Le premier ministre Justin Trudeau et le président des États-Unis Joe Biden ont tous deux annoncé des sanctions contre la Russie en réponse à son attaque contre l’Ukraine. La Russie a lancé une invasion à grande échelle de l’Ukraine le 24 février, ce qui a entraîné une escalade de la guerre russo-ukrainienne et marqué la plus grande opération de guerre conventionnelle en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Bien que le conflit soit toujours en cours et que le nombre de morts continue à augmenter, les économistes prévoient déjà un impact important sur les économies occidentales.
La Russie fournit actuellement environ 10% de l’approvisionnement mondial en pétrole brut chaque jour. Entre autres répercussions, le président russe Vladimir Poutine a menacé de couper cet approvisionnement en réponse à la sanction, ce que le Canada ne serait pas en mesure de couvrir. Selon la société d’investissement Ninepoint, basée à Toronto, les capacités d’acheminement et d’exportation du pétrole et du gaz naturel ont déjà atteint leurs limites.
Quant à la possibilité que le Canada exporte davantage de pétrole pour combler le vide laissé par l’approvisionnement russe, Eric Nuttall, partenaire et gestionnaire de portefeuille de Ninepoint, a déclaré : « C’est impossible. » La décision de l’Amérique du Nord de limiter l’expansion des pipelines a limité sa capacité à transporter le pétrole brut, a déclaré monsieur Nuttall, au point que le Canada et les États-Unis importent encore du pétrole d’outre-mer. Selon l’Association canadienne des producteurs pétroliers, le Canada importe environ 550 millions de dollars de pétrole brut russe par an, dont la majeure partie est destinée à l’Est du Canada.
L’incertitude entourant le conflit a déjà fait grimper les prix du pétrole à environ 100 dollars le baril, mais si le conflit se poursuit, l’économie mondiale ralentira, et les prix du pétrole risquent de s’effondrer.
« Personne ne devrait être étourdi par le pétrole », a déclaré Barry Schwartz, responsable des investissements chez Baskin Financial. « Il est possible que les prix du pétrole continuent d’augmenter car les événements mondiaux restent incertains, mais en fin de compte, si l’invasion se poursuit, si elle s’aggrave, les économies du monde entier vont ralentir considérablement et c’est un scénario terrible pour le pétrole. »
Outre le pétrole, les marchés alimentaires mondiaux seront également touchés. L’Ukraine et la Russie sont toutes deux d’importants fournisseurs de céréales, produisant ensemble 25% du blé mondial. Les manœuvres navales russes font courir un risque considérable de fermeture des ports ukrainiens, ce qui signifie que les marchés européens vont chercher du blé ailleurs. En tant qu’exportateur majeur de céréales, le Canada sera l’un de leurs premiers arrêts, ce qui signifie une nouvelle hausse des prix sur les marchés intérieurs. Les prix du blé ont déjà augmenté de 15% au cours du mois dernier.
La hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie a fait grimper l’inflation à des sommets inégalés depuis plusieurs décennies, même sans le conflit. Avec l’éclatement soudain de la guerre en Ukraine, Royce Mendes, économiste chez Desjardins, affirme que les plans ont changé. On s’attend généralement à ce que la Banque du Canada augmente son taux de référence d’au moins un quart de pourcentage mercredi prochain.
« Des taux d’intérêt au plus bas semblent incompatibles avec des niveaux d’inflation élevés, de sorte que nous nous attendons à ce que le processus de normalisation des taux d’intérêt commence dans les prochaines semaines et se poursuive en fait au moins progressivement tout au long de l’année », a déclaré monsieur Mendes. « Un conflit qui peut parfois sembler si lointain pour de nombreux Canadiens peut les toucher au niveau des prix qu’ils paient pour les produits de tous les jours. Nous devons nous attendre à voir des prix plus élevés à la pompe et potentiellement des prix plus élevés à l’épicerie à la suite de ce conflit. »
Même un conflit militaire soudain en Europe ne déviera pas des plans de réduction de l’inflation, mais les Canadiens doivent se préparer à l’incertitude, tant à l’étranger qu’au pays.