L’artiste de Saint-André-d’Argenteuil Jessie Armand a une nouvelle fois brillé sur la scène internationale avec ses sculptures de neige, remportant cinq prix ces dernières semaines. Cependant, il s’agissait pour lui de son chant du cygne dans ces compétitions alors qu’il compte désormais se concentrer sur d’autres projets.
Le travail de Jessie Armand n’est plus à présenter: tatoueur, muraliste et artiste du crayon feutre Sharpie, il est aussi reconnu pour son travail de sculpteur de neige, lui qui a remporté plusieurs prix autant ici qu’à l’étranger au cours de sa carrière.
Cette année n’a pas fait exception. À la mi-janvier, avec son équipe composée d’un Américain et de deux Mexicains, Jessie Armand a pris la deuxième place à la compétition du World Snow Celebration à Stillwater, au Minnesota, avec sa sculpture Trapped. La semaine suivante, à Breckenridge au Colorado, l’équipe a également pris le deuxième rang en plus de recevoir le prix du Choix des artistes pour sa sculpture Descendant.
Finalement, lors de la deuxième édition du Festival Blizz’Art de Port-Cartier, avec l’œuvre Momma’s Boy, l’équipe a remporté le Prix du jury et le Prix du public.
« J’ai vraiment comme habitude que quand je vais dans un tel concours, j’y vais pas juste pour m’amuser. Quand je rentre dans un concours, j’y vais pour gagner, lance-t-il. Autant je suis un gars très compétitif, autant je suis un bon perdant quand je vois que les autres ont travaillé fort. Mais quand je gagne, il n’y a rien qui change dans ma vie, à part le fait que je trouve ‘cool’ d’avoir une autre médaille ou un autre trophée. »
Il ajoute aussi grandement apprécier le fait qu’il s’agit d’œuvres éphémères et qu’il est quand même fier de ses réalisations, tout en profitant du fait de passer du temps de qualité avec ses amis lors de la création de l’œuvre.
Sentiments
Jessie Armand souligne combien il aime présenter des émotions à travers ses œuvres, comme ce fut le cas avec Trapped, sa sculpture primée au Minnesota. On y voit un homme enchaîné dans une boîte, hurlant pour se défaire de ses liens.
« Ça représente l’anxiété que l’on ressent lorsqu’on a une crise d’angoisse. On se sent enfermé dans une boîte de laquelle on ne peut se sortir, explique-t-il, arguant qu’il ne fait pas lui-même d’anxiété. Quand je dessine une œuvre, j’aime créer une sorte d’émotion que les gens ressentent. Je crois qu’avec l’anxiété, 80 % de la population en fait de façon minime ou plus sévère. Quand les gens sont capables de ressentir l’émotion sans que tu ais besoin de l’expliquer, juste avec le titre, c’est gagnant. »
Avec Momma’s Boy, la sculpture de Port-Cartier, on y voit une mère habillée comme un joueur de football, accroupie à la ligne de mêlée, portant un bébé tel un ballon.
« C’est une mère trop protectrice de son enfant, ce qui fait que ça peut nuire à celui-ci, surtout quand elle affronte tous les obstacles de la vie à sa place, explique l’artiste. C’est venu chercher bien des mères. »
Avec Descendant, Jessie Armand est allé dans un autre registre. On y voit un jeune garçon, habillé en lutin, assis sur un trône, des trognons de pomme à ses pieds. Une pomme intacte reste sur l’accoudoir.
« Ça représente le cercle vicieux où le garçon reçoit une fortune de son père et, au lieu de le faire fructifier, il le flambe », dit l’artiste.
Retraite
Malgré le succès qu’il obtient année après année avec ses sculptures de neige, il s’agissait des dernières compétitions du genre auxquelles il compte prendre part.
« Ça fait 20 ans que je participe à ces concours. Au fil des ans, j’ai voyagé dans tous les coins de la planète, j’ai rencontré du monde partout et de se retrouver tous ensemble dans ces compétitions, ça devient une famille, raconte-t-il. Ça m’a fait de quoi de gagner cette année car je prend ma retraite de ça, du moins pour un bout. »
Il explique sa décision par le fait qu’il ne veut pas s’éloigner trop souvent de ses enfants. « Je voyage déjà beaucoup pour le tatouage et les murales. À presque tous les mois, je pars pour une semaine et avec les sculptures de neige, ça vient s’ajouter à ces autres voyagements, explique-t-il. Mes enfants sont à l’âge qu’ils veulent voir leur père. Les concours de sculptures, c’est terminé jusqu’à ce que mes enfants partent de la maison ou s’ils deviennent assez vieux et que ça leur tente plus de parler avec leur père! »
Même s’il ne ferme pas définitivement la porte à un retour à la compétition, Jessie Armand admet avoir peut-être fait le tour de ce qu’il voulait accomplir dans ce domaine.
« J’ai fait le tour de tous les concours, j’ai gagné partout sur la planète, qu’est-ce qu’il pourrait y avoir après? Je ne vois pas, à part le fait de faire la fête avec ces amis que je connais depuis tant d’années, lance-t-il. Je n’ai plus vraiment de fierté de dire que j’ai gagné à telle place ou telle autre place. Je suis rendu à la prochaine étape, soit de me concentrer sur mes œuvres. »
En effet, le résident de St-André-d’Argenteuil a désormais un atelier de création dans le complexe industriel Ayers de Lachute. C’est là qu’il travaille sur ses différentes œuvres, de la sculpture aux toiles en passant par le tatouage.
« J’avais plein de projets de sculptures mais je n’avais jamais l’espace pour les faire, explique-t-il. Là, j’ai tout l’espace du monde. En plus, au lieu de travailler sur une seule toile à la fois, j’en ai dix en cours de réalisation en même temps. Faire des toiles, c’est là où je me sens le mieux, je fais ça pour moi. »
Il a aussi quelques projets de murales dans les cartons pour l’été. L’an dernier, il a réalisé une murale du défunt chanteur des Cowboys Fringants Karl Tremblay sur le mur extérieur du bar Le Terminus de Saint-Jean-sur-Richelieu qui a été très remarquée.
Pour plus de renseignement sur l’art de Jessie Armand, visitez le www.jetset.art.