La Ferme La Roquette de Brownsburg-Chatham a reçu de la visite qui venait de loin le 22 novembre dernier. En effet, une délégation d’une dizaine de producteurs agricoles africains étaient de passage dans la région dans le cadre d’un stage offert par UPA Développement international.
L’Union des producteurs agricoles (UPA) du Québec n’est plus à être présentée. Le syndicat représentant les producteurs agricoles de la province existe depuis maintenant un siècle.
Cependant, son groupe affilié UPA Développement international est un peu moins connu. Fondé en 1993, il se spécialise dans le développement de systèmes agro-alimentaires durables et est présent dans une quinzaine de pays du globe et compte une soixantaine d’organismes partenaires.
Lors de sa création il y a plus de 30 ans, un des premiers projets pilotés par l’organisme fut le stage Viens marcher ma terre, un programme qui permet de mettre en contact des producteurs entre eux mais aussi avec des spécialistes agricoles à travers le monde.
« Ça leur permet d’échanger et de partager leurs expériences pour innover ensemble, explique Andréanne Soucy, agente aux communications et marketing pour UPA Développement international. Ça fait longtemps que l’on s’est rendu compte que les défis liés à l’agro-alimentaire sont les mêmes ici qu’ailleurs même si ça se vit à différents degrés. Par exemple, en Afrique, les producteurs vivent plus durement les changements climatiques alors qu’au Québec, l’an dernier, ça aussi été très difficile. L’idée est donc de se se mettre ensemble pour trouver des solutions à nos problèmes. »
Dans le cadre du stage 2024 de Viens marcher ma terre, une délégation de huit producteurs agricoles provenant de quatre pays africains était de passage au Québec pour un séjour de trois semaines. Après avoir assisté à des formations et ateliers lors de la première semaine, la délégation s’est par la suite déplacée dans diverses régions de la province pour visiter des productions agricoles. Et le 22 novembre, un arrêt à la Ferme La Roquette de Brownsburg-Chatham était à l’horaire.
Un modèle différent
Le choix de visiter la Ferme La Roquette n’est pas le fruit du hasard. Les responsables de l’UPA Développement international voulaient montrer à la délégation africaine un exemple de modèle alternatif de production agricole mis en place par la relève agricole.
« L’accessibilité à une terre agricole et à la relève est un enjeu ici au Québec mais également ailleurs dans le monde, souligne madame Soucy. Ici, c’est une coopérative mais il y a également l’un des cofondateurs, Frédéric Turgeon-Savard, qui est impliqué dans UPA Développement international. Il a fait quelques missions avec nous, dont au Bénin. Il croit au projet et à l’échange d’expertises. »
Le principal intéressé l’admet, cette visite est très importante pour lui et pour l’avenir de l’agriculture en général.
« J’ai eu la chance d’aller deux fois au Bénin pour faire un peu ce que cette délégation fait, dit-il. Pour chaque personne que j’ai rencontrée en provenance de différents pays, on vit sensiblement les mêmes difficultés et problématiques. En entendre parler, se montrer solidaires, c’est positif, c’est important d’avoir de tels liens partout sur la planète. »
Selon monsieur Turgeon-Savard, l’accessibilité à la terre et aux marchés ainsi que la hausse des coûts liés aux intrants (semences, engrais…) sont des choses que vivent autant les membres de la Ferme La Roquette que les propriétaires agricoles d’ailleurs dans le monde. Avec un programme comme celui de Viens marcher ma terre, cela permet de pouvoir voir ce qui se fait ailleurs pour contrer ces problématiques.
« Je crois que dans chaque pays, il y a des initiatives qui fonctionnent, lance-t-il. Des fois, il y a des initiatives qui ont été faites à un endroit qui peuvent en inspirer d’autres peu importe où l’on est. »
La Ferme La Roquette produit une soixantaine de fruits et légumes certifiés biologiques qui sont vendus en circuits courts, soit directement à la ferme, à travers des paniers bios ou encore dans certains commerces et restaurants. D’ailleurs, un nouveau kiosque de vente à la ferme devrait être construit pour l’été prochain.
Culture différente
Alsely Nibah, un producteur maraîcher (pommes de terre, tomates, oignons, riz et maïs) de Guinée-Conakry âgé de 29 ans, a indiqué avoir beaucoup aimé sa visite en sol québécois.
« J’ai retenu plusieurs choses mais plus particulièrement l’engagement des producteurs au sein de l’Union des producteurs agricoles du Québec, leur passion mais aussi leur modèle de ferme familiale qui est un peu différent de chez nous, raconte-t-il. Ce qui m’a profondément marqué ici, c’est qu’on aime léguer [la ferme] aux enfants. »
C’est d’ailleurs ce modèle de ferme familiale québécois, où chaque membre de la famille y accomplit des tâches quotidiennes, qui l’inspire le plus et qu’il voudrait implanter chez lui.
« Autre chose que je veux apporter est qu’ici, on met de l’avant le travail de l’Homme. Chez nous, on met souvent l’intérêt personnel de l’avant, en oubliant l’humain qui est derrière le travail, ajoute-t-il. J’espère qu’à mon retrour chez moi, avec mes employés et associés, on va mettre l’accent sur la personne qui est dans le champ et à la ferme pour améliorer les résultats de chacun. »
Il conclut en disant avoir entrepris ce voyage afin de s’enrichir au niveau de l’expérience que lui apporte ce périple afin d’améliorer le rendement de sa ferme.
Pour en apprendre plus sur UPA Développement international, visitez le upadi.ca.