Lors de la réunion du conseil municipal de Casselman, le mardi 18 mars, la résidente Ann Godard a demandé aux élus d’envisager d’autoriser les poules dans les cours arrière, soulignant les avantages en matière de nutrition, de durabilité environnementale, d’engagement communautaire et de résilience économique.
Godard a souligné que les poules de basse-cour fournissent des œufs frais et riches en nutriments, surpassant en qualité ceux vendus dans le commerce. Ces œufs contiennent des nutriments essentiels — dont des protéines, des acides gras oméga-3 et les vitamines A, D et E — qui favorisent une alimentation saine et réduisent la dépendance aux œufs achetés en magasin.
Sur le plan environnemental, les poules aident à réduire les déchets ménagers en consommant les restes de table, détournant ainsi les matières organiques des sites d’enfouissement. Leur fumier sert d’engrais naturel, enrichissant le sol et diminuant le recours aux produits chimiques. Cela soutient le jardinage durable et favorise un cycle alimentaire écologique au sein de la communauté.
Au-delà des questions de santé et de durabilité, l’élevage de poules offre des occasions d’apprentissage pour les enfants comme pour les adultes, en enseignant la responsabilité, le soin des animaux et un mode de vie durable. Les écoles et groupes communautaires pourraient intégrer l’élevage de poules à leurs programmes éducatifs afin de sensibiliser à la production alimentaire et à la protection de l’environnement.
Godard a aussi mis de l’avant les bienfaits sociaux de l’élevage de poules, affirmant qu’il favorise les liens entre voisins par le partage des connaissances, des ressources et des œufs en surplus. Des initiatives communautaires ou coopératives pourraient renforcer davantage l’engagement local et l’entraide à Casselman.
Sur le plan économique, les poules de basse-cour pourraient alléger les dépenses en épicerie et stimuler les entreprises locales comme les fournisseurs de nourriture pour animaux et les constructeurs de poulaillers. Le jardinage résidentiel et la production alimentaire locale contribuent à la sécurité alimentaire et réduisent la dépendance envers les marchés extérieurs.
Godard a mentionné que les fluctuations des prix des aliments — notamment en raison des tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis — montrent l’importance de sources alimentaires locales fiables. Autoriser les poules dans les cours arrière offrirait aux résidents de Casselman un approvisionnement stable et indépendant en œufs, réduisant ainsi les incertitudes économiques.
Pour répondre aux préoccupations potentielles, Godard a souligné que les problèmes de bruit, d’odeurs et de santé publique pourraient être gérés par des règlements clairs. Limiter le nombre de poules par ménage, exiger une conception adéquate des poulaillers et établir des règles de gestion des déchets contribueraient à minimiser les désagréments. Sensibiliser les résidents à l’entretien des poules et aux mesures de biosécurité réduirait davantage les risques.
Ann Godard invite le conseil municipal de Casselman à envisager l’autorisation des poules de basse-cour, affirmant que cette initiative est en harmonie avec les valeurs de santé, de durabilité et de communauté de la municipalité. Elle estime qu’une réglementation réfléchie permettrait d’en maximiser les avantages tout en répondant aux préoccupations, pour bâtir une communauté plus saine et résiliente.
Ce que permettent d’autres municipalités
Le règlement de La Nation interdit la garde de bétail sur le territoire de la municipalité, sauf si le terrain est spécifiquement zoné ou utilisé légalement à cette fin. Des exceptions s’appliquent aux propriétés municipales abritant la fourrière, aux établissements vétérinaires, aux spectacles itinérants, aux zoos et aux abattoirs.
Un animal d’élevage est considéré « en liberté » s’il se trouve hors de la propriété de son propriétaire sans surveillance. Les propriétaires doivent empêcher leurs animaux de se promener librement. Si un animal est trouvé en liberté, la municipalité peut ordonner sa saisie et son confinement à la fourrière. Celle-ci gérera ensuite l’animal conformément à la Loi sur les fourrières, ce qui peut inclure sa vente.
Les propriétaires sont responsables de tout dommage causé par leur bétail en liberté et doivent couvrir les frais encourus par la fourrière.
À l’inverse, la municipalité de Russell a adopté un règlement, connu sous le nom de « Règlement sur les poules urbaines », qui encadre la garde de poules dans les zones résidentielles. Il établit des règles concernant l’emplacement, la taille, le nombre, les conditions de vie et l’entretien des poules et des poulaillers, assurant leur compatibilité avec l’urbanisme et limitant les nuisances.
Le règlement interdit les coqs, les poules destinées à la viande et l’abattage de poules sur des propriétés résidentielles. Il exige un bon niveau de propreté, la sécurité des enclos, un entreposage adéquat de la nourriture et impose des marges de recul précises pour les poulaillers dans les zones clôturées. Un permis est requis, avec inspections, amendes en cas de non-respect, avis et mesures correctives à l’appui de l’application du règlement.
La position du conseil municipal sur les poules de basse-cour
Le conseiller Sylvain Cléroux a exprimé des réserves quant à la modification du règlement pour permettre les poules de basse-cour.
« Je pense que l’idée derrière la demande est légitime. J’ai évidemment beaucoup de questions et de préoccupations. D’un côté, comment une modification au règlement influencerait-elle la gestion quotidienne des cours arrière, et comment garantir que les relations entre voisins demeurent harmonieuses ? a-t-il déclaré. Je pense à beaucoup de questions et malheureusement, je n’ai pas l’information nécessaire pour y répondre pour l’instant. »
Le conseiller Cléroux a rappelé que le règlement actuel interdisant les poules dans les cours arrière a été adopté il y a près de 30 ans, et il a remis en question sa pertinence dans le contexte actuel de la municipalité.
« Pour le moment, je ne suis pas convaincu de la faisabilité d’un tel projet, compte tenu de la diversité des propriétés dans la municipalité. »
Les conseillers Francyn Leblanc et Paul Groulx se sont opposés à l’idée, affirmant que les poules ont leur place à la campagne, pas en milieu urbain.
« Je pense que les poules, c’est pour la campagne, » a dit la conseillère Leblanc.
Bien qu’aucune décision n’ait été prise, le conseil s’est entendu pour produire un rapport à une date ultérieure, expliquant les raisons initiales ayant mené à l’interdiction des poules de basse-cour. Ce rapport permettra au conseil de réévaluer le règlement et de déterminer s’il convient de l’ajuster pour permettre l’élevage urbain de poules à Casselman.