Les travailleuses des CPE d’Argenteuil manifestent

Par Francis Legault
Les travailleuses des CPE d’Argenteuil manifestent
Une cinquantaine de syndiquées des CPE d’Argenteuil ont bravé le froid mordant pour manifester à Brownsburg-Chatham lors d’une deuxième journée de grève nationale. (Francis Legault, EAP)

Les quelque 13 000 employées syndiquées des CPE du Québec, affiliées à la CSN, ont tenu une deuxième journée de grève le 6 février dernier. Dans Argenteuil, une cinquantaine d’entre elles ont bravé le froid mordant pour manifester devant la salle Louis-Renaud de Brownsburg-Chatham, non loin du plus important CPE de la MRC, Le Rêve de Caillette.

Il s’agissait de la deuxième de cinq journées de grève que le syndicat avait en banque. La grève du 6 février venait à peine de débuter que déjà, la CSN annonçait que le prochain débrayage allait avoir lieu le 17 février prochain.

Dans Argenteuil, les trois CPE, qui comprennent six installations au total, étaient fermés pour la journée, ce qui a obligé les parents de près de 325 enfants à trouver des solutions de rechange pour faire garder leur progéniture.

Contrairement à la première grève du 23 janvier dernier durant laquelle une manifestation régionale a eu lieu du côté de St-Jérôme, les syndiquées ont tenu des rassemblements locaux. Une cinquantaine de grévistes d’Argenteuil se sont ainsi retrouvées devant la salle Louis-Renaud du secteur St-Philippe de Brownsburg-Chatham, aux abords de la route 148 et non loin du CPE Le Rêve de Caillette.

Plusieurs demandes

Chantal Maillé, présidente du conseil central des Laurentides de la CSN, était sur place. Elle souligne que la CSN représente plus de 1000 membres dans les CPE laurentiens et pas seulement des éducatrices mais aussi du personnel de soutien.

« Les travailleuses aimeraient avoir des heures pédagogiques en surplus pour pouvoir bien préparer les plans de travail et l’éducation à la petite-enfance, explique-t-elle. Évidemment, il y a aussi des demandes salariales : en haut de l’échelle, une éducatrice spécialisée gagne environ 30 $ de l’heure après 11 ans d’ancienneté. Pour quelqu’un qui s’occupe de l’alimentation dans les CPE, on parle d’environ 23 $ de l’heure au dernier échelon, soit un salaire de 45 000 $ tout au plus par année. »

La seule offre patronale concernant les salaires, déposée au début des négociations il y a huit mois, proposait une hausse de 12,5 % sur cinq ans, ce qui est évidemment pas assez au goût du syndicat. Selon madame Maillé, il faudrait des hausses salariales plus élevées pour rendre le travail d’éducatrice spécialisée plus attrayant et plus valorisé.

« Les conditions de travail ne sont pas si attrayantes que cela. On parle des salaires mais il y a aussi les congés et l’organisation du travail qui font que ce n’est pas idéal, dit-elle. On ne veut pas accentuer la pénurie de main-d’œuvre. On demande au gouvernement de travailler pour faire en sorte que les parents et les enfants aient des services de qualité. Si aujourd’hui les femmes peuvent aller travailler, c’est notamment grâce aux CPE. »

« Les travailleurs et travailleuses dans les CPE ne sont pas des ‘gardiens d’enfants’. On ne peut pas faire ce que l’on veut, poursuit-elle. Même au niveau de l’alimentation, ce sont des repas équilibrés et des conditions qui sont données par le gouvernement. Il faut valoriser ces travailleurs et travailleuses et démontrer qu’ils sont importants au sein de la société. Je pense que le gouvernement a de la difficulté à comprendre ça. »

La CSN représente environ 80 % des travailleurs et travailleuses des CPE du Québec. Les 20 % restants son représentés par la CSQ et la FTQ : ceux-ci ont conclu des ententes de principes avec le gouvernement avant Noël. Quant aux éducatrices en milieu familial, celles-ci ont entériné en fin de semaine dernière l’entente négociée par leur syndicat quelques semaines auparavant.

Les négociations se poursuivent entre la CSN et le gouvernement concernant les employées des CPE. Outre le débrayage prévu le 17 février prochain, le syndicat a encore deux autres journées de grève en banque qui seront prises à des dates indéterminées si aucune entente n’est conclue d’ici là. Il faudra voir par la suite si les syndiquées voudront déclencher une grève générale illimitée.

« On n’a pas le mandat de nos membres pour une grève générale illimitée présentement, convient Chantal Maillé. Mais je crois que l’on pourrait se rendre jusque là. Les travailleuses sont prêtes à aller jusqu’au bout, comme lors de la dernière négociation en 2021. Cependant, on n’en est pas rendu là encore, il nous reste trois jours de grève en banque. On espère que le gouvernement va faire avancer les négociations assez rapidement. »

Pour l’instant, madame Maillé dit ignorer quelle forme prendront les manifestation du 17 février prochain mais elle assure que les syndiquées seront au rendez-vous, peu importe les conditions climatiques.

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