Ça pousse chez vous?

Par Karine Audet
Ça pousse chez vous?

Vingt-sept ans plus tard, grâce à elle, la région s’est enrichie de nombreux jardins, certains modestes, d’autres somptueux, mais qui traduisent tous les connaissances et la créativité de leurs propriétaires. On est désormais loin des quelques géraniums plantés dans un pneu au milieu d’une pelouse.  

Aujourd’hui, la SHA compte une centaine de membres bien que la pandémie lui en ait fait perdre quelques-uns. La pandémie et Internet, car on trouve maintenant sur la toile et sans bourse délier une foule de sites horticoles riches d’information ce qui n’était pas le cas il y a vingt ans.  

En revanche, les sociétés horticoles comme la SHA permettent, en temps normal, des contacts humains. Des échanges de plantes aussi. Au siècle dernier, dans les années soixante, la mode était aux rocailles et aux gazons qu’on entretenait à grand renfort d’engrais et d’herbicides pour qu’ils ressemblent aux pelouses anglaises. Ces dernières constituaient la référence bien que le Québec ne bénéficiât pas du climat des îles britanniques.  

Dans la région, la SHA a beaucoup fait pour transformer les mentalités. Par ses cours d’aménagement paysager, ses conférences et ses ateliers, elle a exercé une influence déterminante sur le comportement de jardinier en devenir. Il faut dire qu’à la fin des années 90, une foule d’indices annonçaient le succès de cette activité. L’augmentation de l’espérance de vie, la prise de retraite anticipée, les mouvements de la population urbaine vers la campagne, la redécouverte de la nature, les fluctuations du climat, l’influence des médias consacrés à l’horticulture ont tous contribué à la multiplication des pépinières, à la production de nouvelles variétés de plantes, bref à la croissance de l’horticulture qui est devenue une industrie de 1,4 milliard de dollars en 2019 au Québec. 

 À Lachute, dit Manon Choinière, présidente de la SHA, les choses ont bien changé depuis la fondation de l’organisme. Comme d’ailleurs, partout au Québec. Les amateurs ne se contentent plus seulement de plates-bandes fleuries. Ils s’intéressent de plus en plus à la culture de végétaux comestibles. Depuis les fines herbes en bacs qu’on fait pousser sur son balcon jusqu’aux arbres fruitiers que l’on plante sur son terrain, ce qui se mange a la cote. Au point que, de plus en plus, on voit des plates-bandes mixtes où tomates et concombres côtoient hémérocalles et hostas. La quantité de fleurs comestibles est aussi à la hausse. C’est en somme une sorte de retour du balancier puisque dans les années cinquante, à la campagne, nombre d’agriculteurs égayaient leur potager avec des roses trémières et des glaïeuls.  

L’âge moyen des membres a quelque peu baissé à la SHA. Mme Choinière pense que les plus jeunes, sans doute à cause de leurs préoccupations écologiques, ont tendance à pratiquer l’horticulture davantage que les retraités qui préfèrent voyager et faire appel à des paysagistes pour réaliser le jardin de leurs rêves. On a pu constater d’ailleurs dans Argenteuil une augmentation du nombre de ces artisans depuis vingt ans.  

La pandémie a donné un dur coup à la SHA. Comme la plupart des activités se déroulent en personne, les réunions, les ateliers et les conférences ont été suspendus. Ces dernières reprendront toutefois à la fin du mois. Les thèmes choisis reflètent bien les changements. La première conférence, qui a eu lieu le 20 avril dernier et prononcée par M. Serge Fortier, a porté sur la culture sans engrais ni «cides» d’aucune sorte selon les principes d’agriculture naturelle émis par le microbiologiste japonais Masanobu Fukuoka. Une autre, le 21 septembre, traitera de la fabrication d’une cave à légumes. Entretemps, le 18 mai, Julie Boudreau abordera le domaine des fleurs comestibles et autres productions alimentaires. On prépare de nouvelles conférences pour la rentrée de septembre de même que des ateliers pour l’année prochaine.  

Autre conséquence de la pandémie: suspensions des visites locales de jardins, des cours et des voyages. Dans une vie antérieure, la SHA a déjà organisé un séjour aux Pays-Bas, grand producteur de tulipes. S’il n’est pas question pour le moment de voyage à l’étranger, on prévoit se rendre aux mosaïcultures de Québec les 6 et 7 juillet prochain et en octobre, la Société organise une journée «cidre et noix » dans Lanaudière. Plus précisément à St-Ambroise au jardin de noix et à l’Abbaye Val Notre-Dame. En somme, même malmenée par la Covid, la SHA se refait une santé et reprend sa place dans la vie sociale d’Argenteuil. 

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