Dans une atmosphère bon enfant, sept artistes d’ici ont fait le parcours avec votre humble serviteur y allant chacun de leur vision, leurs intérêts et leur lumière. Bordées par la rivière agitée, les créations surprennent, se chevauchent et s’entremêlent dans ce site déjà porteur d’histoire alors qu’il évoque le passage des Premières Nations par l’observation de plusieurs vestiges. «On continue de faire de l’art avec l’histoire!», s’exclame Jacqueline Richer, une artiste multidisciplinaire diplômée de l’université Concordia et récipiendaire de plusieurs prix en sculpture, céramique et en fibres. Elle y présente cette année, Pour toi Laetitia, une œuvre à même un trou géant naturel, qui évoque l’utérus. La forme d’un nid fait à partir de branches et l’installation de roches prises dans la nature sont évocatrices de la beauté féminine et se veulent un hommage à son amie décédée. D’ailleurs, elle a co-réalisé son œuvre avec la fille de cette dernière laissant de beaux souvenirs à l’artiste débordante de vivacité.
C’est au cours des dernières semaines que tous les créateurs ont réalisés, in situ, devant les visiteurs, leur création qui allie autant des artéfacts, des matériaux de la forêt, des vestiges de la nature que des matériaux récupérés de notre environnement. Peinture, laine, grillage de clôture, rien n’est défendu pour créer ces installations qui peuvent se nommer land art, sculpture monumentale, recycl’art et même art populaire.
C’est Jacques Charbonneau, un artiste de Montréal installé à Pointe-au-Chêne, qui est l’initiateur de cette tradition dans ce site pittoresque des Basses-Laurentides. Fort d’une expérience en création d’expositions, Charbonneau, un égoïste communautaire, comme il se plaît à dire, a su allier les instances de la ville et de la MRC d’Argenteuil pour faire valoir le talent des artistes avec une enveloppe de moins de 12 000 dollars pour une 2e année. «C’était important pour moi de regrouper les artistes de la région, souligne celui qui présente cette année Balade sur la muraille de roches. Chacun d’eux reçoit un petit cachet. Je ne veux pas que l’on soit considéré comme des bénévoles, mais bien considérer comme des professionnels!» Par ailleurs, un montant de 250$ doit être donné pour la location des terres qui appartiennent à Hydro-Québec.
Tout au long du processus de création, les visiteurs et les campeurs peuvent poser des questions et se faire photographier avec les artistes et les oeuvres, ce qui fait naître souvent des discussions intéressantes rapprochant les arts visuels avec les citoyens. «Je suis content de savoir ce que les gens voient. Je le fais pour moi, mais ça me nourrit de connaître leur perception», explique Paul Gagné, un artiste en art visuel de Chatham et un horticulteur passionné, qui en était à ses 1er land art. Paysage de mousse, un des végétaux les plus anciens sur terre et qui s’adaptent aux conditions extrêmes avec résilience, démontre la puissance de la nature. «On fait partie de la nature, on se doit de la protéger. On doit marcher doucement sur la terre», renchérit Érin Émily Robinson, qui présente Nos racines de vie, inspirée de formes humaines et animales présentes naturellement à travers un arbre mort déraciné.
De son côté, l’artiste Pronovost, dont les œuvres sont porteuses d’espoir, a vu son installation quelque peu vandalisée, des actes très isolés selon les artistes. Se brancher à la nature est sa 2e réalisation: «Tout se décompose et se renouvelle. J’aime les œuvres qui nous font du bien!», philosophe-t-elle.
L’inauguration officielle en présence des artistes aura lieu ce jeudi 19 août à 15h et vous permettra de découvrir leur vision et leur réflexion en rapport à la nature et aux traditions, mais les sentiers, situés au 2260, Route 148 à Grenville-sur-la-Rouge, sont accessibles été comme hiver. Toutes les œuvres, dont plusieurs de l’an dernier, sont à découvrir.