Colorée, ludique et surréaliste, l’exposition Shéma viral, un antidote à la morosité ambiante, n’en démontre pas moins des traces d’histoire qui seront marquantes à bien des égards pour les humains qui composent cette planète, en souffrance depuis bon nombre d’années. Débutant vendredi dernier jusqu’au 20 mars prochain, plusieurs acryliques extrêmement réalistes ouvrent le passage sur une deuxième salle, dont les oeuvres plus petites et abstraites laissent l’imaginaire s’envoler au propre comme au figuré.
Alors que le monde se referme sur lui-même voilà deux ans, l’artiste s’est dit secoué, mais surtout inspiré. Chez les peintres, se retrouver seul dans l’atelier fait partie des grands plaisirs de la vie. «Au début de la pandémie, mon exposition sur la thématique des cœurs présentée à Montréal a été annulée. Comme bien du monde, je suis tombé sur un down, raconte le résident du Saint-Charles-sur-Richelieu. Puis, je me suis dit pourquoi ne pas m’en servir comme un carburant à la création?»
Horticulteur pour mettre du beurre dans l’assiette et inspiré par la nature, Perras analyse les formes géométriques du virus présentées sur toutes les chaînes, qu’il transposera en images parfois florales, parfois à la limite du mandala. «Le travail de la terre a modelé la façon dont j’aborde une œuvre, explique l’artiste autodidacte possédant un début de formation en graphisme sur les bancs du Cégep Vieux-Montréal. Le figuratif, les formes abstraites et les icônes s’amalgament dans mes œuvres pour exprimer la métamorphose de notre monde en constante évolution. Ici, la peinture et le dessin oscillent entre l’abstraction et la représentation. Des formes graphiques se mêlent à des éléments plus figuratifs pour rappeler cette bivalence dans la vision que nous portons maintenant sur notre monde.» Loin de lui l’idée de minimiser la gravité de la pandémie, mais plutôt aider à en faire abstraction.
Au-dessus du marasme quotidien, l’un de ses tableaux inspirés d’une œuvre de Marc Shagall, présente un couple survolant la ville, qui arrive à s’entrelacer l’un et l’autre en faisant fi des dernières nouvelles. «Je prenais écho des dernières informations qu’on recevait et j’y donnais un traitement ludique, pas trop sombre, tel des clins d’œil!», partage-t-il. Perras sera d’ailleurs au rendez-vous tous les dimanches entre 13h et 16h pour discuter de sa démarche artistique.
Cette exposition sera transportée au Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire en 2023. Profitez de cette grande première, ici même à Lachute, au 76 rue Clyde, pour savourer le travail de l’équipe de Lyse-Anne Bernatchez, chargée de projet.