Slack la poulie, de quossé?

Slack la poulie, de quossé?

Le décor, c’est la Brasserie Sir John de Lachute, une aventure qui commence le 4 juillet 2019 avec quatre individus un peu fous, dont deux passionnés de bière (Maxime Hébert et Joël Dupras), un homme d’affaires à la retraite (Serge Dupras) et un fort en maths (Jean-François Nolin).    

Maxime et Serge font des expériences dans le sous-sol de ce dernier. Ils concoctent une IPA (India Pale Ale), même si son amertume les rebute au début, parce que c’est la bière artisanale qui a le vent dans les voiles auprès des beer geeks. À force, ils finissent par l’aimer et aujourd’hui, pour eux, les bières ordinaires ne goûtent plus rien. Serge suit une formation brassicole et les deux consultent des mentors qui leur prodiguent de précieux conseils. Pendant ce temps, les deux autres préparent les installations dans l’ancien magasin de vêtements Scarlett et font des représentations pour obtenir des appuis. Finalement, après six mois, tout est prêt et La Brasserie Sir John présente fièrement ses premières créations: 16 bières en fût, IPA et stout (bières brunes) qui séduisent les aficionados les plus exigeants. L’accueil dépasse les attentes des nouveaux brasseurs.   

Pis? Slack la poulie ? Attendez. 

Puis, quelque six mois après l’ouverture de la brasserie, c’est la cata. Covid 19 se montre le bout du virus; le gouvernement met le Québec sur pause. La brasserie doit fermer ses portes à sa clientèle, mais la production continue. Les quatre associés ne paniquent pas. Si les clients ne peuvent pas venir à nous, nous irons à eux. Ils mettent sur pied un service de bière à emporter et décident de développer le marché des dépanneurs spécialisés. Ça fonctionne: plusieurs établissement de la rive sud, de la couronne nord et même de Québec et de l’Estrie acceptent d’héberger leurs produits. Si bien que durant cette période difficile, non seulement ils n’ont pas perdu d’argent, ils se sont maintenus à flots et ont pu remplir leur obligation. Il faut bien qu’une pandémie serve à quelque chose.   

Au début, Brasserie Sir John possédait une capacité de brassage de 600 litres par cuve (il y en avait neuf) avec possibilité d’effectuer deux brassins par cuve par jour. Faites le calcul.  Le succès est tel que les compères envisagent d’augmenter leur production: on rallonge l’édifice, on achète de nouveau équipements.   La capacité des cinq nouvelles cuves passe à 3000 litres chacune. Cela suppose des investissements considérables. Heureusement, Joël Dupras connaît la musique; le dédale des demandes de subventions publiques, c’est sa tasse de thé.   

Oui, mais Slack la poulie? Minute! 

Deux ans après sa naissance, la Brasserie se porte bien. Max Hébert calcule avoir créé et produit avec son complice Serge Dupras au moins deux cents nouvelles bières, dont plusieurs figurent encore en bonne place sur la carte comme ce smoothie Triomphe de la nature, additionné après la fermentation de pulpe de fruits (framboises et/ou/ mangue, mûres).  Ce n’est plus de la bière diront les puristes. Qu’à cela ne tienne. Le pub offre à ces clients exigeants un menu d’une vingtaine de bières qui vont de l’ale traditionnelle à la stout en passant par leur enfant chérie la sour IPA. Il propose aussi un kombucha, cette boisson sans alcool à base de thé fermenté qui est censé prolongé la vie.   

OK. Puis, la Slack la poulie là-dedans? 

Nous y voilà. Afin d’augmenter le nombre de résidents sur son territoire, la MRC d’Argenteuil a créé un nouvel organisme : Inspirer Respirer Argenteuil. Cet outil de marketing constitue la nouvelle image de marque de la MRC qui entreprend une grande séduction auprès des Québécois et des immigrants qui se cherchent un endroit accueillant pour installer leur pénates et y travailler.   

Les créateurs de cette nouvelle image se sont dit qu’Argenteuil valait bien une bière. Ils ont donc demandé à la Brasserie Sir John d’en produire une qui réunirait les qualités de la région:  calme sans être plate, vive sans être fébrile et surtout différente des autres. Les brasseurs ont donc accouché d’une boisson unique à base de céréales et de houblon bien sûr, mais aussi de miel provenant de La Nature à l’état pur, une miellerie de Harrington. Elle sera lancée aujourd’hui et si le passé est garant de l’avenir, il se peut que des queues se forment sur la rue Principale comme cela s’est produit lorsqu’on a célébré le deuxième anniversaire de la Brasserie. Car, figurez-vous que cette dernière est connue par la plupart des amateurs de bières du Québec. D’ailleurs, elle figure parmi les cinq meilleures bières artisanales dans le palmarès UNTAPPD, un site d’information sur les brasseries artisanales canadiennes.   

En somme, la brasserie Sir John mérite de figurer parmi les belles histoires du pays presque d’en haut.    

 

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