«La santé mentale, c’est très, très important pour un entrepreneur. Il y a beaucoup d’isolement dans le lot des entrepreneurs. C’est d’autant plus difficile quand on vit ça en couple, a-t-elle constaté. Mon partenaire d’affaires (depuis 20 ans) était mon mari et il n’est pas évident de faire l’équilibre. On n’en parle pas assez.»
Forte de plus de 25 ans d’expérience en entrepreneuriat, dont 20 ans aux côtés de son mari, Mme Ashton s’est rebâti une nouvelle identité, à la suite d’un surmenage, il y a quelques années. Elle a mentionné le rapport du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), qui cite les entrepreneurs comme ayant un des taux les plus élevés de suicide, pour mettre en garde les entrepreneurs.
«La mentalité courante n’est pas saine. Il faut se permettre du repos», a-t-elle constaté.
Pour sa part, elle est allée au fond du gouffre, mais elle en est ressortie plus forte, avec une idée bien précise qui la guidera dorénavant dans sa vie et ses affaires. Avec un peu de recul, elle est arrivée à se forger une nouvelle identité, fondée sur trois principes qui guident désormais sa vie: prendre du temps pour soi, du temps pour son couple et travailler judicieusement. C’est ce plan de vie qui l’aide à rester en équilibre entre l’amour (son amour-propre, son mari, sa famille, ses amis et sa communauté) et son entreprise, ce même plan qui est son «filet de sécurité», selon Mme Ashton.
Sa nouvelle entreprise, à l’image de la recherche de soi qu’elle a entamée sur elle-même, s’appelle For Love and Business (Pour l’amour et l’entrepreneuriat) et c’est «une communauté pour les femmes entrepreneures qui cherchent à mieux équilibrer l’amour (famille, amis et obligations) avec la gestion et le maintien d’une entreprise», selon Mme Ashton. Parmi les services qu’elle offre: de la consultation, du coaching pour les femmes entrepreneures, de la production évènementielle ainsi que des conférences pour les consœurs en affaires (voir plus bas).
«Je suis convaincue que l’AMOUR mérite une place permanente à la table des affaires», pourrait vraiment résumer la motivation principale de Mme Ashton, autant dans sa vie que dans les affaires. Je crois que si seulement nous pouvions admettre plus librement que l’AMOUR détermine ce que nous faisons – ou devrions faire – dans les affaires, alors nous serions beaucoup plus avancés. Tant les femmes que les hommes.»
La communauté représente, pour Mme Ashton, une famille élargie, dans un certain sens, un espace puissant, avec l’amour au centre. Sa communauté à elle ce sont les femmes entrepreneures, qu’elle désire aider dans leur chemin entrepreneurial. «Quand je me lève le matin, ce que je veux faire, c’est aider d’autres femmes dans leur parcours de création d’entreprise», a-t-elle observé sur sa page Internet.
C’est un peu cela qui est à l’origine des «Consœurs en affaires», le titre de ses rencontres cinq à sept qu’elle organise à travers le territoire de Prescott-Russell et aussi de Stormont Dundas et Glengarry. Son but c’est de réunir des femmes entrepreneures de la région, afin de leur offrir un espace où elles pourront rencontrer et discuter avec d’autres femmes dans une situation similaire, pour comprendre et partager des expériences communes.
L’entrepreneuriat au féminin, pour Mme Ashton, c’est habituellement une affaire de cœur: les femmes vont souvent créer une entreprise autour de la famille, pour être plus proches et pouvoir s’en occuper. Si leur travail dans le monde corporatif ne leur laisse pas assez de temps ou de flexibilité pour s’occuper de leur famille, elles choisissent parfois de le quitter (comme ce fut le cas pour Mme Ashton).
«L’amour — pas seulement ce que nous aimons, mais qui nous aimons et comment, quand et pour quelles raisons — est tout ce que nous faisons dans les affaires, que nous aimions l’admettre ou non. La plupart du temps, on s’arrange autour de notre famille. Alors, quand ça ne fonctionne plus, quand il y a un manque d’équilibre entre nos priorités, c’est à ce moment-là qu’on se brule.»
C’est dans cette perspective qu’elle veut avoir ces conversations avec ses Consœurs en affaires, pour qu’elles songent dès le départ à connaitre leurs paramètres, leurs limites, pour qu’elles s’entourent des bonnes personnes, des bonnes ressources et enfin qu’elle puisse les aider à se poser les bonnes questions. Les réponses, elles devront les découvrir à travers leurs propres expériences, mais au moins, leur démarche ne sera pas à l’aveuglette. Maintes fois, c’est une question d’avoir quelqu’un qui nous tient le miroir pour voir plus clair, d’après l’expérience de Mme Ashton.
Dans ses projets d’avenir, elle planifie de mettre sur pied un centre d’aide aux entrepreneurs. «Ce serait un espace de travail collaboratif ainsi que certains services d’accompagnement stratégiques pour les entrepreneurs», a-t-elle expliqué. Ce projet mettrait à profit les études de maîtrise multidisciplinaire qu’elle entreprend présentement, sur le thème de l’entrepreneuriat féminin dans un contexte rural canadien, rarement abordé dans les ouvrages spécialisés, selon Mme Ashton.
«Une chose dont je suis sure, c’est que le fait d’être mariée et de faire des affaires avec mon conjoint est quelque chose qui a forgé ma personnalité. Et cela colore ce qui me passionne le plus et la façon dont je le vois: l’esprit d’entreprise. Surtout l’entrepreneuriat féminin», a-t-elle conclu rayonnante.