Le ministre de la Culture et des Communications du Québec, Mathieu Lacombe, a rendu visite aux élèves de la polyvalente Lavigne de Lachute le 13 mai dernier. Au-delà de démystifier le travail de député et de ministre, il voulait aussi prendre le pouls des jeunes face à la culture québécoise.
Accompagné de la députée d’Argenteuil Agnès Grondin, le ministre Lacombe a pris la parole devant une centaine d’élèves de la polyvalente lachutoise, rassemblés dans la salle Cécile-Wojas. Après avoir expliqué son travail de député et de ministre, il a questionné les jeunes sur leurs liens avec la culture québécoise.
« C’est important pour moi de venir discuter avec les jeunes de culture québécoise. C’est parfois un défi d’intéresser ceux-ci à notre culture, explique le ministre. Mais avec les réponses entendues aujourd’hui, ça me rend optimiste car les jeunes semblent tenir à leur culture québécoise et à vouloir la consommer. »
C’est la seconde fois que le ministre Lacombe part à la rencontre des jeunes dans des écoles. L’automne dernier, il avait fait le même exercice dans une école secondaire de Repentigny.
« C’est une façon de se renseigner informellement, de tâter le pouls, de voir les préoccupations des jeunes, indique-t-il. Ce que j’ai entendu à Repentigny, c’est très différent de ce que j’ai entendu ici aujourd’hui. »
Selon lui, à Repentigny, une ville voisine de Montréal, l’école visitée avait un fort contingent d’élèves issus de l’immigration récente. La vaste majorité des élèves ne se considéraient même pas Québécois lorsque le ministre leur a posé la question, ce qui apporte des défis d’intégration selon ce dernier. À l’inverse, à la polyvalente Lavigne, Mathieu Lacombe s’est presque fait chahuter lorsqu’il a posé la même question tellement il s’agissait d’une évidence pour les jeunes d’ici.
« À Repentigny, quand j’ai demandé qui se sentait Québécois, j’ai une main sur dix qui se sont levées. Il y avait comme un malaise, admet monsieur Lacombe. Ici, je me suis fait juger pour avoir poser la question parce que ça semble relever d’une évidence. Il y a donc des défis selon les régions. »
Culture devant les écrans
Pour cette rencontre avec les jeunes de Lachute, le ministre Lacombe a fait joué la chanson Les Étoiles filantes des Cowboys fringants avant de les questionner sur ce qui fait que celle-ci est québécoise : l’origine des membres du groupe, la langue utilisée, les thèmes abordés, les références dans les paroles sont autant d’éléments soulevés par les jeunes.
Si ceux-ci savent ce qui fait qu’une chanson est québécoise, cela ne veut pas nécessairement dire qu’ils en écoutent régulièrement. La plateforme suédoise d’écoute en continu Spotify semble avoir la faveur des jeunes et selon les réponses obtenues à la polyvalente Lavigne, ce sont des artistes anglophones qui composent la majorité des listes de lecture de ceux-ci dans une proportion allant de 70 à 90 % des chansons écoutées.
Le même phénomène a été observé lorsque le ministre Lacombe a demandé si les jeunes écoutaient des films sur les grandes plateformes de diffusion que sont Netflix, Amazon Prime et Apple TV : la majorité des élèves indiquaient écouter les longs métrages en anglais. Cependant, dans cette recherche non scientifique, la moitié des jeunes admettaient aussi écouter des émissions québécoises sur ces plateformes, surtout sur celles de propriété canadienne comme Crave et Tout.tv.
« La consommation culturelle des jeunes, on la connaît de par les statistiques. En mettant en commun cette expérience sur le terrain avec ces statistiques, on voit que les jeunes consomment la culture surtout devant un écran, souvent sur des plateformes américaines où ils nous disent avoir de la difficulté à trouver du contenu québécois, constate monsieur Lacombe. C’est là l’importance d’agir pour nous assurer que sur ces plateformes, ils aient accès à des produits originaux francophones et facilement découvrables. »
D’ailleurs, au moment d’écrire ces lignes, le ministre venait de déposer à l’Assemblée nationale un projet de loi visant à assurer une meilleure découvrabilité des produits culturels québécois sur les grandes plateformes numériques étrangères. Celles-ci devront ainsi offrir plus facilement accès à du contenu québécois selon des proportions qui restent à être déterminées. Selon Mathieu Lacombe, 65% des Québécois affirment avoir de la difficulté à trouver du contenu en provenance de la Belle province sur ces plateformes. Des lois semblables ont été adoptées ailleurs dans le monde, notamment en Union européenne.
Québec a déjà sa propre plateforme de diffusion en ligne alors que Télé-Québec offre une application gratuite pour écouter certains contenus. « Le rôle de Télé-Québec dans tout cela est fondamental car il a une immense expertise en contenu jeunesse, souligne le ministre. Le défi est d’intéresser nos jeunes à ce qui se fait ici. Les tout-petits, c’est une chose et les ados, c’en est une autre. Dans les deux cas, Télé-Québec a cette expertise. On a des séries pour ados dans lesquelles ils vont se reconnaître et avoir du plaisir à les regarder. Le rôle de Télé-Québec est doublement important, surtout depuis la disparition de la chaîne Vrak et avant cela, du Canal Famille. »