Une chose est claire, c’est que le germe de l’engagement, si cher à Laure Gaudreault, pionnière de la défense des droits des institutrices, a poussé chez Mme Lemay-Fournier, enseignante au préscolaire. Fière bâtisseuse des premières classes de maternelle maison (4 ans), elle était de ces enseignantes qui ont fait l’école dans les salons de mères au foyer avec leur petite valise et leur matériel, qui ont eu jusqu’à 45 élèves par jour (un groupe le matin et un l’après-midi) et qui ont porté des projets novateurs à bout de bras.
Après la naissance de son fils, elle obtient un poste temps plein à l’école Saint-Martin-Dansereau de son village, poste qu’elle occupera durant 32 printemps. «Je rêvais de vivre la maternelle temps plein!, se remémore celle qui s’est dit aux anges d’enseigner aux enfants durant une journée entière. Elle y laissera sa marque autant par son engagement comme représentante syndicale que par son amour inébranlable des enfants. Généreuse en entrevue, on la présente comme «une soie pour ses cocos.»
Aimée et appréciée par ses collègues de travail, cette dame active, professionnelle et impliquée fait toujours partie des membres actifs de l’Association des retraités de l’enseignement du Québec (AREQ) à titre de vice-présidente de conseil sectoriel, une association qui regroupe près de 60 000 membres, dont 1300 pour les Laurentides et une cinquantaine pour Argenteuil. En font partie, des membres en éducation reliés au syndicat de la CSQ, qui y contribue à 0,3% de leur revenu. «Pour moi, l’AREQ c’est une association importante qui a pour but de défendre le mieux-être des personnes ainées, donc j’y siège avec fierté», souligne Mme Lemay-Fournier.
L’AREQ cherche à rejoindre de nouveaux membres plus jeunes. «C’est important de faire du bénévolat, peu importe avec qui on le fait, ajoute-t-elle. Je ne resterai pas à rien faire, même si j’ai le gout de transmettre certaines responsabilités aux autres.» Denise Plouffe a été longtemps son bras droit «pour protéger les intérêts du secteur ouest de la commission scolaire.» Elle est aujourd’hui soulagée de voir l’implication d’une jeune nouvelle retraitée, Danièle Daoust, enseignante en maternelle de l’École Saint-Julien, à titre de responsable substitute. Remplacée le 12 mai par son prédécesseur de 83 ans à la fondation, elle s’inquiète de l’effritement de l’engagement de ses pairs et souhaite réanimer le désir des retraités aux bienfaits de donner son temps.
Les bienfaits
«C’est souvent en situation de crise que l’on voit émerger de grands changements et de belles solutions, souligne-t-elle. La pandémie n’a pas eu que du négatif dans nos vies. Elle nous a permis d’évoluer. Veut, veut pas, il a fallu nous mettre à jour dans le monde virtuel.» Décidée et rassembleuse, à titre de présidente, et épaulée par son équipe, elle a aidé ses membres par le biais de formation virtuelle à jouer avec les nouvelles plateformes pour rester en contact les uns avec les autres. L’équipe n’a pas hésité à appeler chacun des membres pour les inciter à participer aux formations qui pouvaient rassembler non moins de 20 personnes à la fois. «Ça a fait un boum extraordinaire! On n’avait pas le choix de progresser là-dedans», indique celle qui n’avait elle-même pas touché à ces types de plateformes avant la pandémie. C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés 69 à l’assemblée annuelle virtuelle en mars dernier. « Un record! », se réjouit-elle.
L’AREQ permet depuis plusieurs années de rassembler les membres autour d’une bonne table afin aussi de recueillir des dons pour venir en aide à la communauté. En plus de leur permettre de rester actifs ensemble, elle offre aussi plusieurs services aux membres ainsi que certains rabais. Cette année, 550$ ont été offerts à la banque alimentaire de Lachute et 400$ à la Fondation pédiatrique de Lachute par les membres d’Argenteuil. Avec les rassemblements défendus, elle avoue avoir eu plus de difficultés à recueillir des dons depuis un an, mais elle demeure positive face à l’avenir.
Marcelle Lemay, fièrement vaccinée, désire profiter de ses petits-enfants et, déménagée à Hawkesbury depuis quelques années, souhaite le retour à la vie normale le plus rapidement.