C’est le 21 juin que les avocats du groupe de citoyens Action Champlain et ceux de la cimenterie Colacem ont plaidé leur cause respective devant un juge de la Cour divisionnaire. La décision que vient de rendre le juge en question provoque une amère déception pour l’ensemble de la communauté du Canton de Champlain, indique André Chabot porte-parole d’Action Champlain. «Action Champlain a épuisé tous ses recours. La bataille est désormais dans le camp de toute la communauté, qui doit maintenant se mobiliser pour faire passer son opposition au projet de Colacem à un autre niveau, celui d’exercer des pressions politiques auprès des représentants des gouvernements municipaux et régionaux et surtout auprès des gouvernements fédéral et provincial. Il faut faire en sorte que ça devienne l’enjeu majeur des prochaines campagnes électorales.»
C’est vrai que les prochaines élections ontariennes n’auront lieu qu’en juin 2022, mais il y a fort à parier qu’il y aura possiblement un scrutin fédéral cet automne.
Le député fédéral de Glengarry-Prescott Russell, Francis Drouin et son homologue provinciale Amanda Simard ont maintes fois répété qu’ils appuient personnellement la cause d’Action Champlain depuis le début. Cependant, les choses sont un peu plus compliquées que ça, affirme Francis Drouin. «À moins d’avis contraire, pour toutes sortes de raisons cette affaire n’est pas du ressort du ministère fédéral de l’Environnement. Ça se pourrait qu’il y ait une demande de permis fédéral, mais c’est loin d’être une certitude. C’est plutôt de compétence provinciale.»
À l’instar d’André Chabot, il suggère aux membres de la communauté d’exprimer leur opposition au projet de Cimenterie en écrivant des lettres au nouveau ministre provincial de l’environnement David Pacini. Le député fédéral ajoute «qu’on veut s’assurer que tous les détails de la décision du TAAL soient basés sur des faits et non pas sur des données erronées. Le processus en place fait en sorte qu’il faudrait possiblement s’adresser au tribunal provincial de l’environnement pour soumettre une plainte. Je travaille dans ce dossier avec Amanda Simard parce qu’il y avait des ambiguïtés, des erreurs. Oui il faut faire des démarches dans l’espoir que le permis de Colacem soit révoqué, mais c’est loin d’être gagné d’avance.»
Si André Chabot reçoit comme une douche froide les propos du député fédéral de Glengarry-Prescott-Russell, il affirme que ce n’est pas encore le temps de baisser les bras. «Rien ne change le fait que ce projet de cimenterie contre lequel nous nous battons depuis plusieurs années aura un énorme impact sur la qualité de vie de notre population. C’est désormais nos élus qui doivent mener cette bataille-là. C’est le mandat que leurs commettants leur donnent. Amanda et Francis travaillent de près présentement parce que pour elle c’est important que son homologue fédéral gagne sa prochaine élection, car l’an prochain ce sera à son tour de briguer les suffrages au scrutin provincial. Les deux élus doivent mettre tous leurs efforts en commun pour assurer la protection de notre avenir.»
«Nous remercions la communauté qui nous a appuyés dans nos démarches et passons le flambeau aux élus qui savent trop bien –que le changement climatique est un des enjeux environnementaux les plus importants de notre temps. Pour réduire nos émissions à effets de serre par 40 à 45 % d’ici 2030, il faut arrêter cette cimenterie aujourd’hui», affirme Action Champlain dans un communiqué.