Station 210: plus que charmante

Station 210: plus que charmante

Station 210, ayant pignon sur rue dans le pittoresque village de Saint-André d’Argenteuil, peut faire pâlir d’envie les plus belles boutiques de Montréal et Ottawa.  On y retrouve des objets choisis avec attention, une gamme inusitée d’importations de choix, des trouvailles ludiques qui peuvent se transmettre de génération en génération, loin du concept du consommer-jeter. La section santé, avec des produits naturels et écologiques souvent faits à la main, est diversifiée et embaume la boutique. La mise en valeur de ce qui se fait de mieux ici et ailleurs dans la section du prêt-à-manger est d’une qualité exceptionnelle, comme les épices de cru qu’on retrouve au marché Jean-Talon à Montréal ou des fruits de mer en conserve provenant de l’Espagne et du Canada. «On veut être la niche dans la région pour ce qui est d’une qualité, d’une durabilité et d’objets au design de choix», de décrire Karen Feiertag, avec son charmant accent anglophone.  

Déjà trois printemps à apprendre et à développer des contacts dans le milieu, mais un scénario qui aurait pu faire fuir le premier citadin venu s’établir le long de la rivière du Nord.  Dès leur arrivée de Montréal, le couple, qui changeait de vie, a été très solidaire avec les villageois éprouvés par une deuxième inondation en autant d’années. Plusieurs se souviennent de leur chili et leur café livrés à leur porte. Frappés -comme tous- par la Covid 19 lors des deux années suivantes, ces obstacles ont plutôt permis de se réinventer, de grandir et d’apprivoiser cette communauté qui leur est très chère aujourd’hui. «On n’a pas fait juste installer un commerce parce qu’il y avait là un local. On y met de nous et ça se reflète dans la manière dont on contribue aux activités en trouvant les moyens de redonner», exprime Louis-Robert Frigault, ancien gestionnaire à la santé publique.  Ils s’impliquent dans la fondation de l’hôpital, avec les lutins de Saint-André d’Argenteuil et à l’école primaire de quartier, entre autres. En moins de 3 ans, alors qu’ils ne connaissaient personne à leur arrivée, ils se sont intégrés et ont développé plusieurs nouvelles amitiés. 

Pressé par le gouvernement pour diminuer leurs heures d’ouverture et voulant suivre les exigences de la santé publique en tant que boutique, le couple a dû repenser souvent son fonctionnement. «Ça a vraiment fait réfléchir. La covid nous a fait un très beau cadeau parce qu’on n’aurait pas pu continuer comme on le faisait! Ça nous a amenés dans une nouvelle direction et la nature de l’être humain ne veut pas retourner en arrière», philosophe cette ancienne gestionnaire à l’Office national du film. C’est ainsi que les délicieux cafés et sandwiches préparés par le conjoint barista, les fromages de Yannick Achim ou les soupes vedettes mettant en valeur les meilleurs restaurants des alentours doivent maintenant être consommés à l’extérieur du bâtiment.  Les habitués, les sportifs -des cyclistes ou des fondeurs- et les touristes sont heureux de s’attabler à une table de pique-nique près de la rivière ou ailleurs dans le village. «Notre clientèle est tellement magnifique!», s’enthousiasme Mme Feiertag. 

Depuis 3 ans, ils sont les seuls à accueillir ces fameux clients.  Pas d’employés. La boutique, c’est eux.  Ils connaissent leur inventaire, dont une grande place est faite aux produits locaux, et n’hésitent pas à entreprendre des recherches pour satisfaire les demandes. Ils savent parler des artisans qu’ils mettent en valeur et partagent leurs histoires en donnant une attention particulière à chacune des personnes qui passent le pas de la porte. Une relation intime et un plaisir partagé qu’on ne retrouvera pas dans les «big box», tel qu’elle l’exprime. 

Toute cette quête semble leur convenir à merveille. «La vie est courte, mais la vie est longue aussi.  Si tu n’es pas en train de faire quelque chose de bon de ton quotidien, tu le fais pourquoi?» dit-elle. On a plein d’idées. On pourrait travailler jour et nuit. Mais on veut aussi apprécier la vie.»  

Le dimanche après-midi, un verre de martini à la main, ces foodies sont les premiers à consommer ce qu’ils offrent.  Ils sont fiers de réaliser ce projet. «C’est très touchant d’être ici, de voir les enfants grandir. Il n’y a rien d’abstrait. C’est vraiment la vraie vie, you know?» 

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