Plus de 100 millions $ pour les établissements postsecondaires francophones

Plus de 100 millions $ pour les établissements postsecondaires francophones

«L’argent est sur la table pour avoir un projet par et pour les francophones en matière de postsecondaire dans le Nord de l’Ontario», affirme Mélanie Joly en entrevue avec Le Voyageur.

Selon la ministre, grâce à ce financement, «il n’y a vraiment plus d’excuses pour l’Ontario de ne pas offrir un projet qui va sauver l’Université Laurentienne ou qui va créer une nouvelle université par et pour les francophones dans le Nord de l’Ontario».

«Il faut un projet par et pour les francophones du Nord de l’Ontario, poursuit-elle. Est-ce que ce sera via l’Université de Sudbury, une collaboration entre l’Université de l’Ontario français et l’Université de Sudbury, est-ce que ce sera via une nouvelle approche de l’Université Laurentienne… ce sera aux francophones dans le Nord de l’Ontario de prendre leur décision et de s’organiser.»

Même si le financement est pour toutes les universités et les collèges francophones en milieu minoritaire, le programme a été conçu principalement pour venir en aide aux établissements en difficulté financière — comme l’Université Laurentienne, l’Université de Sudbury, le Campus St-Jean de l’Université de l’Alberta, l’Université de Moncton… «C’est vraiment une réponse aux demandes du milieu.»

Elle est consciente que le temps presse pour plusieurs d’entre-elles.

Il y a quelques semaines, Radio-Canada dévoilait que le fédéral offrait 5 millions $ pour venir en aide à l’éducation universitaire en français dans la région de Sudbury. Avec ce nouveau programme, le montant pourrait facilement être plus important, précise la ministre.

«Une très bonne nouvelle»

L’une des principales intéressées, l’Université de Sudbury, accueille d’un bon œil les nouveaux fonds du fédéral.

«L’annonce du nouveau programme fédéral visant à assurer un meilleur accès à l’éducation postsecondaire par et pour nos communautés est une très bonne nouvelle pour l’Université de Sudbury et pour l’avenir de nos communautés», indique le recteur et vice-chancelier de l’Université de Sudbury, Serge Miville. «C’est un investissement qui a un potentiel de transformer l’expérience étudiante en français dans le Nord de l’Ontario. Le message est clair : la communauté francophone du nord pourra prendre en main son destin et le réaliser grâce à des investissements ciblés et prévisibles. Nous remercions la ministre Joly et le gouvernement du Canada d’être à l’écoute et de prendre action.»

Serge Miville donne également le crédit à la communauté francophone pour le travail qu’elle a fait et l’appui qu’elle démontre à l’Université de Sudbury.

«Nous avons très hâte de travailler en étroite collaboration avec la province, notamment avec la ministre [Jill] Dunlop, afin de déposer un projet d’avenir qui répond directement aux aspirations de nos étudiantes et de nos étudiants, à la hauteur de nos ambitions collectives et la mesure du potentiel du développement du Nord de l’Ontario et l’ensemble de la francophonie», ajoute le recteur.

Dix ans de noirceur à l’Université de Moncton

En juin, devant le Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes, le recteur de l’Université de Moncton, Denis Prud’homme, a fait part des difficultés que connait l’institution acadienne. Depuis une décennie, l’Université a dû procéder à des coupes budgétaires annuelles de l’ordre de 2 à 3%, une situation qui «commence à avoir des impacts significatifs sur notre capacité à livrer des programmes de qualité», a-t-il expliqué aux parlementaires du comité.

Ne pas s’ingérer

Des demandes peuvent être présentées pour trois types de projets: des initiatives stratégiques nationales, des projets récurrents nouveaux ou qui existent déjà, mais qui ont besoin de plus d’argent et des nouveaux projets pour des initiatives «par et pour» les francophones.

C’est ce dernier type de projets sur lequel la ministre insiste le plus, signalant au passage que l’aspect «par et pour» est une condition à l’approbation des projets financés sous ce volet.

Les établissements qui feront des demandes devront s’assurer d’avoir la participation de leur province. Ainsi, le fédéral fournira 95% du financement du projet pendant la première année, 75% lors de la deuxième année et 50% pour la troisième année. La balance devra être fournie par le gouvernement provincial.

«On comprend que les provinces ont fait face à des défis pendant la pandémie, qu’elles ont besoin d’un peu de temps pour s’adapter», dit Mélanie Joly.

Elle considère l’approche prudente, car l’investissement régressif exige que les provinces s’engagent aussi à long terme et prennent leur responsabilité. Elle respecte aussi les champs de compétences fédéraux et provinciaux. Lors du colloque Franco-Parole III en juin, la professeure agrégée au Département de science politique du Collège militaire royal du Canada, Stéphanie Chouinard, rappelait que si le gouvernement fédéral investissait trop massivement dans ce secteur, les provinces pourraient avoir envie de diminuer leur propre contribution.

Le plan de financement ressemble aussi beaucoup à ce qui a été conclu entre le Canada et l’Ontario pour le financement de l’Université de l’Ontario français à Toronto.

Pour Mélanie Joly, ce nouveau financement est une affirmation des intentions exprimées dans le projet de la nouvelle Loi sur les langues officielles — qui n’a pas encore été adoptée — de renforcer les droits linguistiques au pays. «Pour se faire, il faut renforcer leurs institutions. Il n’y a rien de plus important pour les communautés francophones que les institutions postsecondaires.»

Mme Joly promet communiquer avec la ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Caroline Mulroney, au cours des prochains jours pour l’informer du financement. «Ça va me faire plaisir de travailler avec elle pour trouver une solution.»

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