À qui appartient le beau temps ?

À qui appartient le beau temps ?

Déjà un an d’une pandémie annoncée par la voix des médias un jeudi après-midi.  Pour moi, c’est comme si c’était hier.  J’étais en voiture, je vivais déjà des moments familiaux difficiles et mon Temps des sucres arrivait en trombe, comme à chaque année.  Environ 3 semaines de préparation avec notre personnel pour accueillir les foules à nos tables et refaire les coffres de l’entreprise familiale.  Le week-end s’annonçait beau, tout comme celui que nous venons de passer. 

Le Québec se met en pause, un virulent virus est entré par les voies aériennes durant la relâche des enfants québécois.  Si je sais une chose, c’est que je ne connais pas la saveur d’une relâche. Avec mes grands de 20 et 17 ans, depuis 12 ans, pour nous, la relâche, c’est 12 heures de travail par jour à former du personnel, à remplir nos frigos et à huiler la machine pour recevoir notre clientèle.   

Nous attendions environ 3000 clients pour le weekend. Le jeudi soir, nous recevions une école de 100 adolescents et 400 écoliers le lendemain matin à 9h45.  Nous avons reçu les 100 avec notre animateur et notre équipe.  Le lendemain, nous avions des tables vides et des travailleurs à envoyer chez eux.  Le téléphone sonnait autant que dans les dernières années, mais c’était pour annuler des réservations souvent faites depuis janvier pour s’assurer d’un bout de banc à la cabane.  Cette journée-là, j’ai vu mon beau-père, le bâtisseur, pleurer. 

Pour combler ce moment inoubliable riche en émotions, c’est en arrivant au centre de la petite enfance que mon coeur a flanché.  Le CPE du petit dernier, qui sort d’une grippe d’une semaine l’ayant hospitalisé une nuit, ferme ses portes pour une durée indéterminée.  On écoute les nouvelles; on lit les journaux.  Comme entrepreneurs, chaque détail te percute de plein fouet.  Déchiré entre tes valeurs profondes et ton espoir de ne pas tout perdre, le point de rupture avec la folie est si près.  Les quelques Gaulois qui désiraient s’empiffrer de cette généreuse bouffe maison nous ont encouragés jusqu’à ce fameux 15 mars, ce dimanche qui annonçait une 3e guerre mondiale, celle contre la COVID 19.  On avait beau avoir entendu parler de la Chine qui avait construit un hôpital en moins de 3 semaines, personne n’avait prévu cette crise qui s’accroche à nos vies depuis plus d’un an. 

Un an de panique, de confinement, de restrictions et de division.  La venue des vaccins semble donner un espoir nouveau à chacun de retrouver une certaine vie d’avant… On sait pertinemment que cela laissera des traces indélébiles, autant dans le portefeuille de l’état et dans celui de plusieurs entrepreneurs que dans la tête de beaucoup de citoyens de ce monde.  

L’heure est à la compréhension, au mea culpa envers une grande partie de la population et aux regards vers l’intérieur de nous.  On change le monde en commençant par soi-même.  Prendre sa santé mentale en main, prendre soin de ceux qui nous entourent, faire des choix éclairés, porter l’espoir à bout de bras est un grand défi.  Voilà même pas cinq ans, le sort de la planète était sur toutes les lèvres.  La planète nous parle.  Saurons-nous comment nous adapter? À qui appartient le beau temps? 

Le temps, la science et l’histoire nous fourniront sûrement des explications.  D’ici là, il devient de plus en plus impératif de prendre soin de nous, de notre communauté.  L’homme n’est pas fait pour vivre des situations de stress prolongé et commence à plier l’échine, soutient Louise Gendron, pédopsychiatre dans Argenteuil.  Les féminicides pullulent. 

Souvent, il faut toucher le fond pour reconnecter avec ses valeurs intrinsèques. J’ai atteint ce fond le 21 avril dernier, au lendemain des fêtes pascales alors que j’ai eu peur durant un mois pour mes parents qui ont pris soin de ma progéniture, malgré les interdictions.  J’ai eu la force de rebondir grâce à un médecin et une infirmière en santé mentale.  J’ai fait une cure des médias durant quelques mois et je me suis reconnectée avec la vie.  Il faut croire que ce fut bénéfique parce que je reviens en force à la barre d’un d’entre eux. 

Je veux célébrer vos victoires, écouter vos doutes et redonner une visibilité à vos bons coups.  Une étape à la fois, le journal Le Carillon deviendra un journal humain, mettant en valeur les beautés d’Argenteuil et de Prescott-Russell. 

 

 

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