« Ah! Oui, on en a des légumes… » -La Bolduc 

Par Karine Audet
« Ah! Oui, on en a des légumes… »     -La Bolduc 

Mme Bayard est arrivée au Médaillon un peu par hasard, un peu à cause de la Covid. Zoothérapeute pendant 12 ans, elle a dû se résoudre à un premier confinement en mars 2020 à cause de la pandémie.  Lorsqu’elle a pu émerger de sa solitude, l’ambiance avait beaucoup changé: dans plusieurs maisons de retraite où elle exerçait son métier régnait une grande morosité. Sans compter que la Covid avait emporté une partie de sa clientèle. Un deuxième confinement en octobre 2020 la persuada d’abandonner la zoothérapie au profit d’un travail plus proche de ceux qu’elle estimait avoir été davantage touchée, voire laissé pour compte, durant le gros de la pandémie: les personnes âgées.  

Engagée au Médaillon d’or, sa première tâche a été de structurer les activités de loisirs en fonctions des goûts des résidents. Comme ces derniers sont autonomes ou semi-autonomes, elle a puisé dans le vaste répertoire des jeux de société, mais aussi dans celui des activités physiques qui ralentissent l’inévitable érosion du corps qu’on abandonne au vieillissement. Durant la belle saison, elle propose des sorties de groupe dans Lachute, des sorties «pedibus cum jambis» (à pied) comme l’aurait dit Jules César.  

Parmi les pensionnaires du Médaillon, il y en a un qui se démarque des autres: Léo Fournier est âgé de 74 ans, il est le fils d’un autre résident célèbre au Médaillon pour sa vigueur; Henri-Georges Fournier décédé en août dernier à l’âge vénérable de 105 ans.   

Or, depuis longtemps, Léo rêvait d’un jardin. Il en a fait part à Caro Bayard qui a décidé de réaliser son rêve. Comme une grande partie des résidents sont issus du milieu agricole et que la plupart dans une vie antérieure possédaient un petit potager, elle a choisi avec l’accord enthousiaste de Robert Huot, le propriétaire de l’établissement, de consacrer une partie de la pelouse dans la cour du Médaillon à un jardin de dimension moyenne. Elle a en outre aménagé une serre dans laquelle Léo, promu au rang de jardinier-fleuriste, range son matériel et effectue des semis avant l’arrivée de la belle saison. C’est avec fébrilité qu’il attend le résultat de ses efforts.   

Cette idée de jardin a fait son petit bonhomme de chemin dans la tête de la responsable des loisirs.  Derrière le Médaillon, au bout d’un petit chemin qui longe la rivière du Nord, il y a deux terrains qui pour le moment restent en friche. C’est à peine si on y tond le gazon.  Il y a quelques mois, Mme Bayard et M. Huot ont proposé à l’ancienne administration la ville de Lachute d’y établir un autre jardin, mais communautaire celui-là, auquel tous les citoyens de Lachute pourraient participer. Le maire Péloquin s’était montré intéressé, mais voilà qu’arrive les élections et une nouvelle administration s’installe à l’hôtel de ville. Qu’à cela ne tienne. M. Huot rencontre les nouvelles instances et selon ses dires, le projet a bien été accueilli; toutefois, le conseil n’en a pas encore été saisi si bien que rien n’est encore décidé. M. Huot et Mme Bayard sont toutefois optimistes. Ils espèrent effectuer les travaux d’aménagement avant la fin de l’année. Selon Mme Bayard, le jardin arrivera à point nommé en cette période d’inflation galopante. Elle espère que les citoyens du «petit Canada» où se situent les deux terrains vagues en profiteront.   

En attendant, Léo continue ses plantations dans la cour du Médaillon. Si tout va bien, les résidents devraient faire une première cueillette dans environ un mois. C’est à suivre.  

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