Pour que ça ne se reproduise plus

Par Francis Legault
Pour que ça ne se reproduise plus
La marche rendait hommage aux 14 victimes de la tuerie de Polytechnique mais aussi à trois jeunes femmes de la région victimes de féminicide. (Francis Legault, EAP)

Les 12 jours d’action contre la violence faite aux femmes se sont terminés le 6 décembre dernier, date soulignant le 35e anniversaire de la tuerie de l’École polytechnique de Montréal. À Lachute, des partenaires de la lutte contre les violences faites aux femmes ont organisé une première marche commémorative dont le message se résume à : « Plus jamais! »

Le 6 décembre 1989, un jeune homme de 25 ans est entré à l’École polytechnique de Montréal avec comme objectif de tuer le plus de femmes possible. Il en tuera 14 avant de s’enlever la vie, blessant au passage 14 autres personnes.

Le 5 décembre dernier, le comité local des 12 jours d’action contre la violence faite aux femmes, composé de représentants de la MRC d’Argenteuil, de la Sûreté du Québec, de la Maison des jeunes de Brownsburg-Chatham, du Carrefour des femmes de Lachute et du centre d’hébergement La Citad’Elle, ont organisé une première marche commémorative de cet événement au parc Barron de Lachute. Une quarantaine de personnes de différents horizons ont pris part à l’événement.

Cette marche rendait hommage aux 14 victimes de 1989 mais également à trois jeunes femmes de la région assassinées au cours des dernières années dans un contexte de violence ciblant les femmes, soit Manon Trottier (1990), Aylin Otano-Garcia (2000) et Océane Boyer (2020).

« C’est la première fois que l’on organise une telle marche, explique Martine Mantha, co-coordonnatrice au Carrefour des femmes de Lachute. Les autres années, il y a toujours eu dans Argenteuil quelque chose pour souligner la date du 6 décembre mais cette année, on voulait qu’il y ait quelque de plus grande envergure pour inviter la population à commémorer les victimes. »

« [Cette marche] est un travail d’équipe issu du Comité opérationnel violence conjugale d’Argenteuil, renchérit Sophie Laroche, co-coordonnatrice clinique à la Citad’Elle de Lachute. Nous devons refuser toutes les formes de violence. Dire non à la violence est l’affaire de tout le monde. »

Madame Laroche souligne que jusqu’à présent, en 2024, 25 féminicides ont eu lieu au Québec. À La Citad’Elle, 86 femmes et 83 enfants ont été hébergés l’an dernier. Depuis avril, ce sont 61 femmes et presqu’autant d’enfants qui ont fait appel aux services de l’organisme qui répond à environ sept demandes d’aide par jour.

Des gestes à poser

Selon Martine Mantha, cette marche est une façon de rappeler aux gens qu’ils peuvent faire des gestes contre la violence faite aux femmes.

« Il y a un devoir de mémoire tout au long de l’année à refuser toutes les formes de violence, dit-elle. Il faut poser des gestes en ce sens-là, dire qu’en 2024, c’est assez! On doit faire avancer les choses. Les femmes doivent aussi retenir qu’il y a des organismes qui sont là pour les aider et qu’elles doivent dénoncer. »

Pour sa part, Sophie Laroche rappelle que les hommes ont leur rôle à jouer pour mettre fin aux violence faites aux femmes.

« Les gars doivent se parler entre eux, lance-t-elle. On l’a vu avec l’attention médiatique récent sur les mâles alphas, il y a une prise de conscience chez les hommes de ne pas se reconnaître dans ce modèle-là. Les hommes peuvent être acteurs de changement. »

D’ailleurs, elle ajoute être satisfaite du nombre de participants à la marche parmi lesquels on comptait quelques hommes. « Je suis satisfaite de voir que les gens se mobilisent. J’ai bon espoir que ça va devenir une tradition dans Argenteuil et qu’il y aura de plus en plus de gens à l’événement. »

Et les jeunes?

Une des façons de réduire les comportements violents envers les femmes passe par l’éducation des jeunes générations. Madame Mantha souligne que les trois maisons des jeunes du territoire d’Argenteuil font un excellent travail en ce sens.

« Les intervenants font de la prévention et de magnifiques ateliers pour expliquer aux jeunes l’importance de faire attention à cette violence, affirme-t-elle. La cyberviolence est un fléau sur les réseaux sociaux. Les jeunes sont aussi en couple à un plus jeune âge : il est donc important de leur expliquer ce qu’est une saine relation. »

Karine Morrison est intervenante en prévention des dépendances dans les milieux scolaires et intervenante psychosociale dans les maisons de jeunes de la MRC. Elle remarque que des comportements violents sont posés de plus en plus jeune.

« On le voit au primaire, dans les relations, sur les téléphones et les réseaux sociaux…  Même dans les échanges verbaux qu’ils peuvent avoir entre eux, indique-t-elle. Il y a peu d’échanges concrets à la maison sur ce qu’est une relation saine. Il faut souvent amener le jeune à réfléchir et se faire sa propre opinion pour qu’il puisse avoir de meilleurs comportements. »

Elle indique que la violence chez les jeunes a évolué au fil des ans mais que celle-ci est plus souvent reconnue et exposée. Elle est souvent plus apparente puisqu’elle s’affiche sur les réseaux sociaux et dure plus longtemps dans le temps puisqu’elle laisse des traces en ligne. Madame Morrison a cependant espoir pour la jeune génération.

« On voit des mouvements où la dénonciation est mieux perçue. C’est une avancée importante, dit-elle. Il y a des organismes qui se mobilisent qui veulent mettre en place des actions pour apporter des changements. »

Pour en savoir plus sur les services offerts au Carrefour des femmes de Lachute, visitez le www.cafela.org ou composez le (450) 562-7122.

La Citad’Elle peut être rejointe au 450 562-7797 ou en ligne au citadellelachute.ca.

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