La longue route d’un Franco-ontarien pour quitter l’Ukraine

La longue route d’un Franco-ontarien pour quitter l’Ukraine

Luc Chénier, sa conjointe ainsi que ses 2 filles âgées de 17 et 2 ans se sont fait réveiller brutalement à 5h18 le matin du 24 février par un missile russe tombé à quelques kilomètres de leur maison de Kiev. «On a quand même été chanceux, car la soirée d’avant, on avait fait tous nos bagages, a-t-il raconté la semaine dernière à l’émission Les Matins d’ici de la radio de Radio-Canada à Ottawa. Quand on s’est fait réveiller par le bombardement, c’était le choc. On n’avait jamais imaginé ce qui allait se passer. On pensait que les menaces de Poutine n’étaient rien d’autre qu’un bluff. On n’imaginait jamais que des missiles tomberaient sur la ville de Kiev». 

Puis ce fut le début d’un difficile périple de 17 jours vers la sécurité pour la famille Chénier. Au lieu des 45 minutes que ça prend en temps normal pour sortir de la ville, ça leur aura pris presque 6 heures, tellement les routes étaient bloquées par la circulation. Les postes d’essence étaient engorgés, dont plusieurs n’avaient plus de carburant. Ils en ont trouvé une à des centaines de kilomètres plus loin. La famille s’est d’abord dirigée vers la Pologne. Mais l’attente de plusieurs jours avec un enfant de 2 ans les a dissuadés. Alors, ils se sont dirigés vers la Hongrie ce qui leur aura pris 21 heures pour franchir la frontière. Il leur restait à multiplier les efforts pour enfin obtenir un visa du Canada pour Iryna la conjointe de nationalité ukrainienne de M. Chénier. PDG du journal en langue anglaise The Kyiv Post, Luc Chénier croit que c’est beaucoup grâce à ses contacts dans les médias, dont au quotidien Le Devoir, qui ont aidé. 

Le visa enfin obtenu, la famille Chénier a pu s’envoler de Budapest mercredi de la semaine dernière vers Vienne en Autriche. Le lendemain, un autre avion les mènera à Montréal. Une fois rentré au Canada après avoir vécu 22 ans en Ukraine, Luc Chénier dit qu’il ne peut pas s’empêcher de penser à ceux qui restent là-bas, à subir la brutale invasion du régime russe de Vladimir Poutine. «Ce qui m’inquiète, ce sont les réfugiés qui vont venir, qui attendent et qui n’ont pas les contacts que j’ai. Ils ont besoin d’aide aujourd’hui, pas dans 2 semaines», a-t-il déclaré à Radio-Canada, alors que le gouvernement canadien a annoncé deux initiatives pour faciliter l’accueil de réfugiés ukrainiens qui fuient l’offensive russe. Pour la suite des choses, la famille Chénier loge à Hawkesbury chez Isabelle l’une des 2 soeurs du PDG du Kyiv Post. Et c’est d’ici que ce dernier continue de diriger son journal, malgré la distance. 

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