Après une maîtrise en chimie obtenue en France, elle revient au Québec et obtient une seconde maîtrise en sciences de l’environnement de l’UQAM. Engagée en 2002 à Environnement Canada à titre de spécialiste des métaux lourds, puis de coordonnatrice nationale des indices de la qualité de l’eau et enfin de coordonnatrice principale de programme, elle quitte en 2017 et s’installe à Sainte-Adèle. C’est un retour aux sources pour cette femme originaire de Val-Morin (où ses parents habitent toujours) qui place la famille au centre de sa vie. Comme ses deux fils veulent s’inscrire au programme de sport-étude cycliste à Saint-Jérôme, elle cherche un emploi dans les Laurentides. Comme la direction de l’environnement de la municipalité de Gore est vacante, elle postule le poste, mais devant ses qualifications, la directrice générale de l’époque qui souhaitait faire autre chose lui propose plutôt de la remplacer. C’est ainsi que de chimiste en environnement, Julie Boyer devient directrice d’une ville où la nature est une des premières valeurs.
Pour Julie Boyer, tout est une question de valeurs. À l’origine, elle voulait devenir journaliste scientifique, et si elle s’est orientée autrement, c’est en partie à cause de sa conscience aigüe de l’état du monde. Son travail a toujours été dicté par le respect qu’on doit à notre planète. C’est pourquoi la ville de Gore lui va comme un gant.
En effet, Gore avec ses 2065 résidents permanents qui deviennent 4000 durant la belle saison s’est doté de règlements sévères afin de préserver son caractère champêtre et forestier. Les terrains sont plus grands qu’ailleurs, la coupe de bois est fortement limitée et aucun remblai n’est autorisé dans les milieux humides. En outre mis à part les maisons multigénérationnelles, aucun immeuble de plus d’un logement n’est autorisé.
Au contraire de bien des petites municipalités qui cherchent le développement tous azimuts afin de faire croître leur assiette fiscale, ni Scott Pearce, le maire de Gore, ni sa directrice générale n’ont ce genre d’ambition. Julie fait sienne la parole de son maire : «Nous devons nous occuper de ceux qui sont là, pas de ceux qui viendront ». Ce qui ne signifie pas qu’à Gore, on soit contre tout progrès. Bien au contraire. La municipalité a bien accueilli l’introduction par Fibre Argenteuil d’Internet haute vitesse sur son territoire. La pandémie a révélé la nécessité de la chose quand des parents se sont vus confinés en télétravail et que leurs enfants suivaient leurs cours en virtuel.
Mais, souligne Julie Boyer, «nous ne faisons pas de publicité pour attirer de nouveaux résidents». Pourtant, cette année, la population a cru de 19%. La réputation de Gore comme ville-nature n’est plus à faire.
Ce dont elle est le plus fière: la création du parc Nature du lac Beattie qui, relié aux Sentiers de Gore, est devenu un des plus beaux attraits de la région. Il s’agit d’un projet de protection de 300 hectares qui permet aux résidents de faire connaissance avec la forêt et d’avoir accès au lac.
Mais il n’y a pas que la nature qui intéresse Julie Boyer. Sportive, elle a été de 2015 à 2017 présidente du conseil d’administration du Marathon canadien de Ski. Elle se rend régulièrement en vélo depuis sa demeure de Sainte-Adèle à son bureau de Gore par la 329 qui comporte des côtes à vous faire des mollets d’enfer si vous avez assez de souffle.
Il y a aussi la culture. Gore n’est pas en reste. Plusieurs artistes en arts visuels et en musique y habitent. Bon nombre d’entre eux participent chaque été à La Route des Arts. Côté musique, un volet du Festival Argenteuil en Blues y a lieu à l’automne d’où son nom: Les Couleurs d’Argenteuil en blues. On espère également reprendre dans l’église Holy Trinity la série de concerts initiée il y a plusieurs années par le guitariste Marc Morin et qui ont été reprises par la ville, mais dont la pandémie a forcé la suspension.
Julie Boyer est une femme d’équipe qui pratique ce qu’elle appelle la «gestion empathique» qui consiste à donner aux employés un milieu de vie qui donne le goût de venir y travailler. Comme Gore ne dispose pas de ressources inépuisables, il faut que chacun y mette du sien et fasse preuve d’imagination pour réaliser les objectifs. Cela signifie parfois accepter d’aller au-delà de ses fonctions: par exemple, Mme Boyer n’a pas hésité à participer aux travaux de nettoyage dans le Parc nature. Elle sera préposée au stationnement lors de la journée de l’environnement. Bref, une gestionnaire écolo qui pratique par l’exemple.