Lettre de la rédactrice en chef

Lettre de la rédactrice en chef

Je m’en rappelle encore, comme si c’était hier.  Printemps 1997, je crois.  Les dates, ce n’est pas ma force.  Apprécier les moments de grâce, ressentir, travailler ma mémoire à long terme, me rappeler des visages, oui.  Je m’en empreigne.  Je les ressens. Je les vis.  J’étais dans le bureau de François Legault, le directeur de l’information pour la Compagnie d’édition André Paquette.  Je désirais un stage en journalisme pour compléter mon Bac en Animation et recherche culturelle de l’UQAM, profil communication.  Il m’avait demandé : « où te vois-tu dans cinq ans? »  Je lui avais répondu : « probablement dans ta chaise ».  Il fallait un peu de gueule.  Du haut de mes 23 ans, j’ai passé par la suite mes trois plus belles années en milieu professionnel, avant d’avoir mon 1er garçon le 17 janvier, le lendemain du bogue de l’an 2000 et de quitter pour d’autres projets. 

Feu André Paquette, qui débarquait sans crier gare dans la salle enfumée des journalistes (les dernières années de la cigarette en milieu de travail!), sa fille Marie-Andrée et sa chambre noire qui m’attirait comme un sac de bonbons sur un comptoir pour un enfant, Richard Leduc, le gars de l’actualité à L’Argenteuil, les Hawks et son entraineur Shawn Camp, qui s’était incliné en finale de la Coupe Fred Page dans les maritimes sont des souvenirs marquants… 

Je pourrais devenir un peu fleur bleue et me dire : « c’était les belles années »…  Mais non, je suis de mon temps, du temps présent. Il est primordial pour moi de mordre dans la vie et d’en savourer chaque bouchée.   

Moins de 25 printemps plus tard, je prends le siège de mon mentor avec l’humilité d’une femme qui a encore beaucoup à apprendre et qui aspire, auprès de mon nouveau patron Bertrand Castonguay, a exercé mon leadeurship pour faire face aux défis que représentent les journaux locaux, d’autant plus ceux en français dans une province de plus en plus anglicisée, à l’aire du développement numérique et de la Covid-19. J’ai été patronne durant les 13 dernières années de ma vie et je connais l’angoisse des nuits trop courtes.  

Je suis heureuse de me retrouver parmi vous et d’apprendre à vous connaitre.  Je suis du secteur Argenteuil depuis ma naissance, j’y connais chaque carrefour et j’y suis attachée intrinsèquement, mais traverser le pont Perley (oups! Le pont du Long-Sault), ne me fait pas peur.   

J’ai envie de bâtir avec vous, avec la jeunesse franco-ontarienne et celle québécoise aux abords de notre majestueuse rivière Outaouais, une magnifique histoire d’amour.  Je commence donc avec un concours s’adressant à elle afin d’en apprendre davantage.  Qui sont ces personnalités d’ici, mortes ou vivantes, que vous voulez célébrer?  J’ai besoin de toute la communauté pour les encourager à nous écrire un texte à saveur journalistique afin qu’une personne de cette jeunesse puisse faire sa 1re parution dans le journal Le Carillon et dans le journal de sa région.  Ils pourront à leur tour dire à leurs petits-enfants, mon premier texte est paru sur un journal papier, livré par des gens de ma communauté à la porte de ma maison (beau travail mon Gilles, lâche pas !).  Tout comme j’ai été dans les dernières à apprécier le montage d’un journal à l’ancienne avec appareil photo géant, sur des Mac gros comme un petit melon d’eau, au début des QuarkXPress et Indesign de ce monde. 

Aux lendemains de la Semaine internationale des droits de la femme, je suis fière d’être la première rédactrice en chef de la compagnie EAP et souhaite que ce monde soit imprégné autant de la douceur maternelle que de l’intelligence vive des femmes d’ici.  Tout comme celles qui travaillent dans l’ombre, mais -oh! combien vaillantes !-, ces abeilles qui chez nous s’appellent Nicole et Carole, à l’accueil de nos deux bureaux de Hawkesbury et de Lachute, bien avant que j’y entre. 

Au plaisir de faire votre connaissance! 

Mylène Deschamps 

Partager cet article