La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a dévoilé son rapport d’enquête suite au décès d’un signaleur routier écrasé à mort le 21 août dernier par une rétrocaveuse, dans le secteur Pine Hill de Brownsburg-Chatham. La signalisation du chantier est notamment pointée du doigt.
Vers 12h le 21 août dernier, les services d’urgence avaient été appelés à se rendre sur le chemin St-Michel, à l’intersection de la rue Gagné, dans le secteur Pine Hill de Brownsburg-Chatham. Un signaleur routier de 35 ans, père de deux jeunes enfants, s’était fait écrasé par une rétrocaveuse lors d’une manœuvre de recul. Transporté à l’hôpital de Lachute, la victime, un résident de St-Jérôme, n’a malheureusement pas survécu.
La CNESST a rendu publique les conclusions de son enquête sur cet accident le 10 avril dernier. Dans celui-ci, l’organisme pointe deux causes, soit le fait que l’accident se soit produit à l’extérieur de la zone de travaux balisée ainsi qu’une déficience en ce qui a trait à la signalisation du chantier.
Le chantier consistait à une mise aux normes des accotements du chemin St-Michel. Le maître-d’œuvre des travaux, le ministère des Transports et de la Mobilité durable, avait un contrat avec une entreprise spécialisée dans la signalisation des travaux de construction routiers. Le 21 août, cette dernière avait cependant sous-traité à l’entreprise Groupe Pro F.L. inc. la fourniture et l’installation de la signalisation routière. La victime était un dirigeant de Groupe Pro F.L. inc. qui agissait ce jour-là comme signaleur routier.
Le rapport indique que deux camionnettes équipées de barrière de contrôle sont présentes aux deux extrémités du chantier pour réguler la circulation mais que, au courant de l’avant-midi, le signaleur situé à l’extrémité sud décide de gérer directement la circulation à l’aide d’un drapeau.
Juste avant la pause du dîner, le conducteur de la rétrocaveuse décide de nettoyer l’accotement. C’est après avoir fait son dernier chargement qu’il heurtera le signaleur.
Signalisation
Le rapport indique que l’aire de travail aurait dû être délimitée à l’aide de repères visuels sur toute sa longueur, ce qui n’était pas le cas.
Aussi, puisqu’un des signaleurs utilisait un drapeau et que le second continuait à utiliser sa camionnette équipée d’une barrière, une « telle adaptation nécessite un plan de signalisation signé et scellé par un ingénieur et les panneaux de signalisation doivent être combinés afin d’indiquer clairement les travaux aux usagers de la route » indique le rapport.
Comme l’accident s’est aussi produit à une intersection, deux signaleurs auraient dû être présents à cet endroit, ce qui n’était pas le cas non plus.
Finalement, l’accident s’est produit à l’extérieur de l’aire de travail, alors que la rétrocaveuse chargeait un camion-benne situé sur le côté opposé de la route. Dans ce cas-ci, le signaleur aurait dû dirigée les manoeuvres de recul de la rétrocaveuse.
« Une gestion visant à assurer une signalisation conforme aurait fait en sorte que les signaleurs routiers […] se trouvent à l’extérieur de l’aire de travail et donc qu’aucun travailleur à pied ne se retrouve dans l’aire de travail délimitée par des repères visuels, peut-on lire dans le rapport. Par le fait même, la gestion des manœuvres de recul aurait été prise en charge puisque les travaux sont complètement mécanisés. L’aire de travail délimitée aurait alors constitué une aire de recul balisée. Ainsi, dans son organisation du travail, le maître d’œuvre n’a pas assuré une gestion adéquate de la signalisation de travaux et des manœuvres de recul, exposant alors les signaleurs routiers à un danger d’écrasement. »
La CNESST indique qu’elle transmettra les conclusions de son enquête à diverses organisations afin de sensibiliser l’importance d’assurer une gestion adéquate de la signalisation et des manœuvres de recul pour éliminer toute coactivité entre les travailleurs, incluant les signaleurs routiers, et les équipements lourds sur un chantier.
À la suite de l’accident, la CNESST a ordonné l’arrêt des travaux de mise en forme des accotements et a exigé au Centre de services de Saint-Jérôme du MTMD un plan de signalisation conforme, l’installation de la signalisation routière appropriée selon le plan et l’élaboration d’une procédure de travail sécuritaire. En date du 10 avril, l’interdiction des travaux est maintenue puisque le maître d’œuvre confirme son intention de reprendre les travaux plus tard ce printemps.