Une bouffée de fraîcheur séduisante

Par Karine Audet
Une bouffée de fraîcheur séduisante

Présentée au sublime Théâtre Gilles-Vigneault, c’est une bouffée de fraîcheur qui a été mise en scène par le diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, Frédéric Blanchette.  L’auteur, acteur et comédien, qui occupe une place importante dans le théâtre québécois et qui a notamment été en lice pour la révélation et la mise en scène de l’année pour Cheech ou les hommes de Chrysler en 2004, réussi à nous transporter dans ce petit village portuaire avec une scénographie sobre, mais efficace. Les petites maisons éclairées, les quelques rochers et les changements de décor fait par les comédiens nous font filer tout en douceur dans le cœur de l’histoire.  

Dans la comédie originale de 2003 qui avait frappé l’imaginaire des Québécois, on s’attache aux habitants d’un village perdu en mer au large de la Gaspésie en Basse-Côte-Nord qui doivent signer un contrat d’un an avec un médecin afin d’implanter une usine qui donnerait enfin du travail aux résidents.  Qui ne se souvient pas du duo David Boutin-Raymond Bouchard dans la fameuse scène de cricket à flanc de colline lors de l’arrivée du médecin? 

Contraint de vivre des allocations gouvernementales, le nouveau maire Germain (Michel Rivard) prend en main le sort des habitants sur ses épaules, entouré de ses complices souvent réunit au bar du seul établissement de Sainte-Marie-la-Mauderne. C’est tout ce jeu de séduction qui se déploie sur la scène de Saint-Jérôme pour attirer le docteur Christopher Lewis (Fayolle Jean Jr.) à quitter une vie urbaine et branchée en tissant des liens avec cette communauté tisée serrée.   

Le retour sur scène de l’animateur Normand Brathwaite, convaincant dans le rôle du pêcheur Yvon Brunet, ainsi que de la talentueuse et adorable Chantal Baril, sa conjointe, nous offrent des scènes autant rigolotes qu’émotives. Alexandre Fortin (Henri Giroux), le fameux directeur de caisse qu’on pourrait remplacer par un guichet automatique, ajoute du mordant alors qu’on se voit de plus en plus contraint dans une société où les banques traitent leurs clients comme des numéros. Remplie de blancs mensonges et de manigances tordues, avec l’adaptation du texte par Emmanuel Reichenbach fait plusieurs références efficaces aux temps d’aujourd’hui qui séduisent le spectateur telles que les toilettes non-genrées et la bouffe végane avec le tofu strogonoff. La tromperie qui s’étale aura-t-elle convaincu le médecin à prendre racine dans ce patelin accessible que par les voies maritimes? 

La salle comble a donné une ovation soutenue aux 10 comédiens qui semblaient fort heureux de retrouver leur public. Des représentations ont lieu du jeudi au dimanche jusqu’au 13 août prochain.  

 

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