le Samedi 1 avril 2023
le Mercredi 13 avril 2022 19:20 | mis à jour le 13 avril 2022 19:25 Le Carillon (Hawkesbury)

De Soumy en Ukraine à St-Eugène

Dymiitro Gordiienko, ingénieur-mécanicien de la Ferme Villeneuve de St-Eugène — Photo Gérard Malo
Dymiitro Gordiienko, ingénieur-mécanicien de la Ferme Villeneuve de St-Eugène
Photo Gérard Malo
Il s'appelle Dymiitro Gordiienko, il vient de Soumy en Ukraine, une ville de 200 000 habitants, à moins d'une trentaine de kilomètres de la frontière avec la Russie et la Biélorussie, et il habite et travaille à Saint-Eugène depuis deux ans. L'histoire de ce jeune homme de 30 ans, heureux d'être au Canada mais inquiet pour les membres de sa famille à Soumy, vaut la peine d'être racontée.

Détenteur d’un diplôme universitaire d’ingénieur mécanicien en agriculture, Dymiitro Gordiienko travaille comme superviseur mécanicien dans une grande ferme collée sur la frontière entre l’Ontario et le Québec, à quelques kilomètres du village de Saint-Eugène, la fameuse Ferme Villeneuve.

La mécanique je l’ai dans le sang, a-t-il raconté dans un anglais approximatif. Dès le début de mon adolescence je réparais n’importe quoi, à commencer par des bicyclettes. Pour moi, la mécanique c’est easy come easy go. » 

— Dymiitro Gordiienko

Avant d’aboutir à Saint-Eugène, cet ingénieur mécanicien a beaucoup voyagé, durant une bonne dizaine d’années. Il a travaillé dans plusieurs pays, au Danemark, dans d’autres pays d’Europe ainsi qu’au Mississippi. «Il y a du bon et du mauvais partout. Mais je préfère me concentrer sur ce qui est bon et j’en ai trouvé au Canada. Je n’en reviens pas de l’accueil sympathique, voire chaleureux des Canadiens à mon endroit.» Son visa canadien de travail de deux ans arrive à expiration mais il en a obtenu le renouvellement pour deux autres années. Entretemps, Dymiitro a entrepris des démarches pour obtenir un statut de résident permanent, dans l’espoir d’obtenir la citoyenneté canadienne pas la suite. «J’aime ce pays avec ses deux langues officielles. Ça développe le cerveau et ça ouvre l’esprit d’apprendre une langue seconde, soit l’autre langue officielle.» Présentement, il prend un cours de conversation française au Centre Moi j’apprends à Hawkesbury. 

Par ailleurs, Dymiitro Gordiienko vit avec une grande tristesse, ce que sa chère Ukraine natale est en train de subir avec l’invasion russe de Vladimir Poutine.

Avant les premiers bombardements en février, je ne pouvais pas y croire. Soumy est reconnu en Europe pour sa production de sucre. Les Russes ont tenté deux fois d’occuper ma ville natale. Ils ont bombardé et détruit des édifices. Mais sans véritable succès car par deux fois, l’armée ukrainienne les a repoussés. Mais ils rodent toujours dans les parages.

— Dymiitro Gordiienko

Il s’inquiète d’autant plus que sa famille est toujours à Soumy. «Mon père refuse de partir. Il dit que c’est là qu’il est né et que c’est là qu’il reste. Mon grand-père également refuse d’aller se réfugier ailleurs. Lui qui dans son temps a survécu à l’horreur de l’occupation de l’Allemagne nazie et au régime totalitaire de l’ex-Union soviétique. Heureusement, a-t-il ajouté, que le Canada, les États-Unis et les autres pays de l’OTAN continuent de fournir de l’aide humanitaire et des armes à l’Ukraine.» 

Dymiitro Gordiienko confie qu’il s’est adressé à l’ambassade ukrainienne à Ottawa pour savoir s’il devrait se rapporter au combat. «Ils m’ont répondu qu’ils préfèrent mobiliser des hommes qui ont de l’expérience avec les armes comme les lanceurs de missiles Javelins par exemple. Moi je ne suis qu’un civil qui ne connait pas ça. Alors je me contente de me porter volontaire pour trouver de l’aide humanitaire non létale.» Il se dit très reconnaissant envers le gouvernement canadien pour son aide et il remercie du fond du coeur les Canadiens qui offrent d’accueillir chez eux des réfugiés ukrainiens. Et que pense-t-il du président  Volodymyr Zelensky? Un leader et un héros inoubliable. Et Vladimir Poutine? Un criminel de guerre responsable d’un génocide en Ukraine. »