L’augmentation du prix des loyers fait grincer les dents chez certains citoyens, dont ceux d’Argenteuil. L’Office régional d’habitation d’Argenteuil (ORHA) les aide et évoque le pire des six derniers mois, parlant du taux d’inoccupation dans la MRC.
«Le taux d’inoccupation se situe à 0,7%, il y a très peu de logements. Le prix des loyers a augmenté approximativement de 13%. Ce n’est pas rare de voir un trois et demi à 1 000, 1 100 dollars», a déploré Marie-Christine Godin, directrice générale de l’Office régional d’habitation d’Argenteuil. Elle estime qu’une migration de la population vers les Laurentides pourrait expliquer ce taux d’inoccupation.
«Pour qu’il y ait un équilibre entre l’offre et la demande, on parle d’un taux d’inoccupation de 3%, et là on est à 0,7%. Ça crée une rareté dans les logements», en a-t-elle déduit. Selon elle, ce phénomène, qui se remarque depuis les trois dernières années, s’est accentué au cours des six derniers mois, surtout à Lachute. Ceci s’accompagne d’une progression des coûts des loyers.
Un des promoteurs immobiliers de la place, avec qui le journal a communiqué, s’est contenté de reconnaître que «les locataires ne sont pas du tout contents et qu’on ne peut pas faire autrement».
À l’ORHA, c’est Lachute, la principale ville de la MRC d’Argenteuil, qui est la plus citée.
«Là où le phénomène d’augmentation de la hausse des prix des loyers se ressent le plus est Lachute, parce que c’est proportionnel à la quantité de logements, de constructions de maisons neuves, ou de condos. C’est Lachute parce qu’à Gore, Mille-Isles et autres, il n’y a pas d’immeubles à revenus, pas de gros édifices à logements», a expliqué Mme Godin.
L’Office régional d’habitation d’Argenteuil, dont la mission est d’offrir du logement abordable à la population, remarque également une montée du nombre de rénovictions. Les propriétaires récupéreraient les logements pour les rénover afin d’augmenter les prix des loyers.
Boom de demandeurs
Tous ces facteurs réunis créent, à l’ORHA, un afflux de gens à la quête d’un toit. Son service d’aide à la recherche de logement (SARL), qui est une initiative prise avec la collaboration de la MRC d’Argenteuil et des organismes du milieu, est très sollicité.
«Depuis le mois de janvier seulement, notre Service d’aide à la recherche de logement a aidé 188 ménages, c’est énorme! Un total de 188 ménages, ça veut dire familles ou personnes seules qui étaient en recherche active de logement depuis le 1er janvier 2023 sur notre territoire», a constaté, très surprise, la DG.
La catégorie la plus touchée est composée de personnes seules. Elles ont généralement plus de difficulté à subvenir à leurs besoins, à avoir des revenus ou à trouver des loyers, des trois et demi essentiellement, a-t-elle décrit.
«Une personne qui est seule a un seul revenu, donc elle n’est pas capable nécessairement de se payer un quatre et demi ou un cinq et demi. Elle doit aller nécessairement vers le trois et demi et c’est ça la catégorie de gens que nous avons le plus sur notre territoire», a spécifié la directrice générale de l’ORHA.
Approche de solution de la MRC
La MRC d’Argenteuil s’investit elle aussi dans la recherche de solutions à la crise du logement. Son préfet, Scott Pearce, a mentionné l’existence, au sein de l’institution, d’un programme pour aider les gens à trouver du logement. Une liste des logements disponibles est dressée et ceux-ci sont jumelés avec les personnes qui sont à la recherche d’un toit.
Des démarches sont également entreprises auprès de la Fédération québécoise des municipalités et de la Fédération canadienne des municipalités, afin d’assurer qu’il y ait du financement pour de nouveaux projets de construction dans les municipalités.
Le gouvernement a aussi été sollicité. «On a demandé et le gouvernement a ajouté un peu de fonds, mais c’est long à faire parce que depuis la COVID, on manque de contracteurs. C’est dur de trouver du monde qui ont le temps pour construire de nouveaux logements», a réitéré M. Pearce.
Il a fait remarquer que la situation de la MRC est un peu compliquée, en matière de logement.
«C’est difficile dans une MRC comme la nôtre, parce que souvent, les gens qui ont besoin de logement abordable ont besoin d’autres services. Ils peuvent avoir un problème d’emploi ou d’autres problèmes. Donc, il faut plusieurs services de proximité, ce qui est plus difficile dans une municipalité comme Gore», a assuré le préfet, qui est aussi le maire de ce canton.
Par ailleurs, dans certaines villes canadiennes, comme Calgary, de vieux hôtels sont rénovés et transformés en logements abordables. L’initiative séduit M. Pearce, qui se rend compte en même temps que sa région ne s’y prête pas.
«C’est intéressant, mais dans notre cas à nous, on n’a pas de bâtiments comme ça. C’est plus des petits projets et des fois, ça prend un peu plus de temps pour obtenir des subventions du gouvernements pour avancer dans des plus petits projets. Mais ça, c’est normal», a-t-il concédé.
Efforts de l’ORHA salués
Après tout, le préfet soutient que dans la MRC d’Argenteuil, des efforts appréciables sont en train d’être déployés pour résoudre la crise du logement. Il fait valoir d’abord de gros projets qui sont en construction. Il a aussi donné, comme preuves des efforts, le programme de la MRC pour aider les personnes qui en ont besoin à trouver un logement. M. Pearce a également mis l’accent sur les actions que mène, dans ce sens, l’Office régional d’habitation d’Argenteuil.
Dans les municipalités, les élus soulignent, pour leur part, l’importance de l’organisme dans la recherche de solutions au logement.
«On a une très belle collaboration avec l’office d’habitation. Personnellement, je n’ai pas eu d’appels de gens qui se chercheraient un logement. Ça veut dire que c’est bon signe et que les gens sont référés aux bonnes personnes», a considéré Hugo Lajoie, conseiller municipal de la ville de Lachute.
«Si vous étiez à la recherche de logement et que vous m’appeliez, je vous référerais à l’Office régional d’habitation, parce que ce sont eux qui ont le meilleur soutien pour aider ces gens, c’est l’instance première», a-t-il renchéri.
