Le succès entrepreneurial de deux nomades francophones

Le succès entrepreneurial de deux nomades francophones

La vie d’Alex Normand et de Marie-Josée Lalande a pris un premier tournant en 2016, lorsqu’ils sont devenus globetrotteurs et Youtubeurs.

Elle en a pris un autre en 2018 avec le lancement de l’Académie Filmmakers On The GO (FOTG) en ligne. Ce projet, qui repose sur leur expérience de réalisateurs et vidéastes, leur permet de passer d’un contrat de production à l’autre, au gré de leurs envies.

Les vidéastes jonglent désormais à plein temps — et plus — avec l’Académie et leur vlogue voyage Alex & MJ On The GO.

Se laisser guider par le plaisir

Le couple, adepte de voyages, a créé une communauté de 32 000 abonnés Facebook, 15 000 YouTube et 14 000 Instagram, en plus de l’Académie FOTG qui regroupe un millier de personnes d’un peu partout sur la planète.

Ils ont commencé par plaisir, en espérant que ça mène à quelque chose professionnellement. Ils ne savaient pas encore comment tout cela allait prendre forme. 

Lors d’un séjour en Nouvelle-Zélande, ils ont rencontré une dame qui gagnait sa vie en offrant un programme pour perdre du poids en ligne. Elle a insisté : s’ils voulaient poursuivre leur aventure de nomades numériques, le duo devait vendre un produit sur le Web.

«Ça a été un élément déclencheur, assure Marie-Josée Lalande. C’était la première fois qu’on se faisait dire qu’on pouvait commercialiser autrement notre produit. Ça a mijoté.»

À l’époque, le couple n’avait pas encore envisagé que leur passion commune pourrait avoir une portée au-delà de YouTube. Et voilà qu’en mai 2018, l’Académie FOTG voyait le jour.

Une communauté numérique

Ils aiment ce qu’ils font, sont fiers de leur travail, mais sont aussi très heureux de la communauté numérique qu’ils ont contribué à créer.

Grâce au Web, ils ne sont pas seuls. Ils ont créé une communauté à l’extérieur de leur bulle-voyage. Ils ont assisté à des échanges stimulants et à des changements de carrière qui les ont confortés dans leur propre cheminement professionnel.

«Quand on voit qu’on a aidé des gens à réaliser un rêve, on se dit que ça vaut la peine», se réjouit Alex Normand.

Lui-même et sa conjointe savent bien que ces changements de cap peuvent apporter beaucoup de bonheur pour l’avoir eux-mêmes vécu, il y a maintenant cinq ans. Les réussites de leurs «académiciens» atténuent les remises en question qui s’imposent souvent en entrepreneuriat.

Beaucoup de contenu, et en français

«On se pose toujours la question : “Qui on est? Qu’est-ce qu’on fait?”», corrobore Marie-Josée Lalande. Pas doute : leur francophonie se trouve parmi les pistes de réponses.

Quand ils ont lancé leur chaine YouTube en 2016, les deux vidéastes globetrotteurs ont choisi de le faire en français seulement.

En 2017, le projet pancanadien Fliptubeur les a conduits dans des écoles de langue française en situation minoritaire, où ils ont fait valoir la plus-value francophone aux élèves, qui étaient franchement portés vers l’anglais.

Les comparses ont également produit 14 tutoriels sur différents aspects de la production vidéo pour YouTube, qui sont toujours accessibles en ligne. 

«Le marché est tellement plus saturé [en anglais] qu’il y a plus de chances de percer ou de se faire voir plus rapidement si tu commences en français», avait alors expliqué Alex Normand dans une entrevue accordée à Francopresse.

«L’audience potentielle est moins élevée, mais on aime mieux être un gros poisson dans un petit lac qu’un petit poisson dans un gros lac», avait-il ajouté.

C’est cette même logique qui a mené le couple à mettre sur pied la formation Filmmakers qui, malgré son nom, était offerte exclusivement en français. La formation originale a aujourd’hui été remplacée par une offre de quatre formations plus ciblées offertes via l’Académie FOTG.

Marie-Josée Lalande et Alex Normand ont vite constaté qu’il y avait non seulement une demande, mais même un besoin de formation pour vidéastes. Ils avaient eux-mêmes dû se rabattre sur un produit américain en 2018, lorsqu’ils avaient voulu s’inscrire à une telle formation.

Ailleurs, mais pas en vacances

Grâce au vlogue de voyage qui a lancé leur aventure et jeté les bases de l’Académie FOTG, le couple peut aujourd’hui se permettre de choisir les contrats de production qu’ils acceptent, parfois en anglais. Le fonds de roulement qui leur est garanti par l’Académie leur donne cette liberté.

Pour livrer FOTG, ils ont travaillé des milliers d’heures, peu importe où ils se trouvaient sur la planète. En trois ans, ils ont produit plus de 300 capsules, tutoriels et vidéos, dont une partie a été intégrée en septembre 2019 au programme de production télévisuelle du Collège La Cité, à Ottawa.

Outre ces étudiantes et étudiants, environ 1000 personnes sont membres de l’Académie FOTG d’après ses fondateurs. La quasi-totalité est inscrite à la formation de 55 heures, tandis d’autres ont ciblé des modules précis ; sur l’utilisation d’un drone ou la technique de montage, par exemple.

Les deux entrepreneurs franco-ontariens ont aussi préparé une formation d’une heure, une «classe de maitre» sur les bases de la production vidéo qui sert d’incitatif à l’inscription.

«Il y a une expression que j’aime beaucoup, lance Alex Normand : the harder you work, the luckier you get.»

Nomades

Lorsqu’ils ont pris la route en mode sac à dos, Alex & MJ étaient vraiment «On The GO». Ils faisaient déjà partie de ces nomades numériques, travailleurs mobiles dont le nombre était déjà en forte croissance avant la pandémie.

Depuis qu’ils sont rentrés du Vietnam en mars 2020, pandémie oblige, ils ont changé leur façon de voyager. Ils passent environ un mois à chaque destination et ne voyagent qu’au Canada.

«Notre nouveau truc, c’est vraiment le slow travel, précise Marie-Josée Lalande. Ça ne change rien qu’on habite à Ottawa ou à Tofino, tant qu’on a une bonne connexion internet!»

Bien qu’ils se sentent libres de circuler sur la planète en dépit de la pandémie, Alex Normand explique qu’ils ont saisi l’occasion d’explorer leur propre pays : «On a un beau pays et on ne prend jamais le temps de le découvrir, on dirait. Ça nous a donné une bonne excuse de le faire!»

Avec les années, l’envie de bouger rapidement s’est dissipée. «On voulait voir le plus de choses possible», plaident-ils. C’est maintenant fait : ensemble, ils ont visité une trentaine de pays depuis janvier 2016. Maintenant, «on aime se poser quelque part et vivre la place. Et ça nous permet de travailler.»

Même si les nomades ralentissent le rythme, pas question de se sédentariser ou de planifier à long terme. «La vie fait toujours bien les choses. On suit la puck», décrit Alex Normand.

Semble-t-il que dans les prochains mois, elle les mènera de la Colombie-Britannique au Yukon, en passant par l’Ontario.

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