Transformer nos sociétés par l’éducation? Un changement s’impose

Transformer nos sociétés par l’éducation? Un changement s’impose

 C’est avec un esprit totalement imprégné des puissantes paroles écrites de la main de Michelle Obama dans son autobiographie intitulée : Devenir , que je me joins à elle afin de faire un plaidoyer en faveur de la force transformatrice de l’éducation. Pourquoi parler d’éducation aujourd’hui ? Ce n’est que par l’acquisition d’une excellente éducation que l’on puisse se procurer les instruments nécessaires à la construction d’un pont capable de combler l’écart qui existe entre le monde tel qu’il est et celui que nous voudrions qu’il soit. En l’occurrence, c’est en tant que doctorante en droit des changements climatiques, étant moi-même issue d’un milieu défavorisé, mais pleinement habilitée par le pouvoir de l’éducation, que je m’adresse à vous aujourd’hui. Plus particulièrement, c’est en faveur de l’Autonomisation à l’action climatique (Climate Action Empowerment) qui résulte d’une application effective des articles 6 de la Convention-cadre sur les changements climatiques et de l’article 12 de l’Accord de Paris. Ceux-ci traitent tous deux de l’importance capitale d’informer, de former et d’éduquer l’ensemble de la société en favorisant une vaste coopération internationale dans le but d’atténuer les effets dévastateurs engendrés par la crise du climat. Il se trouve que la semaine prochaine, du 17 au 19 mai prochain, se tiendra la Conférence mondiale de l’UNESCO sur l’Éducation au développement durable. Pandémie oblige, cette dernière se tiendra sous forme de conférence virtuelle et sera l’occasion pour les quelque 800 décideurs œuvrant dans le domaine de l’éducation d’attirer l’attention de l’opinion internationale aux défis du développement durable. Ceux-ci incluent particulièrement la crise climatique et sanitaire dans laquelle nous sommes plongés, la perte de biodiversité qui s’accélère continuellement ainsi qu’une panoplie d’autres défis environnementaux qui font désormais partie de notre réalité quotidienne. Cette conférence traitera du rôle crucial de l’éducation au développement durable (EDD) qui est essentielle à l’acquisition des connaissances, des compétences, des attitudes et des valeurs requises pour faire face au marasme climatique dans lequel nous sommes embourbés . Or plusieurs recherches semblent indiquer que bien que le Canada possède un excellent système d’éducation, il n’en demeure pas moins que la très grande majorité de nos enseignants avouent ne pas posséder les connaissances suffisantes à l’enseignement de l’EDD. Ils affirment également ne pas disposer du temps et des ressources nécessaires afin de s’acquitter de cette responsabilité. Des chercheurs canadiens ont révélé que certains manuels présentent les effets du réchauffement climatique comme étant positifs. Il y serait fait mention, entre autres, du fait que le passage du Nord-Ouest s’ouvre à la circulation maritime et que notre capacité à produire certains biens agricoles soit à la hausse. Bien qu’il est possible que cette information soit juste, le problème est qu’elle n’est pas comparée à l’ensemble des effets négatifs qui résultent du réchauffement climatique. La réalité étant que les effets négatifs dépassent de loin les effets positifs. Les chercheurs continuent en nous offrant l’exemple d’outils pédagogiques proposant la lecture d’un texte rédigé par Friends of Science qui a la réputation d’être un organisme climatosceptique. Ils enchainent ensuite en nous indiquant que certains étudiants prennent part à des débats sur les causes possibles des changements climatiques alors que les cours de science devraient se concentrer à enseigner les faits sur lesquels la communauté scientifique s’accorde universellement. L’Autonomisation à l’action climatique cherche à faire circuler l’information et à favoriser l’éducation de tous face à la menace grandissante des changements climatiques. Pour y arriver, il faudra choisir de faire de l’éducation une priorité, au même titre que la nourriture ou les soins de santé. Il faudra suivre les recommandations d’une multitude de rapports qui invitent les pays à bâtir la capacité des enseignants. Plus que tout autre chose, il faudra continuer à développer des programmes qui permettent aux jeunes d’acquérir non seulement une éducation qui leur permette de mettre au point les innovations technologiques nécessaires à la survie de la planète, mais également une éducation capable de modifier leurs modes de pensée, leurs choix et habitudes de consommation. Heureusement, ces havres d’espoir existent. Notons particulièrement que des dix écoles canadiennes du réseau des écoles associées de l’UNESCO ayant participé à un projet pilote qui visait la mise en œuvre d’une approche scolaire globale et des initiatives en action climat, 8 d’entre elles étaient des écoles québécoises. N’oublions surtout pas qu’en tant que parents, nous sommes les premiers éducateurs de nos enfants. Après avoir enseigné plus de 26 ans au sein d’une école primaire, en tant que maman et grand-maman, j’ai été témoin du fait que les enfants apprennent beaucoup plus par la teneur des gestes que nous posons que par les paroles que nous leur adressons. Supportons les changements qui s’imposent dans le secteur de l’éducation aux changements climatiques en vue du développement durable, et ce, de la maternelle à l’Université pour un monde meilleur aujourd’hui et demain! 

 

Isabelle Lefebvre, LL.M. 

Doctorante en droit des changements climatiques, Clarence-Creek 

 

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