centre-ville 

Par Karine Audet
Le talent de Jessie Armand au centre-ville 

Jessie Armand est un rebelle. Plus jeune, c’est un élève plutôt médiocre qui dessine plus qu’il n’étudie; fasciné par les tagueurs, il parcourt Montréal à la recherche de surfaces pour laisser sa marque. En conséquence, la police l’arrête plusieurs fois. Son père, sans doute lassé d’aller chercher son fils au poste, veut néanmoins encourager son talent; il conduit le fiston à l’édifice abandonné de la Redpath Sugar où le jeune peut taguer à son goût sans se voir accusé de vandalisme.  

À 17 ans, Jessie déménage à Saint-André d’Argenteuil. Contrairement à ses copains qui trippent jeux vidéo, sa passion, c’est le dessin. On lui propose des petits contrats, des chambres d’enfants avec des personnages de «comics». Il s’offre aussi quelques murs d’édifices désaffectés pour le plaisir, mais il n’imagine pas gagner sa vie avec ça. Habile de ses mains et curieux de savoir comment fonctionnent les machines, il étudie la mécanique industrielle et devient mécanicien de remonte-pente avant de passer à l’entretien de charriots-élévateurs. Au cours d’une réparation, une conduite hydraulique éclate et il se retrouve couvert d’huile. Écoeuré, tout en prenant une bière chez un copain, il visionne l’émission Orange County Choppers, une émission consacrée à la décoration personnalisée de motos. C’est la révélation: décorer des motos: voilà ce qu’il veut faire dans la vie.  À 24 ans, il s’inscrit à un cours de carrosserie pour apprendre les rudiments de la préparation des surfaces et les techniques de peinture sur métal. Son passé de tagueur et son habileté de dessinateur le servent dans l’usage de l’aérographe. Au bout de quelques mois, il juge qu’’il en connaît assez; il abandonne le cours et se lance en affaires. Il complète sa formation avec Alain Panneton, le guru des aérographeurs, qui lui offre un travail d‘été.    

Le problème avec la décoration de motos, c’est que ça coûte cher en temps et en matériau; et puis, ça ne rapporte pas tellement parce que la plupart des clients sont fauchés, sauf les motards criminalisés que Jessie préfère ne pas fréquenter. Au bout du compte, il travaille des heures pour des pinottes.   

Arrive un client qui lui suggère de faire un dessin au Sharpie. «Quand j’ai découvert le Sharpie, je n’ai plus touché à mon airbrush».  Et quand Sharpie a découvert Jessie, la compagnie lui a offert un contrat.  Pendant six ans, Jessie participera à une foule d’événements en échange de quoi, on lui fournit des crayons. 

 

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