Une galerie pour tout le monde

Une galerie pour tout le monde

C’est pourquoi La Route des Arts, ce circuit d’artistes réparti sur quatre MRC, a voulu célébrer ses vingt ans en se dotant d’un pied à terre à Lachute et en créant Les Arts sur la route, un spectaculaire accrochage sur les murs de quelques immeubles de reproductions géantes de tableaux qui confèrent au centre-ville un caractère festif. Le lieu devait être éphémère, durer 4 mois. Mais comme cela arrive souvent, le temporaire devient permanent.   

Il se trouve qu’à cette époque, la ville de Lachute avait besoin de reprendre les locaux consacrés à sa Maison de la culture, qui comportait une salle d’exposition peu engageante, sans fenêtre et, disons-le peu fréquentée. On propose donc à La Route des Arts de prendre la relève des expositions. La présidente d’alors, Lise-Anne Bernatchez et la peintre Suzanne de Carufel se mettent à la recherche d’un lieu adéquat, mais les loyers sur la rue Principale sont exorbitants. Elles trouvent enfin un ancien magasin de décoration qui met un terme à ses opérations en qui convient parfaitement au projet. L’espace de 3 400 pieds carrés se situe à un jet de pierre de la rue Principale et en bordure du quartier qu’on appelle Petit Canada ce qui augure bien parce que la Galerie veut casser l’idée reçue que l’art, c’est pour les nantis. On fait appel au designer de Libre Empreinte, Jérôme Dallaire, pour aménager les lieux et concevoir un mobilier en ciment que l’organisme acquiert à moitié prix. Une vingtaine de bénévoles participent aux travaux et après un mois, la galerie ouvre en grande pompe.   

Deux années plus tard, La Route des Arts, la galerie, affiche un bilan impressionnant: une vingtaine d’expositions solos et de groupe réunissant tout près de soixante artistes, de nombreux ateliers d’initiation à diverses disciplines artistiques, une boutique proposant les œuvres artisanales de 75 créateurs et un boot camp offert aux jeunes durant l’été pour les familiariser avec la broderie, la fabrication de marionnettes, etc.   

La Galerie n’est pas une galerie comme les autres. Centre d’exposition pour des artistes des Laurentides, elle s’est également dotée d’une mission pédagogique : démystifier l’art et le rendre accessible à tous à commencer par les jeunes. Les élèves de l’option arts plastiques de la Polyvalente ont exposé leurs œuvres ce qui a attiré un grand nombre de leurs camarades. À cette occasion, on a pu voir une file d’autobus jaunes stationnés sur la rue Clyde. Plusieurs élèves sont revenus par la suite se remplir les yeux et la tête des paysages oniriques de Jean Kazemirchuk ou des créatures improbables de Renalda Bedolla-Sanchez et de Majolein Dallinga. Le Centre de pédiatrie sociale y a emmené ses usagers pour les initier au monde de l’art.   

Puis, vint la pandémie. La région d’Argenteuil a été tout compte fait assez chanceuse. Elle n’a eu à déplorer qu’un petit nombre de cas. Néanmoins, les établissements commerciaux, les restaurants et les services non essentiels ont été frappés de plein fouet. Certains d’entre eux ont fermé leurs portes, temporairement dans le meilleur des cas. La Galerie n’a pas échappé au fléau.   

Au début du confinement, il y a eu une baisse significative de la fréquentation. De 2400 personnes dans les quatre premiers mois qui ont suivi l’ouverture, on est passé à environ 8 personnes par jour. Certains ateliers ont dû être reportés sine die faute de participants (la peur du contact y était certainement pour quelque chose) et des treize expositions prévues pour 2020, deux ont été annulées et deux autres reportées. En 2021, il y a eu deux annulations.   

En revanche, comme La Foire de Noël organisé par la MRC a été annulée en 2020, la Galerie a proposé un souk alternatif, en consacrant la totalité de son espace aux artisans. La réponse populaire a été telle que cette année, on récidive du 1er au 23 décembre en proposant des œuvres d’artistes provenant de tout le territoire des Laurentides.   

Les projets d’avenir? Rendre le lieu rentable en invitant des plus en plus d’artistes à exposer et en proposant le lieu pour des activités extra-artistiques pour ainsi dir : lancement de livres ou de films, conférences, rencontres de réseautage ou 5 à 7 d’affaires. Aussi faire passer à 100 le nombre d’artisans en boutique. Selon Lise-Anne Bernatchez, il faut aussi veiller à la qualité des présentations, proposer des ateliers originaux et continuer le travail de médiation culturelle auprès de la population.    

Une seule ombre au tableau: le manque de bénévoles. Mme Bernatchez invite donc la population à s’impliquer dans cette Route des Arts qui ambitionne de devenir une autoroute fréquentée par tout le monde.   

La Galerie La Route des arts présentera du 8 au 31 octobre une exposition des artistes Francine Vernac et Gabriel Lalonde intitulée Entrecroisements. Il s’agit de travaux utilisant le papier comme matériau, y compris des livres d’artistes.   

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