Féminicide à Lachute : des organismes secoués

Par Francis Legault
Féminicide à Lachute : des organismes secoués
Le Carrefour des femmes du Grand Lachute et La Citad’Elle se sont associés pour enregistrer une vidéo pour sensibiliser les femmes à la violence conjugale. (Photo Francis Legault, EAP)

Le meurtre de Patricia Lynda Thériault, dont le corps a été découvert le 16 mai dernier à Lachute, a profondément choqué les organismes d’aide aux femmes de la région. Le Carrefour des femmes du Grand Lachute et La Citad’Elle se sont d’ailleurs associés afin de dénoncer la violence conjugale en plus d’annoncer qu’une vigie en mémoire de la victime aura lieu le 3 juin prochain.

Rappelons que Patricia Lynda Thériault, 47 ans, a été découverte inanimée dans une résidence de la rue St-Exupéry de Lachute en milieu d’après-midi le 16 mai dernier. Transportée à l’hôpital, son décès y a été constaté. Son fiancé, Mathieu McClaren, 36 ans, a été accusé de meurtre non prémédité.

À La Citad’Elle de Lachute, une ressource d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale, ce meurtre a évidemment secoué le personnel et les résidentes.

« On est ébranlées. On l’est chaque fois qu’il y a un féminicide mais quand c’est plus proche de nous, ça montre que notre mission est encore plus importante, souligne Marie-France Rhéaume, intervenante externe en sensibilisation et formation à La Citad’Elle. Quand c’est arrivé, on a fait un atelier auprès des femmes qui sont hébergées pour montrer qu’elles sont des survivantes, qu’il y a un message d’espoir. Ça les a touchées. »

Du côté du Carrefour des femmes du Grand Lachute, un organisme communautaire offrant différents services aux femmes, notamment pour briser l’isolement, ce féminicide a aussi touché une corde sensible auprès de celles qui fréquentent l’endroit.

« On a eu de belles discussions et de beaux échanges là-dessus, explique Martine Mantha, co-coordonnatrice du Carrefour des femmes du Grand Lachute. Quand ça arrive chez nous, dans notre communauté, on est sensibilisé davantage. On s’est questionnées aussi à savoir si on connaissait la victime, si on avait pu faire de quoi. »

Elle ajoute que ce triste événement a aussi généré une certaine colère chez les femmes, à savoir pourquoi est-ce que cela arrive encore en 2025?

« Chez nous, beaucoup de femmes se disaient que ça aurait pu être elles. Elles s’en sont sorties mais elles comprennent que ça aurait pu être elles », ajoute Marie-France Rhéaume.

Encore trop de tabous

Malheureusement, trop souvent dans des histoires de féminicide, les victimes restent avec leur futur meurtrier jusqu’à ce qu’il soit trop tard malgré un historique de violence conjugale.

« Il faut que la honte change de camp, lance madame Rhéaume. Il y a encore une honte d’aller chercher de l’aide, de briser le silence lorsqu’on vit de la violence conjugale, une honte qui nous empêche de faire le premier pas. »

Elle ajoute qu’il est souvent difficile pour les femmes qui sont victimes de violence de séparer l’amour qu’elle porte à leur conjoint et les gestes inexcusables que ce dernier peut porter.

« Avant d’être une relation de violence, c’est une relation amoureuse à la base, rappelle-t-elle. C’est pourquoi c’est parfois difficile de démystifier tout cela. Les femmes qui viennent dans nos ressources, il faut souvent démêler tout cela. Ça commence par une histoire d’amour et insidieusement, la violence s’installe même si elle n,est pas physique au début. Il y a une escalade. »

« Souvent, la personne ne sait même pas que c’est de la violence, renchérit Martine Mantha. Le temps que la personne reconnaisse que c’est de la violence, ça peut être long. C’est ce qui mène à cette escalade. »

Selon les deux intervenantes, les personnes qui croient être victimes de violence conjugale doivent d’abord en parler avec des gens de confiance, pas nécessairement avec des professionnels ou des ressources spécialisées. Quant aux personnes qui reçoivent ces confessions, il est important pour elles de laisser la personne s’exprimer sans jugement et de laisser la porte ouverte pour recevoir d’autres confidences si nécessaire, selon son rythme.

Afin de sensibiliser le public, les deux organismes ont enregistré une vidéo conjointe qui sera diffusée sur les réseaux sociaux afin d’inciter les gens à dénoncer les gestes de violence.

Vigie

Par ailleurs, le Carrefour des femmes du Grand Lachute et La Citad’Elle annoncent qu’ils organiseront une vigie en mémoire de Patricia Lynda Thériault le 3 juin prochain, à partir de 10h, au parc Barron de Lachute.

« On invite les gens à se réunir pour dénoncer ce féminicide, lance madame Matha. On invite les gens à apporter un lampion pour la vigie. On va lancer des messages d’espoir car derrière ce drame, il faut dire que ces femmes ne sont pas seules et qu’on est là pour les supporter. »

Pour connaître les services offerts par le Carrefour des femmes du Grand Lachute, visitez le www.cafela.org.

Pour obtenir de l’aide dans un contexte de violence conjugale, visitez le site web de La Citad’Elle au citadellelachute.ca ou composez le 450 562-7797.

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