Lors de cette inauguration, une dizaine d’artistes ont exposé leurs sculptures faites à partir de matériaux recyclés, à l’extérieur, sur le site de l’ïle du chenail, à Hawkesbury et ont accepté de parler de ce qu’elles représentent pour eux afin de nourrir votre lecture lors de votre passage sur les lieux.
Le sculpteur Roger Brabant, de Rigaud, a fabriqué une oeuvre appelée L’envolée, constituée d’oies blanches, disposées en cercle pour représenter l’Imaginaire. «C’est la plus grosse oeuvre que j’ai jamais faite. Ça l’air ben facile, mais il y a beaucoup de technique quand même, explique-t-il. Quand les oiseaux partent, une envolée, il n’y en a pas un de pareil. Il n’y en a pas un placé pareil. Il y en a un qui s’appelle le niaiseux, un le mouton. Ils sont perdus dans l’envolée.» Il termine en mentionnant que l’imagination est ce que l’humain a de plus fort et qu’en tant que sculpteur, il faut avoir beaucoup d’imagination.
Claude Vallée, de Vaudreuil, est un artiste multidisciplinaire. Sculpteur, parolier, poète et peintre, l’artiste présente son oeuvre nommée Gaia, ce qui signifie Terre. «Pour moi, la Terre, c’est féminin, c’est rond. Cette sculpture a beaucoup de rondeurs. Même dans les cheveux de Gaia, c’est des rondeurs. Dans sa main, elle a deux clés», décrit l’artiste. Son inspiration lui vient de tout ce qui se passe face aux dérèglements planétaires tels que les feux de forêts. Les deux clés représentent le savoir et le pouvoir. Pour lui, les humains ont des délires éphémères: « l’art industriel peut durer des centaines d’années et les humains vont peut-être disparaître, mais la vie, elle, la Terre, elle restera.»
Geneviève Sideleau est aussi une artiste multidisciplinaire et travaille spécifiquement avec les objets. Son inspiration lui vient surtout de l’actualité mondiale. Dans le cadre de cette exposition, Mme Sideleau nous présente des chaises dont le dossier a été enlevé. Ceci représente l’histoire d’un jeune garçon de seize ans qui a été retrouvé à quelques reprises dans la mer Méditerannée, bouteilles de plastiques autour de la taille, lui servant de bouées. Elle explique que lorsque ce dernier a finalement atteint une plage en Espagne, les soldats l’ont retourné aussitôt au Maroc. À travers ses oeuvres, l’artiste souhaite amener le public à aller s’informer sur ce qui se passe ailleurs sur la planète.
De son côté, l’artiste Gabriel Garcia, d’origine Aztèque, explique que chaque fois qu’il crée, il tente de faire ressortir plusieurs aspects de sa culture et de l’actualiser. Sa sculpture, des visages formés dans des bidons, représente un type d’hôtel dédié à la mort. Selon lui, la mort est quelque chose qui fait très peur, mais on doit s’y connecter, car c’est la seule certitude que nous avons. Il ajoute qu’il faut en être conscient, qu’il faut apprivoiser la mort, la voir d’une autre façon. «Il n’y a pas de mort sans vie et pas de vie sans mort, de souligner Garcia, qui explique que cette dualité est aussi la vision de l’ancienne civilisation aztèque. La vie et la mort ne sont qu’une.»
L’exposition est accessible 24 heures sur 24 et s’échelonnera sur toute l’année.